Voilà deux semaines depuis qu’une pétition a été lancée en ligne pour tenter de ramener les autorités à la raison. Depuis, une première victoire pour les contestataires, car en plus de la prise de conscience citoyenne sur l’importance du patrimoine naturel, les travaux ont été temporairement suspendus sur le site. Géraldine Joulia-Hennequin est celle qui a lancé l’alerte. Elle avait adressé une lettre à ce sujet au maire de Curepipe, Hans Margueritte, le 27 décembre dernier.
« Nous avons obtenu (à l’heure où nous mettions sous presse) 6 400 signatures en ligne et près de 2 000 signatures en personne. Une fois la barre symbolique des 10 000 signatures atteinte, nous pensons lancer un collectif citoyen, soit les amis du Jardin botanique de Curepipe, pour proposer une feuille de route aux riverains et aux autorités surtout », explique-t-elle. Cette dernière a décidé de monter au créneau face au manque de transparence dans toute cette affaire. « Le plus grave pour moi, c’est que nous, les habitants de Curepipe, n’avons pas été consultés ou informés du projet ! »
Elle souligne, de plus, qu’il est choquant qu’à ce jour, « ni le Jardin botanique de Curepipe ni celui de Pamplemousses ne sont inscrits officiellement sur la liste du National Heritage Fund (NHF). » Une telle reconnaissance de l’État aurait, selon elle, permis d’établir des règles claires pour la bonne gestion et la préservation de ces patrimoines botaniques historiques. Géraldine Joulia-Hennequin s’interroge aussi sur le rôle du ministère de l’Environnement, qui semble être déphasé des réalités du terrain « et qui a émis un communiqué pour dire qu’il s’agit de la réhabilitation d’une ancienne plateforme, alors que c’est un mensonge. Il n’y avait pas de plateforme à cet endroit, mais l’ancienne maison du directeur des jardins, M. Bestel. » Face à toutes ces incohérences, elle s’interroge sur « la politique d’embellissement du jardin. »
« Nous lançons aussi un appel au ministère de l’Environnement qui a le droit de dire qu’il s’est trompé, qu’il y a eu erreur d’appréciation. Cela arrive à tout le monde. » Elle souligne, en outre, que le but de cette démarche n’est pas que pour dénoncer, mais aussi pour proposer des alternatives dans la « coconstruction » d’une société meilleure. À cet effet, un collectif citoyen composé d’amoureux du patrimoine, de professionnels en botanique et de paysagistes, entre autres, verra bientôt le jour. « Nous sommes prêts à proposer nos idées aux autorités avec la volonté de faire bien les choses tout simplement. »
Du côté de SOS Patrimoine en Péril, qui soulignait lui aussi les incohérences entre travaux de construction d’un mur de soutènement et construction d’une « religiously platform » (sic), elle réitère sa demande auprès de la NHF. L’Organisation non gouvernementale (ONG) réagit aussi au communiqué officiel du ministère de l’Environnement qui assure que « la valeur historique et culturelle du jardin sera aussi préservée ».
« We will therefore be much grateful if you may liaise with the said Ministry to confirm that this conclusion is that of an objective and independent Visual and Heritage Impact Assessment, which we have also requested your office, as authority in matters of cultural heritage, to carry out. You will certainly agree that such a conclusion cannot be the result of a mere guess work or an opinion and if such is the case, the same cannot be considered seriously », indique Arrmaan Shamachurn, président de l’association, dans une correspondance adressée à la NHF.
De plus, SOS Patrimoine en Péril ne voit pas la raison d’être d’une telle structure dans ce lieu, indiquant qu’elle n’a observé aucune trace d’érosion sur site, ni d’ancienne plateforme. « We cannot understand how this structure can help for prayer sessions. On the contrary, this concrete floor will heat up easily, will provide no shade and will be a health risk to devotees who are normally barefoot. Moreover, if people had to choose a concrete platform for their activities, they would not have opted for a garden », ajoute-t-elle. L’ONG remarque d’ailleurs qu’une simple pelouse bien entretenue avec la plantation d’arbres endémiques aurait suffi pour accueillir les dévots dans un environnement sain et pour garder l’essence, voire la ligne directrice du Jardin botanique de Curepipe.
Il faut, par ailleurs, noter que de nombreuses personnalités politiques ont pris position, dont le chef de file du PTr au Parlement, Arvin Boolell, et les membres du parti écosocialiste Rezistans ek Alternativ.