Pollution : l’urgence de revoir toute la gestion des plastiques

  • Réchauffement climatique : « Pas de volonté politique pour résoudre ce problème » dit Sébastien Sauvage (Eco-Sud)
  • Pavitray Pillay (WWFN) : « La production de plastique en hausse de 4% chaque année »

Le Climate Governance Initiative Mauritius (CGI Mauritius), initiative conjointe du Mauritius Institute of Directors et de HSBC, multiplie les actions pour conscientiser les entreprises et autres acteurs économiques sur l’importance de mettre en œuvre un développement adapté au changement climatique. Une conférence sur le thème Planet vs Plastic, en partenariat avec UN Global Compact Network Mauritius & Indian Ocean, avec le soutien du World Wide Fund for Nature (WWFN) South Africa et d’Eco-Sud, a d’ailleurs mis en lumière l’urgence de la situation.

- Publicité -

Les effets dévastateurs de la pollution plastique sur nos écosystèmes nécessitent une révision urgente de notre gestion des plastiques afin de préserver la biodiversité et la santé de notre planète. Sheila Ujoodha, Chief Executive Officer (CEO) du MIoD et Chairperson du Steering Committee de CGI Mauritius, explique d’emblée qu’« il s’agit de stimuler l’innovation et partager des pratiques exemplaires qui peuvent être intégrées dans le business model des entreprises pour une meilleure réponse au changement climatique. Cette convergence d’idées est essentielle pour avancer vers des solutions pratiques et efficaces qui réduisent notre empreinte plastique et renforcent notre résilience climatique. »

Elle soutient que le MIoD reste engagé à promouvoir la gouvernance climatique comme pilier central de la gouvernance d’entreprise, en travaillant avec des partenaires locaux et internationaux pour catalyser des changements positifs et durables.

Le plastique tue les mammifères et les oiseaux
Luvna Arnassalon-Seerungen, Chairperson de UN Global Compact Network Mauritius & Indian Ocean, affirme que la pollution plastique n’est pas qu’une affaire environnementale mais plutôt l’affaire de tous. Il s’agit d’une menace directe à la vie marine et à la chaîne alimentaire car la majorité du plastique termine dans les décharges. Il soulignerque le recyclage seul n’est pas une solution ; il faut réduire l’usage du plastique sinon d’ici à 2050  « there could be more plastic than fish in the ocean by weight. »

Aujourd’hui le constat est déjà alarmant car la pollution plastique tue les mammifères et les oiseaux et contribue au changement climatique.  « Plastic pollution demand very urgent action from our companies , requires immediate and concerted efforts from all the society », dit-elle.

Pavitray Pillay, Environmental Behaviour Change Practitioner & Manager – Business Development Unit du World Wide Fund for Nature – South Africa, parle de la pollution plastique comme d’un « massive problem » qui affecte la santé humaine, les gaz à effet de serre et tout le fonctionnement de l’écosystème, “it is a huge issue for businesses and economies. Plastic has infiltrated every aspects of our lives.” Pourtant Pavitray Pillay explique que “the plastic problem is solvable and solvable very quickly.”

Le dumping prend de l’ampleur
À ce stade, moins de 1% du plastique est fabriqué à partir de biomasse.  Le plus gros de la production de plastique est utilisé pour les emballages et le drame c’est que très peu de plastique entre dans le circuit du recyclage. Par ailleurs, il y a eu une baisse du nombre de recycleurs, et ce pour plusieurs raisons, moins de produits sont fabriqués à partir de plastique recyclé et il n’y a pas de demande pour utiliser du plastique recyclé, donc 80% des plastiques terminent leur course dans les décharges.

Pavitray Pillay indique que depuis l’an 2020, le monde produit de plus en plus de plastique et la production progresse à un rythme de 4% par an :  « l’impact du plastique est phénoménal et comme il n’y a plus de place dans les décharges donc nous assistons à du dumping illégal qui se répand partout. »

Les dégâts sont immenses, dit-elle, même les oiseaux avalen du plastique « qui se décompose en petits morceaux. Les oiseaux en meurent et même les décès de tortues sont en hausse avec l’ingestion du plastique. Le plastique est tellement omniprésent qu’aujourd’hui on  le voit dans le sang et même dans le placenta. Cela devient un énorme problème. » Dans la foulée, elle invite les entreprises à réfléchir sur le True Cost  de la production de plastique qui entraîne des risques énormes.

Sébastien Sauvage, CEO d’Eco-Sud, dresse un constat sans concession, soutenant que l’on transforme la planète en un espace qui ne pourra plus accueillir la vie.  « Nous sommes dans une situation d’urgence qui peut entraîner des préjudices, d’abord l’urgence environnementale car nous avons dépassé beaucoup de limites environnementales.  Les animaux et êtres vivants meurent parce qu’on ne leur laisse plus d’espace pour vivre. On parle de réchauffement climatique mais on ne sent pas de volonté politique pour résoudre ce problème environnemental à Maurice, » dit-il, et les acteurs économiques restent sur un système « de profits et d’exploitation des ressources » alors que les développements entrepris menacent les zones économiquement sensibles.

En outre, le pays est touché par un problème d’utilisation de l’eau douce et le changement climatique n’aide pas car il acidifie les océans.  Pire, il ne reste que 2% de forêt à Maurice. « On construit, il y a l’érosion de la biodiversité et la surexploitation des ressources. On a perdu nos forêts, nos eaux sont dilapidées et les techniques de pêche ne sont pas soutenables. Le changement climatique n’est pas le premier problème ; le premier problème c’est l’exploitation des ressources et son impact sur la biodiversité, » poursuit le CEO d’Eco-Sud. Lui aussi parle des effets sur la santé humaine, « on vit ce changement dans nos corps avec les pesticides que l’on consomme qui affectent le microbiote intestinal. Nous vivons la perte de biodiversité dans notre chair. »

Il explique que les crises environnementales et sociales que nous affrontons nécessitent une approche radicalement différente, « une approche qui reconnaît la nature comme un sujet de droit à part entière. Modifier notre Constitution pour inclure les droits de la nature représenterait un pas significatif dans cette direction. En accordant à la nature le statut de personne juridique, nous reconnaissons sa valeur intrinsèque et sa capacité à exister, persister, évoluer et se régénérer. Cela signifie également reconnaître que notre bien-être est intrinsèquement lié à celui de la nature. »

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -