La grogne provoquée par la hausse des amendes de la NLTA, dont l’une passant de Rs 1 000 à Rs 25 000 pousse à une opération inévitable de Backpedalling
Mauritius Telecom abandonne en 4e vitesse l’augmentation annoncée mardi des tarifs d’internet pour la 5G
Dans le pire des scénarios, Lakwizinn du Prime Minister’s Office ne s’attendait nullement à encaisser deux Own Goals au lendemain de la conclusion des débats sur le budget 2024/25 ou encore à la veille du début officiel de la campagne menant aux prochaines élections législatives. Ainsi, l’Hôtel du Gouvernement est sous le coup de deux embarras politique et populaire de taille, notamment en ce qui concerne deux principales mesures fâcheuses. Deux ministres, et non des moindres, Alan Ganoo, ministre du Transport et membre du Front Bench, toujours prêt à bondir pour soulever des Points of Order en vue de porter le danger parlementaire dans le camp de l’opposition, et Deepak Balgobin, l’étoile montante de la jeune garde du MSM, ministre des TICs et rivalisant avec l’autre Top Chef du conseil des ministres, Avinash Teeluck.
Dans une tentative d’enrayer la mauvaise humeur grandissante au sein de la population, deux situations de Backpedalling majeures sont à l’agenda en cette fin de semaine, la principale concerne la révision à la hausse de la trentaine de Fixed Penalties, par le biais d’un Move anodin, soit de nouvelles dispositions du Road Traffic (Amendment) Bill, figurant déjà à l’agenda des travaux parlementaires. Sans nul doute, ce texte de loi devait être inscrit à l’ordre du jour de la séance de mardi.
Des recoupements d’informations effectués par Le-Mauricien des milieux politiques avisés indiquent que le ministre Alan Ganoo, Mr Point of Order du gouvernement, ferait face à la gronde de ses collègues du conseil des ministres qui contesteraient ces nouvelles amendes, plus particulièrement celle ayant trait à la plaque d’immatriculation passant de Rs 1000 à Rs 25 000. Cette démarche, pilotée par la National Land Transport Authority, institution nullement en odeur de sainteté parmi le public, aurait généré un effet contraire à un Feel Good Factor, s’apparentant à une tentative de Tir Zi, laisse-t-on dans des milieux de la majorité.
La réunion du conseil des ministres du jour devrait, selon des sources avisées, établir un constat et avaliser des mesures de Damage Control, sous la forme d’une éventuelle révision des hausses annoncées de ces amendes Ganoo post-budgétaires. Ces mesures qui impacteront directement les automobilistes sont très critiquées que ce soit dans la rue ou sur les réseaux sociaux ces deniers jours.
En fin de journée hier, des milieux informés laissaient entendre que les discussions ont été chaudes entre les Top Guns du ministère de tutelle et les membres du Top Management de la National Land Transport Authority, notamment le Road Transport Commissioner, KoshiK Reesaul. Ces amendements à la Road Traffic Act, visant à « increase penalties with regard to some offences », affectent une trentaine de Fixed Penalties, qui seront revues à la hausse dans le Fourth Schedule de la loi adressant le non-port de la ceinture de sécurité, les plaques d’immatriculation et l’excès de vitesse, entre autres. Dans la conjoncture, l’augmentation qui fâche non seulement au sein du gouvernement mais aussi dans le public concerne les plaques d’immatriculation avec l’amende de non-conformité passant de Rs 1 000 à Rs 25 000, soit un montant légèrement supérieur au Revenu Minimum Garanti de Rs 20 000, argument électoral majeur dans le camp de la majorité gouvernementale.
Cette majoration de l’amende fait polémique vu que la loi prête à confusion, n’évoquant que les aspects de dimensions et d’espace, faisant l’impasse sur les plaques en acrylique 3D. Dans les milieux gouvernementaux, on laisse entendre que non seulement la hausse pose problème mais aussi les zones d’ombre dans la réglementation. Certains se demandaient comment un Senior Minister de la trempe de Ganoo, se vantant de ses 42 ans en politique avec la profusion de banderoles dans sa circonscription, aurait pu donner le feu vert à une telle ébauche du Road Traffic (Amendment) Bill, en amont de la campagne électorale. Au niveau du ministère de tutelle, l’on s’était lancé depuis ces dernières 48 heures dans une opération Pas Boul alors qu’à la NLTA l’on essayait de Tir Kanet Dan Zwe.
Aux dernières nouvelles hier après-midi, la décision avait été prise que Mr Point Of Order fera le point au Cabinet ce matin et présentera la révision de ces amendes controversées. Parmi les majorations des amendes annoncées dans la version du Road Traffic (Amendment) déjà circulée l’absence d’un certificat de fitness passe de Rs 500 à Rs 1 000 (+100%), les excès de vitesse de moins de 15 km/h et allant jusqu’à 25 km/h restent inchangés à Rs 2 500 et Rs 5 000 respectivement et ceux dépassant 25 km/h passent de Rs 10 000 à Rs 12 500. Pour le non-port de la ceinture de sécurité, les contrevenants paieront désormais Rs 5 000 au lieu de Rs 1 000, soit cinq fois plus. L’amende pour la première infraction concernant les rallyes a été fixée entre Rs 10 000 et Rs 25 000 et pour la deuxième entre Rs 25 000 et Rs 50 000 et Rs 100 000 pour la troisième infraction.
Un autre amendement majeur concerne l’acquisition d’un véhicule. Le transfert de propriété d’un véhicule entre deux particuliers, aucun certificat de gage sans déplacement ne sera requis de la part de la NLTA par le Registrar General.
MT abandonne la hausse des tarifs
L’autre scénario embarrassant, qui est venu brouiller les cartes politiques à l’Hôtel du gouvernement ces dernières 48 heures est l’augmentation des tarifs d’internet mobile annoncée en grande pompe par Mauritius Telecom mardi soir, soit lors de la cérémonie officielle pour le déploiement du réseau 5G à échelle nationale.
Croyant réalisé un grand coup d’éclat en annonçant de nouveaux tarifs 5G, notamment les hausses des packages d’internet prépayés, le Chief Executive Offier de MT, Kapil Reesaul, n’aurait pas eu la main heureuse et aurait été vite rattrapé par Lakwizinn du Prime Minister’s Office (PMO) mercredi, pour avoir gâché le Feel Good Factor avec cette majoration et ce, alors que l’opposition PTr/MMM/ND annonce déjà l’internet gratuit.
Les nouveaux tarifs ont fait croire, au vu des commentaires publics sur la toile, que MT avait augmenté ces prix pour financer la gratuité de l’internet annoncée par le ministre des Finances, Renganaden Padayachy, lors du budget 2024/25 pour les 18 à 25 ans. D’ailleurs, l’ex-CEO de MT Sherry Singh en a parlé lui aussi.
Afin de sortir de cette impasse, le MT de Kapil Reesaul a rapidement émis un communiqué mercredi après-midi pour faire état de l’abandon de la hausse des tarifs, faisant comprendre que « les clients my.t mobile pourront profiter de la 5G au même prix qu’avant ». MT a justifié cette nouvelle position en affirmant l’engouement des clients, « les nouvelles offres sur le réseau 5G à des tarifs promotionnels, soit les tarifs pratiqués sur le réseau 4G ».Un Backpedalling conséquent en marge de la campagne électorale, qui commence à chauffer. Affaire à suivre…