Avoir l’obligation de réussir en langue française aux examens de School Certifi cate (SC), ne serait-il plus un des critères de base pour être recruté dans la police mauricienne ? C’est la question que se posent depuis peu d’anciens membres de la force. Ces derniers, de la nouvelle recrue au haut gradé, se déclarent outrés par une décision allant en ce sens prise par la Commission des forces disciplinaires publiques (PDFSC)
Dans notre pays qui compte pourtant nombre de gardiens du temple de la langue française reconnus et honorés par Paris, la décision est passée inaperçue. Ce mois-ci cela fait exactement une année depuis que la Public and Disciplined Forces Service Commission n’exige plus qu’on puisse parler et écrire la langue française de manière assez correcte pour pouvoir porter l’uniforme de l’autorité policière.
En effet, si l’on se réfère à l’appel à candidatures lancé le 16 décembre de l’année dernière pour le recrutement, à partir de janvier dernier, de quelque 600 policiers et policières temporaires (Trainees), les éventuels postulants se devaient d’avoir comme qualifi cations académiques de base un School Certifi cate ou un General Certifi cate of Education (GCE) avec, au moins, un pass en langue anglaise et en mathématiques/ ou Principles of Accounts. Aucune mention n’est faite de langue française, alors que, selon d’anciens policiers, c’était dans les critères auparavant.
Beaucoup parmi ces anciens policiers s’interrogent sur la vision étriquée qu’a bien pu avoir la PDFSC. « Certes, reconnaît un des critiques, la langue offi cielle de la République de Maurice est l’anglais. Mais ça c’est le pays offi ciel. Le pays réel, c’est cette île Maurice dans laquelle — après la langue kreol comprise et parlée par toute la population — c’est le Français qui est le plus utilisé partout. Dans les journaux, dans les bureaux et dans toutes les sphères y compris par la grosse majorité des touristes étrangers. Ainsi, c’est incompréhensible qu’au lieu d’inciter nos futurs policiers à aller vers plus d’excellence, plus de perfection, une plus grande ouverture au monde, à étendre leur culture et d’essayer d’acquérir la maîtrise d’autres langues étrangères qui pourraient leur être utiles pour traiter avec les visiteurs étrangers sur les routes et dans les postes, la PDFSC les tire vers le bas. C’est une vision de courte vue. »
Le recul du français dans les critères de recrutement ne serait pas la seule démarche de la PDFSC qui incite à la réfl exion au sein de la police mauricienne actuellement. Il y a également ce qui semble être la radicalisation de cette commission au sujet de l’aspect physique des recrues (es). S’il est vrai que, de tout temps, il n’a pas été permis aux policiers et policières de porter des tatouages, avec le temps une certaine tolérance s’était installée.
Porte fermée aux tatoués
Or, depuis décembre dernier, la commission a durci le ton en précisant dans son appel que « des personnes avec des extensive tatoos sur les parties visibles du corps sont invités à ne pas postuler. » Si dans ce cas précis les mêmes anciens policiers qui pestent contre l’ostracisme envers la langue française semblent, cette fois, en accord avec la commission, ils ne nient pas que l’interdiction de postuler a fait de nombreuses victimes par ignorance. Tant il est vrai que dans même dans les collèges où il y a du career guidance, personne n’avertit jamais les étudiants qui vont se mettre sur le marché de l’emploi qu’un innocent tatouage sur l’avant-bras ou sur le cou vaut une exclusion totale de la force policière…
Il y a néanmoins d’autres policiers, dont certains encore en service, qui trouvent eux que 250 ans après la création de la force policière locale et 50 après l’Indépendance, les règles d’apparence physique et vestimentaire de la police mauricienne sentent encore le rigorisme du colonialisme anglais. Pour ces policiers qui parlent sous l’anonymat, « il s’agit de se demander en quoi un tatouage même extensif mais esthétique — qui, apparemment, ajoute à la masculinité de son porteur — sur l’avant-bras d’un policier diminue aux yeux du public l’autorité que la loi confère à ses fonctions ? » D’autres policiers s’amusent eux à observer que, de nos jours, il y aurait plus de jeunes qui se font tatouer que ceux qui ne le font pas. Et que si la tendance se maintenait, la police se heurtera à terma à un problème de maind’oeuvre. Chez la gent féminine ce sont surtout chez les jeunes fi lles, toutes origines confondues, que la mode aux tatouages ne cesse de gagner du terrain. Pince-sans-rire, un policier fait remarquer que, généralement, les jeunes fi lles adorent se faire tatouer sur les jambes, le cou, les épaules et sur la partie visible des seins. un recruteur devra-t-il un jour conseiller à l’une d’elles de cacher cette partie visible aux yeux des membres de la PDFSC, que les membres du public ne sauraient voir ?