QUATRE-BORNES WARD 4 : Les habitants las des rues truffées de nids-de-poule

Avenue Berthaud, La-Source, La-Louise, Palma… Ce sont entre autres les quartiers faisant partie du Ward 4 de Quatre-Bornes. Si chaque endroit a des besoins spécifiques, les habitants décrient tous un problème commun : les rues de plus en plus défoncées créant des flaques d’eau boueuse en temps de pluie et encombrant grandement les piétons comme les voitures. Autre problème décrié à Palma : le passage d’un Minor Natural Drainage Path sur des morcellements alors qu’une habitante décrie la manière dont les permis de construire sont accordés par la mairie.

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C’est par un temps pluvieux que Le-Mauricien à La-Source qui abrite le Hindu Tamulall Siva Soopramaniar, plus communément connu comme Kovil Montagn ou Legliz Montagn. Ce temple, érigé au pied de la montagne Corps-de-Garde, drapée ce jour-là par le beau voile de la brume, invite l’âme à une ascension spirituelle. Les habitants s’affairent à leurs rituels quotidiens.

Des voitures et des motos freinent à la vue de nids-de-poule remplis d’eau boueuse. La gérante d’un petit commerce, une habitante de l’endroit, dit ne plus compter les chaussées abîmées : « bann sime ekstra kase partou dan La-Source, kouma sorti ou trouv trou ». Outre ce désagrément, elle invite sa belle-mère à se livrer sur le problème de transport public.

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« Nou ena enn gro problem bis. Enn sel bis pase sak inerdtan pou al Port-Louis ek Rose-Hill. Pou al Quatre-Bornes, pena bis ! Zis merkredi ek samdi, gagn bis pou al lafwar Quatre-Bornes. Pena bis pou al Candos, bizin pran taksi ». La gérante de la boutique ajoute que sa belle-mère étant âgée et n’étant pas bien mobile, n’a pas de facilité de transport pour se rendre à l’hôpital de Cancer à Phoenix. Elles disent espérer que le transport public soit plus accessible à La-Source.

Quant au service de voirie, elles auraient souhaité que le ramassage d’ordures se fasse à raison de deux fois la semaine au lieu d’une seule fois. « Parfois, quand il y a un jour férié, ils ne passent pas et ce n’est que la semaine qui suit qu’ils viennent », dénoncent-elles. Les deux habitantes ne cachent pas que le problème de drogue affecte leur quartier et pose un problème d’insécurité.

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Une autre habitante souhaite voir davantage de caméras de surveillance à La-Source. « Il y a de plus en plus d’insécurité d’autant que l’éclairage des rues laisse à désirer. Les lampadaires sont endommagés et lorsque, à la sortie du travail, je rentre chez moi, je dois marcher dans le noir », fait-elle comprendre.

À l’Avenue Berthaud non loin, un boutiquier évoque le même problème de chaussées éventrées. « Juste devant, vous verrez, il y a un arrêt d’autobus et avec les nids de poules qui se multiplient depuis 5-6 ans, les personnes qui attendent le bus sont trempées lorsque passent des véhicules », indique-t-il. Le commerçant nuance en estimant qu’à part ce problème d’infrastructure routière, tout va bien à Berthaud.

Pour cet autre habitant de Berthaud, « il y a des slabs qui bougent et le soir, il m’est difficile d’avoir un bon sommeil car à chaque passage d’un véhicule, le bruit me dérange ». L’installation des drains dans le quartier n’avait pas sa raison d’être, estime-t-il. « Il n’y a pas d’accumulation d’eau ici, même dans ma cour, en temps de fortes pluies, l’eau part. C’est un gaspillage ! Au contraire, cela représente un danger pour les piétons qui peuvent avoir le pied coincé entre les grosses fentes », prévient-il.

Cet homme de 64 ans qui dit connaître l’endroit comme sa poche pour y avoir vécu toute sa vie, déplore par ailleurs le service de ramassage d’ordures. « Ils ne veulent pas ramasser les feuilles vertes. Nous contribuons à travers la taxe et on refuse de ramasser des feuilles ! J’ai dû aller à la municipalité pour déposer une plainte et le lendemain ils sont venus collecter les feuilles ». Il qualifie les 10 ans sans élections de boukou mizer pase ! »

Les habitants de La-Louise, eux, sont constamment confrontés au problème de débordement des routes en temps de pluies. « C’est devenu difficile aujourd’hui pour ceux qui y résident. Enn simp ti lapli, partou inonde. La-Louise enn plas stratezik pou dimounn sirkile me boukou dimoun pe soufer akoz zot magazin ek lakaz pe inonde. MSM ti o pouvwar, zot pa finn fer nanye pou soulaz saban fami-la. Pena okenn sistem drin ek nou remarke ki sa problem-la pe vinn pli grav », alerte une commerçante du coin.

À Palma, précisément à Avenue Crémation, au morcellement Frangipane 1, une habitante, 48 ans, portant un handicap physique, y a acheté son terrain en 2021 et a partiellement complété la construction de sa maison en 2024. Or, à l’achat de ce terrain, personne ne l’avait mis au courant d’un Minor Natural Drainage Path passant là.

Ce n’est que lorsqu’elle fait une demande de Building Permit qu’on l’informe qu’elle ne pourra construire à cause de ce Drainage Path. « Les autorités se réfèrent à ce tracé par une ligne jaune et m’ont fait voir que cette ligne jaune passe sur mon terrain. Pour moi, c’était inconcevable car j’avais pris un prêt bancaire pour acheter ce terrain. J’ai été à la municipalité de même que mon architecte. Ce dernier a eu à modifier le plan de ma maison. J’ai finalement pu construire sur le terrain, mais j’ai dû sacrifier beaucoup d’espace à l’arrière. Je n’avais pas le choix car si je ne construisais pas, où allais-je habiter ? J’ai dû payer à nouveau mon architecte pour la modification du plan », s‘insurge-t-elle. Après la construction de sa maison, la nouvelle habitante de Palma a voulu construire un garage en tôle à l’arrière de sa maison. « Quand nous avons fait le plan, je pensais que le plan comprenait l’aménagement d’un garage. J’avais démarré la construction lorsque la mairie m’a contactée pour me dire que je n’ai pas le droit de construire un garage car cela ne figurait pas sur le plan. Effectivement, quand j’ai vu mon plan, l’architecte avait dessiné une voiture, mais pas la structure du garage. J’ai ainsi fait une demande pour cette construction. Mais, la mairie me fait voir que ce n’est pas possible à cause du Drainage Path. Ce qui me fatigue dans toute cette affaire, c’est que j’ai un voisin où passe aussi le Drainage Path qui a pu construire sa maison sans problème. Ce que je déplore, c’est que j’ai le sentiment de subir une discrimination. Le promoteur du morcellement m’a fait savoir que lors de l’aménagement d’un autre morcellement à côté, il a fait construire une Absorption Pit qui est censée éviter que le Drainage Path passe sur mon terrain. Grâce à cette fosse, les constructions peuvent se faire dans l’autre morcellement. Mais, je n’ai toujours pas eu un Building Permit pour mon garage. J’ai ainsi sollicité un ingénieur pour voir si cette ligne jaune est toujours d’actualité vu la construction d’une fosse. Le promoteur m’a expliqué que lorsqu’il m’avait vendu le terrain, l’actuelle loi sur les Drainage Paths n’était pas encore en vigueur. Mais, moi, j’ai contracté un prêt pour ma maison. J’ai pu construire ma maison, mais j’ai beaucoup perdu car j’ai dû refaire le plan de la maison à plusieurs reprises. Ce qui est ironique aussi, c’est que par temps de pluies jusqu’ici je n’ai jamais vu d’inondation ni chez moi ni chez mon voisin ».

Elle ajoute que trois propriétaires de terrain au moins seraient concernés par ce Drainage Path dans ce morcellement. « Ce que je déplore, c’est que dans le morcellement à côté, il y a inondations en temps de fortes pluies et ils ont eu un permis de construire et chez moi, pas d’accumulation d’eau et pas de permis. Aujourd’hui, cette habitante de Palma dit attendre du nouveau conseil municipal qui sera constitué « qu’il soit juste dans leurs décisions – et non pas donner un permis à l’un et pas à l’autre – tout en prenant en considération l’investissement de la personne et qu’il trouve une solution à ce problème. Si j’avais su qu’il y avait ce problème, en effet, je n’aurais jamais acheté ce terrain. J’ai emprunté près de Rs 5 millions, je demande juste qu’on me donne une solution ! »

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