Education – Réformes : Les Managers du privé préconisent le modèle de School-Based Curriculum

Cette formule donnerait la liberté pédagogique aux collèges tout en respectant le programme national

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Lors des consultations engagées par le ministre de l’Éducation, Mahend Gungapersad, avec les partenaires de l’éducation, le modèle d’un School-based Curriculum a été proposé par la Federation of Managers (FoM) des collèges privés. Un tel système a déjà existé à Maurice, notamment avec le PrevokBEK et la Gandhian Basic School. Le School-based Curriculum (SBC) permettrait à chaque établissement d’adapter le programme national selon sa spécificité.

Présentée par le Dr Jimmy Harmon, directeur adjoint du Service diocésain de l’éducation catholique (SeDEC), cette proposition a fait l’objet de discussions au sein de la FoM en se basant sur des modèles existants en Finlande, en Chine et dans certains pays africains. « L’idée est que chaque établissement ait la possibilité de développer sa propre méthode pédagogique. C’est-à-dire qu’il y a un curriculum national avec les grands objectifs du ministère. Quand cela vient au collège, un Operational Curriculum est mis en place », explique-t-il.
Dans le concret, chaque collège aurait ainsi la liberté pédagogique pour atteindre les objectifs du curriculum national, ce qui passe également par la préparation de manuels adaptés. « Dans l’éducation catholique, nous avons déjà fait cette expérience au primaire dans le passé avec l’éducation inclusive. » Celle-ci était élaborée par Irlande Alfred, pédagogue mauricienne établie en Australie. « Sous cette pédagogie, par exemple, nous enseignions les maths à l’école primaire de Grand-Gaube en nous basant sur les activités de pêche. Car c’est un milieu que les enfants connaissent. »
Pour pouvoir appliquer le School-based Curriculum, poursuit le Dr Jimmy Harmon, le ministère devra remettre sur pied son département de curriculum. Il devrait également avoir une Curriculum Division dans chaque Zone Directorate. « La zone aiderait également les collèges à développer leurs pédagogies, car il faut un standard. Chacun ne pourra pas faire ce qu’il veut », dit-il.
Le SBC permettrait aux établissements d’adapter le programme en fonction de leurs réalités. « Par exemple, le Collège de Lorette de Bambous-Virieux n’est pas le Collège de Lorette de Quatre-Bornes. Ce sont deux réalités différentes », avance-t-il. Revoir le système passe aussi par un changement dans la manière d’évaluer les élèves. « Nous avons suggéré un Performance Assessment incluant l’art oratoire, le sport et l’art dans le programme, et non comme des activités. L’éducation n’est pas seulement académique. Il y a d’autres compétences qu’il faut reconnaître. L’esthétique, par exemple, est quelque chose de très important. Apprendre à un élève à apprécier un travail d’art pourrait l’aider dans sa future carrière », fait-il ressortir. En même temps, des contrôles écrits, les portfolios, des Product Tests, des Attitude Tests, ainsi que des Classroom Self-Assessments complèteront le modèle d’évaluation, avec le Performance Assessment.
La Federation of Managers a également proposé d’inclure le vocationnel au programme dès le Grade 7. « L’objectif est d’exposer les élèves tout en faisant les matières académiques. Ainsi, arrivés en Grade 9, ils seront mieux préparés pour faire un choix sur le parcours qu’ils veulent emprunter », prévoit-on. Avec la baisse démographique, ajoute le Dr Jimmy Harmon, des salles de classe seront disponibles et pourront être converties en ateliers, Computer Lab, cuisine, et ainsi de suite.

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Le modèle ANFEN
L’Adolescent Non-Formal Education Network (ANFEN) regroupe des écoles offrant une éducation non formelle aux enfants n’ayant pu s’adapter au système. Le réseau a aussi été invité à présenter ses idées dans le cadre des discussions sur la réforme de l’éducation.
« C’est la première fois que nous sommes invités à participer à des consultations avec le ministère de l’Éducation. Nous sommes très reconnaissants que notre modèle intéresse le nouveau ministre, le Dr Gungapersad », indique Stéphanie Ha Yeung, Manager d’ANFEN.
Elle ajoute que l’éducation nationale a pour mission de garantir que chaque enfant ait accès à une éducation équitable et de qualité. « Cependant, il est évident que certains jeunes, pour diverses raisons, se trouvent exclus du système traditionnel. Les facteurs socio-économiques et psychosociaux ont été trop souvent négligés, car notre système éducatif élitiste ne leur accorde pas suffisamment d’attention. »
Dans ce contexte, ajoute-t-elle, l’éducation non formelle devient un levier essentiel pour atteindre l’objectif d’éducation pour tous. « Chaque année, nous accueillons des jeunes rejetés par un système qui n’a pas su répondre à leurs besoins spécifiques. » Elle souhaite ainsi que le rôle de l’éducation non formelle, qui agit en complémentarité avec l’éducation nationale, soit officiellement reconnu.
Dans le concret, ANFEN, à travers 18 structures à Maurice et Rodrigues, propose depuis 25 ans une éducation alternative basée sur des approches psychosociales, pédagogiques et, tout récemment, techniques et vocationnelles. « Nous avons depuis 2022 un pourcentage de réussite de 60% aux examens de la NC1 en Adult Literacy. Et cette année, en 2024, 100% de réussite pour la NC3 en Food Production », ajoute-t-elle.
L’ANFEN souhaite collaborer avec l’État pour un parcours « clair et structuré » à l’intention des jeunes en difficultés. Celui-ci comprendrait une filière préprofessionnelle destinée aux jeunes de 12 ans ayant cumulé un retard scolaire important. L’idée est de leur offrir une transition adaptée jusqu’au niveau NC1, à l’âge de 15 ans.
La deuxième étape serait l’intégration d’une filière TVET de niveau NC2, au secteur non formel, afin de permettre aux jeunes d’acquérir des compétences pratiques et professionnelles adaptées à leurs capacités et intérêts. Ces formations leur permettraient par la suite de réintégrer le circuit de formation vocationnelle nationale pour le NC3.
Un tel projet nécessiterait un cadre institutionnel solide, sous l’égide du ministère de l’Éducation et en collaboration avec le MITD et la MQA. « Ce partenariat garantirait une véritable inclusion en intégrant les jeunes marginalisés dans une stratégie nationale cohérente. L’éducation non formelle a prouvé sa valeur en répondant aux besoins d’une population vulnérable. Il est temps de l’intégrer pleinement dans l’écosystème éducatif national », conclut Stéphanie Ha Yeung.

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