Éducation- En marge des Assises d’avril : Lalit interpelle sur la place de la langue maternelle à l’école

Lalit a remis une lettre au ministre de l’Éducation, Mahend Gungapersad, vendredi dernier, dans le sillage des prochaines Assises de l’Éducation. Selon les porte-parole et signataires de la lettre, Alain Ah-Vee et Cindy Clélie, la question de la langue est centrale dans toute réforme éducative. Ils attirent ainsi l’attention sur l’importance de la langue maternelle à l’école et son rôle dans le développement de l’enfant. Lalit accueille l’ouverture affichée par le ministre à ce sujet.

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« We welcome your initiative as new Minister of Education and Human Resources to organise an Assises de l’Éducation in April 2025 and to have already started meeting stakeholders in this sector. The Mauritian education system needs urgent and bold reforms and the open-mindness and determination you have shown is necessary for such changes. » C’est en ces termes que Lalit introduit le sujet de sa lettre au ministre de l’Éducation, Mahend Gungapersad. Celle-ci a été déposée à son bureau, à la reprise des activités, vendredi. Le parti de gauche indique également qu’il œuvre, depuis de nombreuses années, pour un système éducatif privilégiant le développement intégral de l’enfant. « Ce qui semble être également votre préoccupation », écrit-il à l’intention du ministre Gungapersad.

Lalit estime que le système colonial, qui a perduré après l’accession à l’indépendance et l’introduction de l’éducation gratuite, à Maurice, a causé beaucoup de tort aux enfants mauriciens, en raison de la suppression de leur langue maternelle. « À notre avis, la langue maternelle doit être un sujet central des Assises de l’éducation », s’appesantit Lalit, qui dit accueillir l’ouverture d’esprit du ministre à ce sujet, dans la mesure où il avait déclaré « subtilement », lors d’une conférence de presse, récemment : « Nou bizin get enn kou, ki manier zordi nou bizin ena enn lot fason rezone pou ki nou bann zanfan nou ansegn zot dan enn langaz ki koresponn a zot bezwin. »

La correspondance mentionne que pendant ces 50 dernières années, Lalit a milité pour que la langue maternelle soit utilisée dans l’acquisition de Numeracy and Literacy, afin d’avoir de meilleurs résultats aux examens. « Cependant, cela fait 25 ans seulement que nous avons réalisé, avec horreur, qu’en fait l’utilisation de la langue maternelle à l’école était bien plus importante qu’une simple question de performance. Grâce à un brainstorming sur le langage humain, nous avons aussi compris qu’en fait, les enfants, comme les adultes, réfléchissent dans leurs langues maternelles. Le Pr Derek Bickerton, mondialement reconnu dans ce domaine, l’explique très bien », déclare Lalit.

Dans ce contexte, fait ressortir Lalit, la suppression de la langue maternelle à l’école veut tout simplement dire que les enfants – et non seulement les enfants avec des difficultés d’apprentissage ou venant de milieux sociaux vulnérables –, sont atteints dans leur développement cognitif naturel. « Their thinking ability, their ability to reason, to analyse scientifically, to play with abstract concepts of mathematics and philosophy and to understand causality that happens quite naturally in their mother tongue is being interfered with by the education system », indique la lettre.

Le parti souligne que l’association Ledikasyon Pu Travayer avait déjà analysé cela lors d’un Hearing avec un jury international, sur les torts causés par la suppression de la langue maternelle à l’école. « Il a ainsi été démontré que l’absence de la langue maternelle ne cause pas uniquement des dégâts au niveau émotionnel et culturel, mais également au niveau du développement intellectuel et cognitif. Le rapport a démontré que ceux qui réussissent aux examens et même des futurs lauréats y parvenaient en apprenant par cœur et au lieu de comprendre. Ce qui affecte leur développement cognitif. D’autres se retrouveront dans l’incapacité de lire et d’écrire, même après onze années passées à l’école », poursuit l’analyse de Lalit.

Les torts émotionnels causés par la suppression de la langue maternelle peuvent également expliquer la montée de la violence chez les jeunes. Lalit souhaite ainsi que dans le sillage de la réforme de l’éducation, il y ait également une analyse sur le mal causé par notre système d’éducation aux enfants. Le parti note également que dans tous les débats menés sur l’éducation, avec les différents partenaires, depuis l’arrivée du nouveau gouvernement, la question de Harmful Language Policy n’a pas été abordée. Selon Lalit, ne plus imposer l’anglais comme médium d’enseignement fait partie d’un processus de décolonisation.

Le parti plaide pour l’utilisation d’un système bilingue, kreol-anglais, à la fois dans les manuels et à l’examen. Cela, en commençant avec les mathématiques et les sciences, à partir de Grade 1. « Nous sommes en faveur d’une Mother Tongue-Based Multilingual Education. Nous sommes convaincus que la non-utilisation de la langue maternelle et de sa richesse est au cœur de l’échec dans notre système d’éducation. » Lalit maintient que l’UNESCO préconise l’utilisation de la langue maternelle dans l’acquisition de la litéracie et des connaissances de base. L’Ombudsperson for Children avait également recommandé, dans son rapport 2017-2018, l’utilisation du kreol comme médium d’enseignement au primaire.

Lalit réitère ainsi sa proposition pour l’utilisation du kreol et de l’anglais comme médium d’enseignement. Ce qui permettra l’acquisition d’autres langues par la suite. Le parti est aussi d’avis que les syndicats d’enseignants sont des partenaires incontournables, pour aller vers une telle transition, avec comme objectif final, le bien-être de l’enfant mauricien.

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