Insultes et agressions en milieu hospitalier — Cri d’alarme du personnel soignant de l’hôpital Victoria

«Halte aux violences ! » C’est le cri d’alarme lancé par les infirmiers et médecins de l’hôpital Victoria, à Candos, après avoir subi, mercredi, aux petites heures du matin, les foudres d’une dizaine de membres d’une famille affligée par le décès d’un proche. Des infirmières se sont retrouvées en première ligne face aux cris, insultes et gestes violents de la part des deux fils du défunt qui ont failli en venir aux mains. « C’est devenu notre lot quotidien. On n’a toujours pas compris ce que la famille nous reprochait pour ainsi s’en prendre nous. On s’est battu corps et âme pour réanimer ce monsieur de 72 ans qui souffrait de graves problèmes cardiaques et d’autres comorbidités », confie un médecin.

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Les professionnels de santé continuent de subir quotidiennement de la violence verbale, qui est souvent le précurseur de la violence physique, soit un effet secondaire inacceptable de l’augmentation des temps d’attente ou de l’exacerbation des émotions attribuables à la douleur chez les proches. L’épisode du 26 février dernier, à l’hôpital Victoria — étayé par des vidéos qui nous ont été transmises par un infirmier— est symptomatique de la montée de l’agressivité qui inquiète les hôpitaux, un facteur supplémentaire qui incite les soignants à quitter ces établissements.

« On voit tous les jours des agressions du personnel, des violences verbales, physiques parfois. Depuis quelques années, il y a une escalade. Les gens sont plus exigeants, moins tolérants, ils veulent tout, tout de suite. On entend souvent dire que les médecins, infirmiers et chirurgiens de qualité ne se trouvent que dans les établissements privés. C’est un leurre. Il y a, certes, des lacunes, mais nous sommes des professionnels », confie un infirmier qui a assisté, impuissant, aux esclandres de mercredi… La goutte d’eau qui fait déborder le vase.

Il était 6h20, lorsque l’alarme sonore et visuelle s’est déclenchée, alertant le personnel soignant sur une urgence médicale. Elle concerne l’état critique dans lequel se trouve un homme de 72 ans, admis la veille au Cardiac Patient Department. « Nous n’avons pas perdu une seconde. Les médecins et infirmiers en service, ainsi que les deux infirmières qui étaient de garde, on accouru dans la salle pour tenter de réanimer le patient qui était totalement inconscient. Devant la salle se tenaient les proches du concerné. Ils étaient une dizaine et donnaient l’impression de vouloir en découdre. Je ne m’étais pas trompé », souligne notre interlocuteur.

Le remue-ménage va vite se transformer en une diatribe, les membres de la famille, dont les deux fils, faisant irruption dans la salle (la porte n’étant pas fermée à clé) pendant que le personnel soignant joue son va-tout dans une tentative désespérée de sauver le patient. « La plus triste c’est qu’au lieu de nous soutenir dans notre démarche de réanimer le malade, ils nous ont mis des bâtons dans les roues en nous invectivant au motif qu’on ne faisait pas bien notre travail. Bon sang, nous sommes des professionnels ! On a gardé notre sang-froid pour mener à bien notre mission, mais le monsieur a malheureusement rendu l’âme », soutient un médecin.

Les choses tournent alors au vinaigre, les noms d’oiseaux, sous forme de menaces, fusant de toutes parts. Dans la vidéo qu’on s’est procurée, on peut lire toute la peur sur les visages des infirmières qui, après avoir tenté de jouer la carte de l’apaisement, au même titre qu’un vigile, ont préféré se taire sous peine d’être pris à partie. À en croire le médecin, ladite famille ne serait pas à son coup d’essai : « Ils nous ont déjà menacés verbalement dans le passé, mais ils ont dépassé les bornes cette fois », confie notre interlocuteur. Là où le bât blesse demeure le fait que la police est arrivée sur les lieux 30 minutes après le début des hostilités. Pire, un seul policier avait fait le déplacement ! Ce dernier a beau eu tenté de désamorcer la colère des proches du défunt, en vain. La tension est montée d’un cran lorsque l’un deux a arraché le document électrocardiogramme des mains d’un médecin qui a dû s’y prendre à plusieurs reprises pour récupérer le papier.

Après leur avoir donné du fil à retordre, la famille a quitté l’hôpital, non sans esclandre. « Sort deor zot pou kone. C’est ce qu’ils nous ont dit, entre autres. On a passé la journée à se demander si des gens nous attendaient à l’extérieur. Si les choses allaient dégénérer. Ça va mal finir un jour. Nous avons un poste de police à quelques mètres de l’hôpital. Comme se fait-il qu’un seul policier s’est déplacé, qui plus est, 30 minutes après notre appel téléphonique ? Cette situation ne peut plus durer. Beaucoup de jeunes infirmiers et médecins envisagent de jeter l’éponge dans ces conditions. Nous lançons un appel au ministre de la Santé et du bien-être, Anil Bachoo, pour qu’il veuille bien revoir les mesures de sécurité » conclut un infirmier.

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