L’électricité en climat de canicule : L’envolée vertigineuse

  • Un palier historique franchi le 22 janvier, la consommation grimpant à 545,7 Mégawatt (MW)
  • La dépendance aux turbines à gaz : risques opérationnels et financiers

L’envolée vertigineuse des températures estivales s’accompagne de records au niveau de la consommation électrique qui a franchi un palier historique le 22 janvier, grimpant à 545,7 MW, vers 21h. En difficulté à cause d’une demande en électricité en constante hausse, le Central Electricity Board (CEB) risque de souffrir de sa dépendance croissante aux turbines à gaz, à long terme, car au-delà des risques opérationnels, le recours à ces dispositifs d’urgence alternatifs, convertissant l’énergie du gaz en énergie mécanique, met à mal sa situation financière déjà pas fameuse. 

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Le pays est en proie à des températures élevées, oscillant entre 28° et 35°C, pendant que le thermomètre flirte avec les 36°C dans certains villages de l’Ouest. Et on n’est pas au bout de nos peines, à en croire les services météorologiques de Vacoas qui soulignent que cette période caniculaire pourrait durer jusqu’à fin février. Les vagues de chaleur ont modifié les habitudes de consommation de la population, entre lumières allumées derrière les volets clos, électricité consommée par les ventilateurs ou les climatiseurs, et les douches tièdes ou à répétition pour réussir à se rafraîchir. Les climatiseurs sont les principaux coupables de la hausse de la consommation d’énergie en été (jusqu’à 7kWh par heure, soit  jusqu’à 70% de la consommation d’un foyer pendant les mois estivaux.) Cette consommation très au-dessus de la moyenne habituelle n’est pas sans conséquence. C’est la soupe à la grimace, depuis près de trois semaines, dans certaines zones de l’île vivant au rythme des coupures d’électricité et des délestages.

Du jamais vu, diront certains. Et pour cause, après avoir recensé une pointe de la demande en électricité de 508,4 MW le 18 décembre dernier, suivi d’un pic de 528 MW le 8 janvier vers 15h, on a franchi un palier historique le 22 janvier avec la consommation  grimpant à 545,7 MW à 21h. Avant ce record, Maurice avait connu des pics conséquents en 2019 (507 MW) et l’année dernière, à pareille époque, avec 525 MW, et rien ne semble enrayer cette envolée vertigineuse qui place le CEB dans une situation d’extrême délicatesse, contraint de recourir aux turbines à gaz de la centrale de Nicolay – coûtant Rs 17 le kilowatt, contre Rs 6 pour celle issue des moteurs à charbon – pour faire face à l’épineuse question de l’approvisionnement en électricité qui s’est aussi fait avec parcimonie par le biais de turbines roulant à l’huile lourde, à la mi-janvier.

C’est une situation dont se serait bien passé le ministre de tutelle, Patrick Assirvanden, également confronté au casse-tête du stress hydrique. La semaine écoulée aura, d’ailleurs, été particulièrement agitée à l’étage qui abrite le QG du CEB où les petites et grandes réunions, en présence d’officiers de l’Energy Efficiency Management Office (EEMO), se sont multipliées pour décider de la marche à suivre et désamorcer ce que certains observateurs attentifs qualifient de « bombe à retardement » sous forme d’un éventuel « black out », d’autant que certaines sources très avisées nous ont mis au parfum que le CEB opère avec des moteurs vétustes non remplacés depuis des lustres. L’épée de Damoclès plane sur la tête des techniciens et autres cadres de l’instance régulatrice, compte tenu des risques de panne à tout moment.

Prévenir c’est guérir. Certains établissements opérant dans la restauration et le tourisme l’ont bien compris, en entamant une vraie mue pour éviter que des coupures d’électricité intempestives ne fassent fondre leur chiffre d’affaires. Recours à des générateurs, utilisation de l’énergie solaire qui permettent de maintenir une alimentation électrique sans coupure. « Les entreprises hôtelières sont de plus en plus autonomes en matière d’électricité. En tant que restaurateur, la crise énergétique a offert au secteur une incroyable opportunité d’accélérer sa transition vers des sources d’énergie alternatives ou vertes, à un rythme plus rapide », confie le propriétaire d’un restaurant à Cap-Malheureux.

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