Institutions réformatrices : L’intervention du GM pour « violation » des droits réclamée

Avec l’entrée en vigueur de la Children’s Act 2020, des changements majeurs ont marqué le secteur de la réhabilitation des jeunes. Cette loi, qui a octroyé des pouvoirs considérables aux officiers des Probation Units, privilégie le principe selon lequel l’intérêt supérieur de l’enfant est de rester dans son foyer plutôt que d’être placé en détention. En conséquence, les admissions aux Rehabilitation Youth Centres (RYC) et Correctional Youth Centres (CYC) ont considérablement diminué, pour ne pas dire qu’il n’y en a plus.
Depuis quelques jours, il n’y a plus d’éléments ni au RYC (filles) ni dans la section des garçons, expliquent ces officiers à Le-Mauricien, sous couvert de l’anonymat. Ces fonctionnaires se demandent : « Eski nou pou vey batiman aster ? » Ils mettent en avant « un exercice de transfert qui est anticonstitutionnel et viole nos droits en tant que fonctionnaires. »

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« Depuis 2022, le bureau du Premier ministre (PMO) a régulièrement menacé les officiers du RYC d’un redéploiement, sous prétexte du faible nombre de détenus et de l’intérêt de plusieurs parties pour récupérer les bâtiments du RYC. Cependant, le ministère n’a pas pu procéder à cet exercice de redéploiement, car le centre comptait encore un ou deux détenus », disent-ils. En revanche, font-ils ressortir, « les officiers du CYC n’ont pas été affectés, car ils font partie du personnel de la prison et sont régulièrement transférés entre le CYC et d’autres établissements pénitentiaires. »

Les officiers des RYC se disent « être victimes de discrimination, car nous n’avons pas notre mot à dire sur la façon dont les choses se passent. » Ils exigent « une intervention rapide et immédiate des autorités compétentes, notamment la Public Service Commission (PSC), le ministère de la Fonction publique, des Réformes administratives et institutionnelles, autant que les autres instances concernées. »

Parallèlement, ces officiers réclament la suspension immédiate du redéploiement forcé des officiers des RYC, et l’ouverture d’une enquête approfondie sur l’abus de pouvoir exercé par le ministère et les quartiers généraux de la probation. Car il est essentiel « de garantir que tout redéploiement se fasse dans le respect des qualifications des officiers, conformément aux recommandations du PRB, et d’empêcher l’exploitation des infrastructures publiques à des fins douteuses ». Ces fonctionnaires ajoutent que « nous avons été trahis et réduits au silence ! Mais notre combat ne doit pas être ignoré. Raison pour laquelle nous demandons que l’ensemble de la fonction publique exige transparence, équité et justice, afin de restaurer l’intégrité et le respect des droits des travailleurs du secteur public ».

Un autre aspect qui inquiète ces hommes et femmes : « alors que les officiers du RYC faisaient face à l’incertitude, les institutions de Probation, telles que les Homes et les Hostels, rencontraient un autre problème : leurs Carers contractuels devant s’occuper des enfants ayant des comportements sérieusement perturbés, se sont régulièrement plaints de ne pas être payés selon les termes de leur contrat. Mécontents, ces Carers ont même saisi le ministère du Travail pour exiger le paiement de leurs salaires impayés. Face à cette crise, les responsables de la « Probation ont cherché une solution des plus simples : remplacer les Carers par les officiers du RYC ! Me pa nou rol sa ek nou pa forme pou fer sa nou ! »

Ces officiers du RYC s’appuient sur le fait « qu’un groupe de nos collègues a été transféré vers les foyers de Probation sous prétexte d’un redéploiement temporaire. Mais ils ont vite compris que ce transfert n’était jamais censé être temporaire. Avant même leur arrivée, les Carers sous contrat avaient été informés que leurs contrats allaient être résiliés et que leurs postes seraient repris par les officiers du RYC… De plus, les quartiers généraux de la Probation n’ont entrepris aucun recrutement de nouveaux Carers, que ce soit en contrat à durée déterminée ou en poste permanent. Ce qui prouve que le transfert des officiers du RYC est permanent, contrairement à ce que veut nous faire croire la Permanent Secretary au PMO. »

Ces fonctionnaires font encore remarquer que « nous ne faisons pas partie des forces disciplinées, contrairement aux officiers du CYC, qui sont sous l’autorité du Mauritius Prison Service. Ce transfert a été effectué sans que le ministère ne sollicite l’aval de la PSC, et est donc en violation flagrante du Règlement 25 des Public Service Regulations ! En contournant cette procédure obligatoire, le ministère s’est rendu coupable d’un abus de pouvoir manifeste, remettant en question la légalité et la transparence de cette décision. »

Ils font valoir le fait que « de nombreux officiers du RYC possèdent des diplômes universitaires en Droit, Ressources humaines et Sciences sociales. Le PRB Report 2021 stipule clairement que les qualifications des employés doivent être prises en compte en cas de redéploiement. Or, dans cette opération de transfert forcé, le ministère a totalement ignoré ces qualifications, traitant des officiers hautement qualifiés comme de simples remplaçants pour les Carers sous-payés. »

Outre le souci d’attirer l’attention des autorités sur ces manquements, « cette situation met en lumière une manipulation grave du système, où des officiers du RYC sont utilisés pour masquer les échecs du ministère dans la gestion des foyers de Probation. Le non-respect des procédures, le mépris des qualifications des officiers et la violation des règlements de la PSC sont des atteintes inacceptables aux droits des fonctionnaires et nécessitent une intervention immédiate des autorités compétentes. »

La centrale syndicale GSEA n’est pas épargnée, non plus. « La PS attachée au PMO a immédiatement approuvé cette proposition de transferts des officiers du RYC, avec le soutien de la GSEA, qui représente également les officiers de Probation et dont l’un des membres du comité de gestion est un officier de Probation. Il y a là, clairement, conflit d’intérêts, et la GSEA n’a pas correctement défendu les intérêts des officiers du RYC. Mais elle est plutôt coupable de les avoir maintenus dans l’ignorance de ce plan ! », dénoncent ces officiers du RYC.

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