Éducation – Rencontre avec les partenaires : Mahend Gungapersad annonce un Contingency Plan pour la rentrée

Des mesures « urgentes », dont l’élaboration d’un nouveau modèle axé sur la litéracie et la numéracie pour remplacer l’Extended Programme bientôt dévoilées Le ministre aux jeunes : « J’ai besoin de votre soutien concernant les restrictions sur le téléphone portable à l’école »

Le ministre de l’Éducation, Mahend Gungapersad, a réuni les différents partenaires du primaire et du secondaire, à l’auditorium Octave Wiehé, hier, pour un survol de la situation dans les écoles et collèges. Les participants étaient invités à s’exprimer sur les thèmes de l’indiscipline et de la transformation du système de l’éducation. Violences verbales et physiques, Bullying, mauvaise utilisation de téléphones portables, manque de collaboration des parents, entre autres, ont été dénoncés par les participants. Ils ont aussi mis en exergue les faiblesses du système, comme des cursus inappropriés, des manuels ne répondant pas aux besoins des enfants et du manque d’équipements, entre autres.

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Le ministre de l’Éducation a mis l’accent sur l’importance de telles rencontres, avec pour objectif une connaissance approfondie des réalités du système. Il a déclaré qu’il a besoin du soutien de tous pour transformer le système appelant à un changement de mentalité. Il a souligné qu’il est impensable qu’un enfant ne maîtrise pas la Basic Numeracy and Literacy après six années à l’école. « Peut-être qu’il faudra revoir la formation au MIE, afin d’être mieux préparé pour répondre aux défis qui se présentent. Il faut des techniques d’enseignement modernes. Il faut se réinventer », a-t-il fait ressortir.

Il a tenu à remercier le personnel éducatif pour la contribution à former des générations de Mauriciens. Il s’est dit conscient qu’il ne s’agit pas d’une profession facile et a appelé à la collaboration pour la transformation du système de l’éducation et un changement de mentalité. « C’est pour cela que j’ai organisé cette rencontre car vous avez beaucoup à dire et j’ai beaucoup à apprendre », ajoute-t-il.

Sur la question de l’indiscipline, les représentants de la Head Masters’ Union ont suggéré des formations sur la gestion des émotions. Ils ont également suggéré des ateliers de travail pour les parents, afin d’inculquer une culture de la non-violence à la maison. Le retour des Repeaters au cycle primaire préoccupe également les maîtres d’école, car cela peut poser un décalage sur l’âge, par rapport aux autres élèves. Ils ont suggéré des coins séparés pour la récréation, afin de pouvoir mieux gérer la situation.

Protection de l’enfant et discipline

Suttyhudeo Tengur, au nom de la Government Hindi Teachers’ Union, a été catégorique concernant les lois protégeant les enfants, qui sont un obstacle au respect de la discipline. « Aujourd’hui, si vous touchez la joue d’un élève un peu fort, cela équivaut à une punition », constate-t-il, tout en préconisant que la Children’s Act devrait faire provision pour la responsabilité des parents, comme c’est le cas aux États-Unis. « Sous une telle provision de la loi, un parent doit répondre quand son enfant se comporte mal. Il est tenu responsable. C’est son devoir de discipliner son enfant », indique-t-il.

Il va plus loin en souhaitant l’introduction d’un « minimum de force » dans les règlements, comme c’est le cas en Angleterre. « Par exemple, quand deux enfants se bagarrent, il faut bien que quelqu’un intervienne. Il faut donc faire usage de la force. Mais sous nos lois actuelles, cela peut être perçu comme une violence à l’encontre de l’enfant. C’est pour cela que beaucoup n’interviennent pas », concède-t-il.

Au chapitre du système éducatif, il est d’avis qu’il est trop centré sur les examens, ce qui donne comme résultat, 30% d’échecs chaque année, pour ceux qui ont des difficultés sur le plan académique. Il suggère un système semblable au lycée polytechnique ; qui avait été mis sur pied à Maurice par la France, pour les enfants ayant des difficultés d’adaptation.

L’Association of Health and Physical Instructors a levé le voile sur la situation confuse dans laquelle évoluent les Holistic Education Teachers. « Ils doivent enseigner huit programmes différents, soit le PE, la musique, le dessin, Road Safety, le théâtre, la danse, Life Skills, entre autres… Tous ces programmes relèvent de disciplines différentes dont ils n’ont pas nécessairement la maîtrise. En plus, ils ont été recrutés sur la base de qualifications académiques… Pour compliquer le tout, chaque programme est géré par une unité différente »,s’insurge l’association.

Les autres intervenants au cours de la première session ont aussi fait état des manquements au niveau du curriculum. Des critiques ont également été formulées contre les manuels réalisés par le MIE, qui selon les éducateurs, ne sont pas Child Friendly et parfois complexes.

Critère de trois Credits

Au cours de la session de l’après-midi, les partenaires du secondaire ont été invités à s’exprimer sur les deux thèmes à l’agenda. Quelques étudiants avaient également été invités. Auparavant, le ministre Mahend Gungapersad a fait ressortir qu’il y a une grande responsabilité sur ses épaules pour assurer une rentrée scolaire dans les meilleures conditions.

« Il y a un feel good factor dans le secteur de l’éducation actuellement. Le chantier est vaste et nous allons faire de notre mieux pour régler ce qui peut l’être avant la rentrée. Je viendrai très bientôt avec un Contingency Plan. Il y a aussi les Regulations sur le PGCE à revoir, afin de permettre d’assurer le recrutement du personnel enseignant », dit-il.

Le ministre a également profité de l’occasion pour défendre le critère des trois Credits pour accéder en Grade 12, précisant qu’il ne s’agit pas d’un nivellement par le bas. Il a ajouté qu’il y aura un encadrement approprié pour les élèves avec trois Credits. Il a également parlé du dilemme qui se présente avec les élèves actuellement dans la filière de l’Extended Programme et inscrits au NCE l’année prochaine. « Nous sommes en train de travailler sur un nouveau programme. Nous avons quelques semaines pour prendre une décision », a-t-il rassuré.

Mahend Gungapersad a promis de rendre visite aux établissements régulièrement, pour prendre connaissance de la situation dans le concret. S’adressant aux élèves présents, il a invité à le soutenir sur la question de restrictions de téléphone portable à l’école.

« Je sais que le téléphone portable est important pour vous, mais nous avons des décisions à prendre pour venir à bout de certains problèmes. Il y a eu tant de vidéos inappropriées qui ont circulé et qui ont fait du tort à beaucoup de jeunes. Le téléphone de l’école sera toujours à votre disposition en cas d’urgence », reconnaît-il. Il a annoncé qu’il prévoit de rencontrer aussi les associations de parents bientôt et que la question sera également abordée.

Au niveau des participants, la Government Secondary School Teachers Union (GSSTU) a élaboré sur les défis par rapport à la litéracie. « Les élèves sont incapables de construire une phrase simple et ils ont beaucoup de difficultés pour la lecture à haute voix », ont expliqué les représentantes. Cette situation se traduit dans la qualité des résultats en langues aux examens. La baisse continue du niveau de réussite en mathématiques demeure également préoccupante, a fait ressortir le syndicat.

La compétition pour entrer dans les académies a également donné lieu à une situation malsaine où les Low Achievers se retrouvent à la traîne. « Ce sont ces élèves qui resteront par la suite dans les collèges régionaux et que nous devrons encadrer. »

La GSSTU a suggéré l’introduction d’une Foundation Year au secondaire où les élèves apprendraient à découvrir les Core Subjects afin d’éveiller leurs intérêts, ainsi que des Project-Based Activities.

L’Education Officers Union a déploré la paperasserie qui s’est ajoutée au travail de l’enseignant ces dernières années. « Au lieu de nous concentrer sur l’enseignement, nous devons prendre de notre temps, même à la maison, pour remplir toutes sortes de formulaires, pour des statistiques, que nous ne voyons jamais », dénonce ce syndicat d’enseignants.

La Federation of Managers des collèges privés est revenue sur la question de téléphone portable à l’école. Neetesh Sewpal a indiqué que les élèves sont distraits et absorbés par leurs cellulaires respectifs. Beaucoup passent du temps sur les réseaux sociaux, le gaming, les plateformes de messaging, et parfois même, en classe. Une telle situation dérange la classe et représente un manque de respect pour les enseignants.

De plus, l’abus du téléphone portable décourage les interactions, la participation dans des activités physiques et affecte le bien-être de l’étudiant. La FOM a cité l’exemple de plusieurs pays, dont la France, l’Australie et la Grande-Bretagne, entre autres, qui ont banni le téléphone portable ou réglementé l’utilisation du téléphone portable à l’école.

Concernant le curriculum, la FOM déplore que le système évalue ce que les enfants ne savent pas au lieu d’évaluer ce qu’ils savent. Ce qui peut conduire à une poudrière sociale. La fédération se prononce en faveur d’un School-Based Curriculum, qui éliminerait l’échec. Ce qui inclut une approche collaborative et une certaine autonomie pédagogique, a ajouté Jimmy Harmon.

La FOM avance que la transformation du système passe inévitablement par l’utilisation de la technologie, dont les outils nécessaires pour les Smart Classes, des Virtual Labs, l’utilisation des applications numériques ainsi que des plateformes appropriées pour le e-Learning.

L’United Deputy Rectors and Rectors Union a attiré l’attention sur certaines réalités affectant la bonne marche des collèges : la violence verbale et physique, la consommation de drogues synthétiques parmi les élèves, le Bullying, incluant le Cyberbullying, ainsi que la grossesse précoce.

En réponse à cette situation, le syndicat préconise un programme de Mentorship et la mise sur pied de Peer Support Groups.Au sujet de la grossesse précoce, le syndicat souhaite l’introduction d’un Comprehensive Sex Education Programme dans le curriculum. La collaboration des ONG et des professionnels de santé est aussi requise, de même qu’un service de Counselling. Face à la mauvaise utilisation des outils de technologie, l’application d’un Digital Literacy Program est suggérée, ainsi que la mise en pratique des recommandations de l’UNESCO, qui implique l’interdiction du téléphone portable à l’école, entre autres.

L’UDRRU préconise également le recrutement rapide de Discipline Masters, annoncé depuis des années, la liberté aux recteurs de nommer des Section Leaders ainsi que la restructuration du Student Care and Counselling Desk.

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