Il y a treize ans, Maurice vivait un triste épisode de son histoire. Les émeutes de février 1999, sur fond communal, nous ont forcé à reconnaître la fragilité de la nation arc-en-ciel. Treize ans après, le communalisme reste une menace omniprésente dans notre société. Ces derniers temps, plusieurs facteurs politiques et sociaux, ont renforcé le sentiment auprès de l’opinion publique que tout ou presque, y compris la fourniture d’eau, est communalisée. Les nerfs à fleur de peau, la société mauricienne ne tardera pas à exploser si des pyromanes persistent à jouer avec le feu communal…
Depuis que la réforme électorale monopolise l’actualité politique, la question de l’abolition du Best Loser System (BLS) est devenue un sujet de préoccupation dans les débats à l’agenda sur différentes plate-formes. Si le BLS suscite autant d’intérêt et de questionnements, c’est parce qu’il est intimement, voire délicatement lié à un autre sujet tout aussi sensible qu’est l’appartenance communale. Le Mauricien, vivant dans une société multiculturelle qualifiée de nation arc-en-ciel, n’est pas indifférent à ce qui se rapporte à la communauté. Depuis plusieurs semaine déjà, chacun, pour ou contre, déploie son analyse sur le BLS et défend son discours. Les partis politiques de tout bord ne peuvent que tirer avantage de cette situation en observant et écoutant attentivement les arguments formulés tant par la société civile que par des représentants influents des différentes composantes de la population. Ils ont trouvé là un bon moyen de tâter le pouls des Mauriciens sur l’idée d’une réforme électorale. Mais la question du BLS a eu aussi pour effet de ramener en surface des sentiments et des réactions quasi semblables à ceux que l’on a pu constater pendant la campagne électorale de 2010, durant laquelle les interventions politiques étaient empreintes de communalisme. Après avoir joué avec le feu et gagné les sentiments (sinon les votes) en attisant la braise communale, les politiques, aujourd’hui, assurent qu’ils ont à coeur l’unité nationale. Pourtant, il est un fait qui ne peut être dénié : le tissus social mauricien est fragile. Aujourd’hui, plus que jamais sans doute, sa fragilité est tangible. Il suffirait d’une petite étincelle pour que Maurice s’embrase. Actuellement, ce ne sont pas des pyromanes qui manquent ! « Mais beaucoup pensent différemment et sont convaincus que nous avons des soupapes de sûreté », déclare Cassam Uteem, alors président de la République au moment même où le pays traversait des émeutes en 1999. Mais, si l’harmonie sociale peut être considérée comme la force du pays, paradoxalement, elle est aussi sa faiblesse…
LES NERFS À VIFS: La société mauricienne ne résistera pas au dérapage communal
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