Le coup d’envoi à la construction de la deuxième phase du Lycée Professionnel Saint Gabriel-Don Bosco a été donné hier. Le ministre de l’Éducation, Mahend Gungapersad et l’évêque de Port-Louis, Mgr Jean-Michaël Durhône, ont procédé à la pose de la première pierre, marquant ainsi la collaboration entre l’Église et l’État dans ce nouveau projet. À terme, le lycée professionnel pourra accueillir jusqu’à 800 élèves. L’objectif est d’offrir des formations jusqu’au niveau du Brevet de Technicien Supérieur (BTS).
Le collège technique Saint Gabriel (CTSG), pionnier dans la formation technique à Maurice, qui a fêté ses 50 ans l’année dernière, s’est embarqué dans une transformation, depuis quelques années. Sous l’impulsion du cardinal Maurice E. Piat, alors évêque de Port-Louis, des démarches ont été entreprises pour convertir le centre en lycée professionnel, selon le modèle français. Déjà, en partenariat de l’ambassade de France et de l’académie de La-Réunion, le CTSG offrait des formations certifiées CAP et BEP. Avec le nouveau projet, le but est d’aller jusqu’au BTS.
S’exprimant lors de cet événement, Mgr Jean-Michaël Durhône a déclaré que le Lycée Professionnel Saint Gabriel-Don Bosco est un modèle d’éducation inclusive. « Ici, les intelligences multiples sont valorisées. C’est le modèle d’une éducation inclusive. La formation technique n’est pas inférieure à l’académique. Au contraire, elle permet de donner ce qu’il y a de meilleur à la société mauricienne », affirme-t-il.
Ce projet, a-t-il poursuivi, permet également de s’assurer qu’aucun enfant ne soit laissé dans les marges. « Ce lycée va donner l’espérance aux jeunes. Au-delà de la formation technique, les jeunes apprendront la solidarité, la droiture, le goût du travail. Je suis heureux qu’il y ait l’excellence académique, mais il faut aussi des lauréats de la vie. Ce lycée a une âme », fait-il comprendre.
Dans la foulée, Mgr Durhône a tenu à remercier tous les partenaires fidèles au cours de toutes ces années. À commencer par les entreprises du privé, présentes dès la création du CTSG, l’ambassade de France et l’Académie de La-Réunion, ainsi que le gouvernement mauricien.
Gilberte Chung, directrice du Service diocésain de l’éducation catholique (SeDEC), a abondé dans le même sens. Si le CTSG a traversé cinq décennies, a-t-elle précisé, c’est grâce à toutes ces collaborations. Toutefois, le nouveau lycée qui s’étendra sur 15 arpents a mis du temps à se concrétiser. « Dès 2017, le cardinal Piat et le père Maurizio Rossi ont pris leurs bâtons de pèlerin pour trouver les financements nécessaires. Dans le cadre des 25 ans du collège en 2019, nous avons fait valoir le droit à l’éducation gratuite, basé sur le principe d’équité, pour les élèves de Saint-Gabriel. Il y a eu un protocole d’accord approuvé par le conseil des ministres et un budget voté, mais il a fallu attendre quatre ans pour que cela se concrétise, car il n’y avait pas de cadre régulateur », poursuit-elle.
Ce qui a été réglé par la suite, après l’adoption de l’ITET Act en mai 2023. Sous cet accord, l’État s’engage ainsi à subventionner chaque étudiant à hauteur de Rs 40 000 par an, soit un budget maximal de Rs 7,2 millions à 180 étudiants. C’est ainsi que les frais pour les années 2021/22 et 2022/23 ont pu être assurés. Toutefois, le collège est toujours en attente de la signature d’un nouvel accord pour la période 2023/24.
Renouveler le partenariat
Gilberte Chung a ainsi fait un pressant appel au ministre de l’Éducation, pour que cet accord puisse être concrétisé au plus vite, car il y a déjà deux ans à rattraper. De même, a-t-elle fait ressortir, en comparaison, le montant que Rs 40 000 par étudiant par an ne couvre que 20% des frais d’un étudiant fréquentant un centre du MITD. « Au Collège Technique Saint Gabriel-Don Bosco, nous enseignons le savoir-faire, le savoir-vivre ensemble et le savoir-être », s’appesantit Gilberte Chung.
Pour sa part, le ministre Gungapersad a dit avoir pris bonne note des propos de la directrice du SeDEC et a souhaité que dans le prochain budget, provision soit faite pour le renouvellement du partenariat. Parlant du projet, il a déclaré : « vous êtes en train de bâtir Maurice autrement. La formation que vous proposez ne met pas l’accent uniquement sur l’esprit, mais également sur le cœur. L’Église valorise cela. »
Cela cadre avec la nécessité, aujourd’hui, de mettre en chantier quelque chose de durable pour la société, a-t-il ajouté. « Nous ne voulons plus d’enfants qui soient rejetés du système. C’est pour cela que l’une de mes premières actions a été de mettre fin à l’Extended Programme. Nous avons un nouveau programme qui regroupe l’académique, la technique et les valeurs. L’objectif est d’autonomiser nos jeunes », reconnaît-il.
De même, a poursuivi le ministre, la formation technique ne doit pas être une option après l’échec scolaire. Il a fait allusion à d’autres modèles similaires, comme la Maison Familiale Rurale, et l’engagement de certains chefs d’entreprise, comme Philippe Ah Chuen. « Ce partenariat avec le privé doit se poursuivre car l’État seul ne peut tout faire », devait-il trouver.
Soutien de la France
Le Lycée Professionnel Saint-Gabriel Don Bosco est adapté du modèle français. À ce titre, il opère sous la supervision de l’Académie de La-Réunion. L’ambassade de France apporte également sa collaboration.
Pour Christophe Clanché, attaché de coopération éducative, ce nouveau lycée professionnel est le renforcement du lien d’amitié entre la France et Maurice. Il a évoqué la synergie technique entre le nouveau lycée professionnel et l’Académie de La-Réunion. « La formation est adaptée aux exigences modernes. Les défis sont nombreux et l’évolution est rapide. Ensemble, nous réussirons », a-t-il dit.
Patrice Lauriolle, inspecteur de l’Académie de La-Réunion, indique que le Collège Saint-Gabriel a été pendant longtemps le seul établissement professionnel dans l’île : « Chaque année, un grand nombre d’enfants étaient laissés sur le bord du chemin. Grâce à cet établissement, nous avons pu sauver 250 enfants par an et leur permettre une insertion professionnelle. »
Il a également mis en avant que l’enseignement est en français et que la formation répond aux exigences des entreprises et des autorités mauriciennes. « À un certain moment, la problématique a été la reconnaissance des diplômes », a-t-il reconnu. Ce qui a pu être réglé aujourd’hui. La transformation du collège en lycée professionnel permettra d’accueillir jusqu’à 800 élèves et engager 80 enseignants.
Avec la deuxième phase, le lycée pourra offrir 10 formations de niveau CAP, 9 BAC Professionnel, et à terme, des Brevets de Technicien Supérieur. Les BAC Pros seront offerts dès septembre de cette année. De nouvelles formations dans les métiers liés au bâtiment, comme la maçonnerie et la plomberie, seront introduites. Actuellement, les formations de niveau CAP et BEP, sont offertes en cuisine et pâtisserie, carrosserie/peinture, maintenance, mécanique automobile et soudure.