Fondatrice émérite de l’ONG OpenMind — seule institution de services à Maurice complètement dédiée aux soins et à la prise en charge d’enfants et d’adolescents en souffrance psychologique —, Marylène François, ex-journaliste de Week-End, est à pied d’œuvre depuis 2010 pour que la santé mentale fasse partie intégrante de la santé. Ce qui a l’air d’une évidence simplissime a été pourtant la cause d’un combat intense et d’un travail assidu pour que des soins de qualité en santé mentale soient accessibles à tous.
Initiatrice du premier service pédopsychiatrique du pays, Marylène François confie à Week-End « qu’Open Mind est à tout à fait à même de reconnaître :
🔴 l’urgence d’une situation psychosociale avec des retombées catastrophiques sur le vécu social et économique du pays
🔴 La parentalité défaillante en raison des addictions – drogue et alcool – incluant les grossesses précoces avec des jeunes mamans en solo déjà en charge de quatre enfants à 22 ans ;
🔴 la violence inhérente à la promiscuité de logements ne répondant guère au droit humain de base ;
🔴 les divers abus dont sexuels intrafamiliaux encore plus cruellement mis à mal par la défaillance policière, car les libertés conditionnelles de ces abuseurs/pédophiles entraînent encore plus de souffrance en intimidation et la récidive ;
🔴 des enfants scolarisés mais en déscolarisation totale, sans apprentissages encadrés, des adolescents qui vivent leurs vies sur réseaux et se défoulent en violence verbale et physique dans nos rues, et il y a aussi le harcèlement scolaire. »
🔴 Et la criminalité découlant de la pauvre santé mentale… Passionnée et investie comme toujours, elle ajoute : « Il ne faut surtout pas oublier que la situation de pauvreté est le chemin direct à l’humiliation. Un état de fait acquis dès l’enfance en fera un adulte inapte au travail, à l’effort selon ce déterminisme selon lequel sa position sociale est inexorablement liée à la situation socio-économique de ses parents et de son environnement précaire. Un enfant vivant dans des situations de carences émotionnelles et matérielles sera amoindri en développement cognitif. Ce sont là, en version abrégée, ce qu’une simple ONG a pu soulager et reconstruire en 15 ans.
Donc, cela a été réconfortant d’entendre que la santé mentale fait partie du programme du nouveau gouvernement, avec leurs moyens plus adéquats. Le cahier des charges est lourd, mais beaucoup peut être fait, par exemple, instaurer, des Maisons de L’Adolescence à travers l’île, libres d’accès avec des thérapeutes disponibles, en liberté de parole et de soins à la personne en détresse psychologique comme le Dr Christian Simon, pédopsychiatre consultant – expert au Centre OpenMind l’a déjà mis en place à l’île de La Réunion. »
Déterminée, Marylène François conclut en disant : « Il faudrait plusieurs Centres OpenMind à Maurice, dont aussi à Rodrigues, car plusieurs enfants et ados de Rodrigues ont fait le déplacement au cours des années pour venir au Centre OpenMind à Verdun : aux autorités de tutelle de joindre le geste à la parole… »