Le monde des courses hippiques à Maurice traverse une période de turbulence, et la direction que prendra ce secteur se précise de plus en plus : un retour en force du Mauritius Turf Club (MTC) au Champ-de-Mars, mettant fin à la parenthèse de la People’s Turf Plc (PTP) dirigée par Jean Michel Lee Shim, s’annonce imminent, à moins d’un imprévu de dernière minute. Divers éléments, qu’ils soient politiques, économiques ou organisationnels, tendent à confirmer ce scénario en marge des prochaines élections générales. Une annonce est d’ailleurs attendue sous peu du Premier ministre, Pravind Jugnauth. La reprise en main de l’industrie des courses, sous la direction du MTC, se concrétisera bientôt lorsque la Gambling Regulatory Authority lui restituera les clés du pouvoir, ainsi que les conditions qui en découlent. La HRD se trouve en position inconfortable, ayant échoué dans sa mission de faire oublier le MTC au profit du groupe PTP de Lee Shim, à qui l’on avait pourtant offert un monopole sur les courses. L’échec de la PTP au Champ-de-Mars est devenu tellement patent que le gouvernement n’a eu d’autre choix que de revoir sa copie.
Ainsi, Jean Michel Lee Shim, magnat des paris et figure centrale derrière la gestion de la PTP, est largement critiqué pour son impact négatif sur les courses hippiques à Maurice – que ce soit au sein de la communauté hippique, ou sur le plan social et politique. Le mécontentement envers Lee Shim est tel que plusieurs parties, y compris le MTC, refusent catégoriquement toute collaboration future avec lui. Le MTC insiste pour que Lee Shim soit totalement écarté de tout…des paris, de l’importation de chevaux et des autres activités connexes liées aux courses hippiques.
Retour au Champ-de_Mars
Malgré les turbulences, le MTC se refait une santé financière avec la vente de certains de ses actifs, notamment le centre Guy-Desmarais à Floréal, pour un montant de Rs 170 millions. Ce développement permet au club de se préparer pour ce retour au Champ-de-Mars. Le MTC se dit prêt à reprendre les rênes de l’organisation des courses, bien que certains membres internes restent prudents quant à la rapidité de ce retour, estimant qu’une décision après les élections serait plus sage.
Après une campagne systématique, le gouvernement semble désormais déterminé à réhabiliter le MTC et à corriger les erreurs passées. Le Premier ministre a institué un High Powered Committee pour faciliter cette transition, et des discussions approfondies entre le MTC et les autorités gouvernementales ont eu lieu. Bien que le gouvernement n’ait pas encore officiellement admis ses erreurs dans sa gestion catastrophique du dossier, des signes montrent qu’il est prêt à offrir un « tapis rouge » au MTC pour son retour. En parallèle, les autorités sont confrontées à des propositions de la PTP visant à organiser des courses durant tout le week-end afin de renflouer ses caisses, mais cette idée semble être largement rejetée.
Pas de compromis
Avec les élections générales qui approchent, la question d’un retour précipité du MTC au Champ-de-Mars est au centre des discussions mais dès le début des négociations, le MTC a rejeté tout compromis à cet effet. Certains estiment que la reprise de l’organisation des courses par le MTC avant les élections pourrait renforcer sa position auprès du GM et ouvrir un passage pour le gouvernement en vue de faire son Mea Culpa. Cependant, d’autres voix préconisent la prudence, jugeant que le calendrier proposé est trop serré, avec seulement trois samedis disponibles en septembre pour organiser des journées de courses avant la dissolution de l’Assemblée nationale. Autant dire que pour bien d’autres raisons, le MTC doit prendre tout son temps pour relancer la mécanique et éventuellement attendre les résultats des élections.
Sur le plan économique, le MTC réclame Rs 1,7 milliard de dédommagement à l’État et aux autorités locales pour les préjudices subis lors de son éviction du Champ-de-Mars. Cependant, il est probable qu’un « accord global » soit trouvé entre les parties, où le MTC pourrait accepter de revoir à la baisse ses revendications financières en échange de conditions favorables pour la restitution du Champ de Mars. En effet, les bâtiments et les droits de propriété intellectuelle liés aux courses seraient rendus au MTC, lui permettant de générer des revenus pour l’organisation des courses.
Monopole injustifié
Un autre point clé concerne le monopole que détient Jean Michel Lee Shim sur les paris à cotes fixes à Maurice via des communications à distance (SMS). Cette situation, perçue comme injuste par les autres opérateurs de paris, a attiré l’attention de la Competition Commission, qui a ouvert une enquête à ce sujet. Si des irrégularités sont prouvées, cela pourrait renforcer la position du MTC et affaiblir celle de Lee Shim dans le domaine des jeux et paris.
La trajectoire que semblent prendre les courses hippiques à Maurice est celle d’un retour à la gestion du MTC, avec le soutien actif du gouvernement. Cependant, ce retour ne sera pas sans défis. Il nécessitera d’importants investissements pour restaurer la réputation du Champ de Mars et réparer les dommages causés par la gestion controversée de la PTP sous Jean Michel Lee Shim. Le gouvernement pourrait apporter une assistance financière substantielle, dans un contexte économique où la devise semble être que « l’argent n’est pas un problème ».
Enfin, le MTC devra également repenser sa stratégie à long terme, en tirant parti de son expertise et en renforçant sa solidité financière pour faire face à l’adversité et garantir que les courses hippiques retrouvent leur éclat d’antan. Le Champ-de-Mars, plus qu’un simple lieu de courses, représente un symbole culturel et social, et son avenir est étroitement lié à celui du MTC.