Éducation Supérieure : Le combat d’un étudiant nigérian à Maurice

Un étudiant nigérian en droit à la Middlesex University Mauritius tire la sonnette d’alarme sur ce qu’il qualifie de négligence institutionnelle et de graves lacunes procédurales compromettant son parcours académique et sa santé. Inscrit en 2021 pour un LLB en Droit avec Relations Internationales, il devait initialement obtenir son diplôme en 2025. Mais juin 2023, il apprend que son visa d’étudiant n’est plus valide et depuis il se bat pour faire entendre sa voix et rétablir ses droits.

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Cette affaire remonte à juin 2023. Noa (prénom fictif) croyait son visa d’étudiant valide jusqu’à la fin de ses études. Or, il découvre, avec stupéfaction, qu’il est expiré depuis mars, soit bien avant la fin de sa formation universitaire. Pris de panique, Noa contacte immédiatement l’International Student Advisor de Middlesex. La réponse est rassurante : il peut voyager sans souci. Mais la réalité le frappe de plein fouet lorsqu’il atterrit à Maurice le 26 juin. À l’aéroport, il est arrêté, interrogé comme un criminel, et contraint de signer un document reconnaissant un « dépassement de séjour » dont il n’avait même pas conscience. « L’université, qui avait pourtant affirmé avoir géré la situation avec le Passport and Immigration Office (PIO), ne m’avait jamais signalé l’expiration de mon visa », déplore l’étudiant.

Renvoyé au Nigeria sans possibilité de retour, il entame une bataille administrative pour régulariser sa situation. Mais là aussi il se heurte à la bureaucratie de l’institution, l’accusant de retarder l’envoi des documents nécessaires. Pendant des mois, il attend. En octobre 2023, un nouveau coup de massue : l’université lui coupe l’accès en ligne. Sans possibilité d’assister à ses cours, sans contact avec ses professeurs, sans ressources académiques, il dit être est dépourvu de son droit de poursuivre sa formation. Pourtant, il affirme avoir payé 6 154,48 livres sterlings de frais de scolarité pour une année.
« Je me sentais trahi. J’avais tout donné pour réussir, et en retour, on m’a tourné le dos », déplore le jeune homme. Alors qu’il tente de rétablir la vérité, l’institution supérieure l’accuserait de « séjour illégal intentionnel ». Une accusation lourde de sens, qui le stigmatise et le réduit à un statut d’« immigré clandestin ». L’étudiant fait aussi ressortir qu’il a été également privé de participation à un concours de plaidoirie en droit européen, un élément clé de sa formation. Officiellement, sa présence physique était requise, mais le concours s’est tenu en ligne. Face à cette pression, l’université lui aurait proposé des alternatives. « On me propose d’abandonner mes études, changer de campus, ou d’accepter un diplôme inférieur », s’insurge-t-il.

Visa expiré et exclusion forcée
Au-delà des conséquences académiques, cette prolongation, dit-il, met en jeu sa santé. « Les délais imposés me causent un stress insoutenable, mettant en péril mon bien-être physique et mental. » L’incertitude financière liée à ces années d’études supplémentaires ajoute à son angoisse, alors qu’il doit assumer des frais de scolarité et de subsistance accrus. En août 2024, son diplôme est rétrogradé d’un LLB à un simple BA en Droit. Après avoir contesté cette décision, il parvient à récupérer son LLB, mais au prix d’une lourde conséquence : il devra désormais attendre jusqu’en 2027 pour achever ses études.
Déterminé à ne pas subir cette injustice, l’étudiant demande que son diplôme soit validé en 2026, une solution qui lui permettrait de limiter les dégâts. « Je suis prêt à aller jusqu’au bout pour faire valoir mes droits. Je ne veux pas de traitement de faveur. Je veux simplement que justice soit faite. On m’a volé deux ans de ma vie ». Le jeune homme, par l’intermédiaire de certains avocats au niveau local, avait déjà écrit à l’ancien Premier ministre pour solliciter son intervention dans cette affaire. Cependant, toutes ses démarches sont restées, jusqu’à présent, lettre morte.

Cette histoire soulève des questions plus larges sur le traitement des étudiants internationaux dans les universités privées à Maurice. Dans un contexte où Maurice cherche à se positionner comme un hub éducatif international, de telles situations risquent d’éroder la confiance des étudiants étrangers dans le système universitaire local.
Avis aux autorités dites responsables.

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