Manif contre la prolifération de la drogue : Françoise : « Il préfère se droguer que se nourrir »

On aurait pu penser qu’une certaine catégorie de la population se retrouverait plus que d’autres au rang des victimes de la drogue. Loin de là, car au gré des témoignages recueillis, hier, on ne constate que les fumeurs de drogue synthétique sont issus de toutes les franges de la population.

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Les malheurs de Françoise, qui s’est exprimée sans langue de bois, hier, à la manif, ont ému les participants jusqu’aux larmes. Son fils était un élève brillant à l’école, en atteste la photo qu’elle a brandie, le montrant en toge universitaire après l’obtention d’un diplôme. Mais les choses ont tourné au vinaigre quelques années plus tard. Du jour au lendemain, son fils s’est mû en un consommateur invétéré de drogue synthétique. Elle confie son impuissance à le ramener sur le droit chemin : « Mwa ek mo mari nou pe lite pou tir li ladan, me sa ladrog-la inn finn ronz-li. »

Au Plaza, avant qu’elle ne livre son témoignage au micro, Françoise apprend de la bouche de son mari que son fils a fait une chute d’un arbre : « Il passe son temps à grimper aux arbres pour cueillir des fruits qu’il revend pour s’acheter sa dose quotidienne. Il préfère se droguer que se nourrir. La mo’nn aprann ki li’nn tome. Mo bizin ale. Je suis désemparée. »

Les familles sont déchirées, et l’avenir de toute une génération est en péril. Une tâche herculéenne attend le nouveau gouvernement dans son combat contre la drogue. Au-delà des propositions faites par le Kolektif 420 autour de la question de la légalisation du cannabis, la question d’un soutien psychologique aux parents englués dans cette spirale infernale serait fort louable…

Bruno, habitant de Pointe-aux-Piments : « Mon fils est tombé dans le piège »

Le trafic de drogue ne tombe pas du ciel. L’éradiquer n’est pas une mince affaire. Il prospère désormais dans de nombreux villages, vantés il n’y a pas si longtemps pour leur qualité de vie et aujourd’hui « gangrené ». Des habitants du Nord de l’île étaient présents à cette marche pacifique. Sous ses airs paisibles, le village de Pointe-aux-Piments n’échappe pas à ce triste constat. Pour saisir l’ampleur de la prévalence de la drogue dans ce village, il suffit d’écouter le témoigne de Bruno, dont le fils est plongé dans l’enfer de la drogue synthétique depuis quelques années.

« La prolifération de la drogue synthétique dans le village est un phénomène qui est aux antipodes de ce que les habitants du village ont connu plus jeunes. Hélas, mon fils, âgé de 27 ans, est tombé dans le piège. Il fume de la drogue synthétique du matin au soir. Ma vie a basculé. Je ne le reconnais plus. Je joue mon va-tout dans une tentative désespérée de le sortir de la nasse, mais peine perdue. Je me suis rendu au centre de méthadone de Sainte-Croix, cette semaine, pour y inscrire mon fils, mais on m’a dit qu’il y avait une liste de 3 000 demandes avant lui. Je suis désemparé », souligne Bruno.

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