- Visite surprise de la ministre Ariane Navarre-Marie
Le Centre de créativité de Mahébourg, à Pointe-Canon, a pour vocation de permettre aux enfants de pratiquer des activités artistiques. Cependant, cette infrastructure située en bord de mer fonctionne au ralenti, voire a été carrément à l’abandon ces dernières années. La toiture est abîmée et l’eau suinte de partout. Le personnel déplore un manque de moyens pour pouvoir organiser des activités comme il se doit.
À quelques pas du Monument aux Esclaves, à Pointe-Canon, se dresse le Centre de créativité de Mahébourg. Cette infrastructure, en bord de mer, avait été mise sur pied en 2001, alors qu’Ariane Navarre-Marie était ministre, pour permettre aux enfants de la région de pratiquer des activités artistiques. Il y a même des dortoirs pour permettre d’effectuer de longs séjours sur place. Le modèle a été inspiré de celui du Bal Bhawan, en Inde. Une formatrice indienne, en la personne de Madame Shaw, est même venue enseigner différentes techniques artistiques au personnel.
Toutefois, valeur du jour, le Centre de créativité de Mahébourg tombe en ruines. La toiture est abîmée. Le grillage a été enfoncé à plusieurs endroits. Les toilettes des garçons sont inondées en pleine sécheresse… Ariane Navarre-Marie, qui veut comprendre comment on en est arrivé là, pose de nombreuses questions. Elle précise toutefois : « Nous ne sommes pas là pour critiquer votre travail. »
Et les éléments de réponse ne tardent pas à tomber : « Nous avions une ministre par le passé qui n’a jamais mis les pieds ici », indique une préposée. Cette dernière relate également que le centre manque cruellement de matériel et d’équipements pour pouvoir accueillir les enfants pour les activités. « Par exemple, nous pouvons enseigner la poterie, mais nous n’avons pas de matière pour travailler. Nous en avons demandé, mais nous n’avons pas reçu », poursuit-elle.
Au bout du compte, les quelques enfants de la région ou écoles qui y emmènent leurs élèves se retrouvent à faire du coloriage la plupart du temps. Même la salle de lecture affiche très mauvaise mine. Il y a à peine quelques livres posés sur les étagères. Le constat à l’étage du bâtiment est encore plus accablant. Il règne une chaleur étouffante dans les dortoirs. Les matelas sont empilés, les lits superposés entassés…
La grande cour avec vue sur mer n’est pas mieux. À différents endroits, le grillage donnant sur la mer a été défoncé. Ce qui met en péril la sécurité des enfants fréquentant le centre. Mais pas seulement. « Il y a des mangues et des fruits de cythère dans la cour. Des drogués viennent voler ces fruits et c’est dangereux pour nous », se plaint une employée.
À la fin de la visite, Ariane Navarre-Marie promet de faire le nécessaire pour redonner vie au Centre de créativité de Mahébourg. « Je suis très triste de ce que j’ai vu aujourd’hui. Ce centre est dédié à tous les enfants de la République pour qu’ils viennent exprimer leur créativité et s’épanouir. Il y avait une salle de lecture, une salle d’écriture, une salle de théâtre… Aujourd’hui, tout est à l’abandon. Cela fait dix ans que c’est dans cet état », dénonce-t-elle.
Elle ajoute que c’est malheureux, car pendant ces dix ans, les enfants n’ont pu profiter de ce centre. « Il y a une bibliothèque, mais il n’y a pas de livres. Il y a des salles d’activités, mais il n’y a rien. C’est dommage. » Elle salue toutefois le personnel, « de bonne volonté », qui continue à faire son travail en dépit de ces conditions. « Nous avions ouvert ce centre sur le modèle de la maison des enfants, en Inde, le Bal Bhawan. Malheureusement les enfants ne peuvent en profiter. Le personnel a été formé, mais n’a pas de matériel, ni d’équipement. »
La ministre dit avoir également effectué une visite au Centre de créativité de Pointe-aux-Sables. « Ce centre aussi a été construit sur le modèle du Bal Bhawan, mais malheureusement il est aujourd’hui fermé, étant dans un état de délabrement. » Elle précise que ces visites s’insèrent dans la vision du développement intégral des enfants mauriciens. « Nous préparons un plan d’action pour la protection et le développement des enfants. La réouverture de ces centres de créativité va dans ce sens. Et nous espérons qu’il y aura encore plus de centres de ce genre », promet-elle.
Elle indique que le ministère travaillera en collaboration avec différents Stakeholders, dont les députés de la circonscription et les collectivités locales, notamment, pour remettre à jour le Centre de créativité de Mahébourg. À ce sujet, le député Tony Apollon, qui est derrière cette visite, a tenu à remercier la ministre d’avoir réagi rapidement pour venir faire un constat de la situation. « Étant un habitant de Mahébourg, je suis triste et révolté devant cette situation. Je souhaite que tout le monde se mobilise pour que ce centre soit vivant à nouveau. Nous avons le privilège d’avoir un tel centre ici et, surtout, sur un site extraordinaire, relié à la mer. Je remercie la ministre pour ce qu’elle fait pour les Mahébourgeois. Je souhaite que la prochaine fois, nous aurons un grand sourire quand nous viendrons ici. »
Le député Kevin Luckeeram a lui aussi qualifié le centre de bijou pour la circonscription Mahébourg/Plaine-Magnien (No 12). « C’est dommage que l’ancien régime ait délaissé cette infrastructure. Comme le gouvernement a déjà pris l’engagement de redresser le pays, nous allons faire revivre cet endroit », dit-il.