Pétards et feux d’artifice : Le grand fracas… avec le 14e mois ?

Va-t-on assister au retour du grand fracas des crépitements des pétards et des feux d’artifice, lors des fêtes de Noël et de la Saint-Sylvestre, cette année ? La question mérite qu’on s’y attarde car il est notoire que cette coutume, destinée à faire du bruit pour éloigner les « mauvais esprits », s’est amenuisée depuis quelques années, les Mauriciens étant nombreux à se résigner à voir leur tradition sacrifiée sur l’autel de l’impact de la crise économique sur leur porte-monnaie. Loin de tirer des conclusions hâtives, mais à la lumière des témoignages que Week-End a recueillis aux quatre coins de l’île et auprès des grandes enseignes, il semble que les pétarades et les feux d’artifices seront plus nombreux à illuminer les rues et le ciel du 31 décembre. Le bonus du 14e mois ne serait pas étranger à ce « retour en force. »

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Cette tradition bien ancrée dans les mœurs mauriciennes depuis des décennies en cette période de l’année est un marché lucratif pour les importateurs et les commerçants de ces produits. Quelle est la tendance cette année ? Un employé du département Marketing chez Wing Tai Chong Ltd, le plus grand commerçant de pétards à Maurice, souligne que « les importations avaient diminué de 50% durant ces cinq dernières années. La flambée des prix de ces produits faisait que nous étions moins enclins à investir. Le tarif d’un conteneur est passé de 800 USD à 2,500 USD, sans compter l’appréciation du dollar. Du coup, les commandes ne sont plus honorées, ce qui crée un déséquilibre sur le marché. Les choses se sont un peu améliorées cette année. »

Même son de cloche du côté d’Irfan Mohamed, responsable des rayons d’un supermarché à Triolet. « Il est encore trop tôt pour faire des prévisions concernant les ventes. En revanche, force est de constater que contrairement à 2021, 2022 et 2023, le supermarché dispose de suffisamment de stock cette année, car notre fournisseur a commandé plus de produits suite à la stabilisation du coût du fret. » Un responsable de Fire Crackers Store à Sainte-Croix souligne également que les ventes devraient être moins moroses, cette fois-ci, malgré la flambée des prix : « On ne s’attend pas à des ventes record, mais en dépit de la baisse de leur pouvoir d’achat, il y a comme une envie de tout faire éclater, au sens figuré, de la part des Mauriciens qui se sont retenus durant ces trois dernières années et qui voudront commencer l’année 2025 sur de nouvelles bases. »

Au centre-ville de Port-Louis, les pétards et feux d’artifice fleurissent déjà en cette période sur les étals des différents types de commerces. Les gens s’accordent à dire qu’ils s’organiseront pour préserver la magie de Noël et de la Saint-Sylvestre, sans pour autant dépenser des sommes astronomiques sur les pétards. Rajesh, qu’on a rencontré à la rue Farquhar, soutient qu’ « on aura un peu plus de sous en cette fin d’année avec le 14e mois, et comme mes enfants, mon épouse et moi-même sont des férus de pétards et de feux d’artifice, on augmentera un peu le budget consacré à cela. » Sa benjamine Reena semble avoir jeté son dévolu sur l’incontournable pétard cerf à Rs 200, en passant par ceux plus imposants à plus de Rs 1,000. À côté d’elle, Juanita, qui était accompagnée de ses deux enfants en bas âge, abonde dans le même sens : « Je ne ferai pas de folies encore cette année, mais disons que mes enfants, qui sont des fans de pétards et de feux d’artifice, méritent de connaître les joies et l’adrénaline de ces grandes détonations qui font partie du folklore local. Pe gagn inpe kass an pliss. Mo pou mett enn mil roupi en pliss pou fer zot plezir. »

Les importateurs commandent deux types de pétards et de feux d’artifice : pour les familles et pour les grands événements. Contrairement aux années précédentes, lorsqu’ils étaient durement touchés par la crise, les hôtels ne comptent pas lésiner sur les moyens à la Saint-Sylvestre pour le passage du Nouvel An. « Nous avons fait table rase cette année et chassons les vieux démons ! Nous proposerons un spectacle tout aussi majestueux que celui offert avant la crise du Covid. Les feux d’artifice éblouiront les touristes, dont beaucoup visitent Maurice pour la première fois », nous confie le directeur d’un groupe hôtelier situé dans l’Ouest. Les plages de Grand-Baie, Pointe-aux-Canonniers et Grand-Gaube offriront, à coup sûr, une vue imprenable sur les feux d’artifice des hôtels qui illuminent le ciel depuis des plateformes sur le lagon. Cette configuration unique crée un spectacle magique, avec les lumières se reflétant sur l’eau, ajoutant une touche de féérie à la soirée.

Quoi qu’il en soit, la prudence s’impose pour limiter les accidents récurrents qui ponctuent chaque année les festivités. Très prisés surtout des enfants, ces feux d’artifice doivent être manipulés avec vigilance et sous la surveillance d’un adulte, d’autant que l’on note depuis quelques années un accroissement insupportable de détonations de pétards pouvant être confondues à celle de bombes artisanales.

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