Échiquier — En prélude au compte à rebours formel aux élections générales : Les Gopee Deals de Rs 3 milliards allument l’hémicycle

   En Super Political Firefighter, le Speaker Phokeer sauve les meubles du GM en éliminant la PNQ de Boolell, expulsant Bhagwan pour cinq séances et mettant fin prématurément au discours de Shakeel Mohamed    L’EDB, la FSC et la SBM, trois entités phares émettent des facilités bancaires de l’ordre de Rs 1,6 milliard en faveur de ce Top Chef de Lakwizinn du PMO    Prakash Maunthrooa navigue en eaux troubles avec les Rs 700 millions de la CWA de l’In-House Pipe Replacement Programme

Les derniers deals d’un montant minimal de Rs 3 milliards dans des projets immobiliers sur des prime lands à Ébène ou encore sur la côte de Rivière-Noire, dont bénéficie le Top Chef de Lakwizinn du Prime Minister’s Office, Avinash Gopee, ont flambé l’hémicycle de l’Assemblée nationale, vendredi. Et par extension l’échiquier politique en attendant des précisions sur le calendrier menant aux prochaines élections générales. Certes, cette semaine, avec le rendez-vous du Nomination Day pour la partielle de Montagne-Blanche/Grande-Rivière-Sud-Est (N°10) de jeudi, l’état-major de l’Hôtel du Gouvernement tentera d’abattre la carte d’une première mobilisation générale à l’Est pour repartir à la reconquête des autres circonscriptions, notamment des No 4 au No 14, avec de ambitions à peine voilées dans des régions urbaines ciblées.

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La certitude est qu’avec le retrait du Political Financing Bill et de l’amendement à la Constitution, mardi, de l’agenda faute d’une majorité de trois-quarts, le government business à l’Assemblée nationale se résumera aux débats et à l’adoption du Finance Bill du Grand Argentier, Renganaden Padayachy. Mais jusqu’ici, très peu d’indications au sujet des intentions du Premier ministre et Leader of the House, Pravind Jugnauth, quant aux dates de la dissolution de l’Assemblée nationale, avec en prime les échéances pour le Nomination Day et le Polling Day des prochaines élections générales.

Après les délibérations du conseil des ministres de vendredi, les spéculations ont repris quant à la possibilité des élections générales au plus tard en septembre. Pour cause, la période pour le National Certificate of Education (NCE) Assessment dans le cycle secondaire a été fixée entre le 25 septembre et le17 octobre, avec les examens de la School Certificate (SC) et le Higher School Certificate (HSC) prenant le relais pour la fin du cycle secondaire. « Mais les dernières élections générales avaient bel et bien été organisées un jeudi 7 novembre 2019 », rétorquent ceux qui ne croient pas à des élections législatives à plus ou moins brève échéance.

Dans l’immédiat, Lakwizinn du Prime Minister’s Office se voit confrontée à une double préoccupation : d’abord amorcer cette nouvelle étape de mobilisation électorale avec le tremplin de la partielle au No 10, qui n’aura pas lieu définitivement en dépit des préparatifs en cours à tous les niveaux, mais surtout endiguer cette offensive revigorée de l’opposition parlementaire du PTr-MMM-ND, notamment au sujet des Gopee Deals cherchant dans les Rs 3 milliards en instant money.

Ou encore, la shielding operation en faveur de Prakash Maunthrooa, un jeton incontournable au QG du Sun Trust, naviguant en eaux troubles avec les Rs 700 millions du In-House Replacement Pipes Programme de la Central Water Authority. Ce dossier semble coller davantage à la peau de Prakash Maunthrooa, surtout après les détails fournis mardi dernier par le ministre de l’Énergie, Joe Lesjongard, lors de la Private Notice Question (PNQ) du leader de l’opposition, Arvin Boolell. Mardi prochain, Patrick Assirvaden, président du Parti Travailliste, compte mettre une nouvelle couche en réclamant la confirmation du nombre de contrats alloués à la société Great Standard Solution sous ce même programme de la CWA.

Vendredi dernier, l’Hôtel du Gouvernement a bénéficié d’une rémission politique avec le Speaker, Sooroojdev Phokeer, endossant son complet de super political firefighter, pour ne pas dire d’azan politik du MSM, qui a valu à Rajesh Bhagwan un carton rouge au sein de l’hémicycle et cinq séances de suspension, soit le risque potentiel de ne plus revenir à l’Assemblée nationale pour cette First Session of the Seventh National Assembly.

Aux yeux du Speaker, la parade des Standing Orders Nos 21 et 22 était amplement suffisante pour siffler hors-jeu la Private Notice Question (PNQ) du leader de l’opposition, Arvin Boolell, au sujet des faveurs dont a bénéficié Avinash Gopee, l’étoile filante en matière de construction d’immeubles de grand standing et surtout de locations généreuses de la part de certaines institutions publiques.

Le Hansard de la séance parlementaire de vendredi ne consignera rien des dessous des deals d’Avinash Gopee, sauf que le Speaker a pris ombrage des remarques de Rajesh Bhagwan à l’effet qu’en rejetant la PNQ sur Avinash Gopee, il aurait agi en tant qu’agent politique du MSM. Le député du MMM a refusé de se rétracter en enfonçant le clou, affirmant « I call a spade a spade. Ou enn azan politik. »

Nominé politique

La sanction est sans appel : expulsion immédiate de l’hémicycle avant même le début des débats et cinq séances d’interdiction suite à une motion du Premier ministre et secondée par la vice-Première ministre et ministre de l’Éducation, Leela Devi Dookun-Luchoomun, en l’absence du Deputy Prime Minister et ministre des Terres, Steven Obeegadoo.

Toutefois, pour l’opposition PTr-MMM-ND, le fond des Gopee Deals, dans une conjoncture où le gouvernement se targue de mettre de l’ordre dans la mare du financement politique, se présente comme un des thèmes potentiels porteurs de la campagne pour contrer l’offensive de Lakwizinn sur les coffres-forts de Navin Ramgoolam. À ce stade, les protagonistes de l’opposition parlementaire se gardent d’apposer l’étiquette d’homme de paille ou de prête-nom sur le dos de la veste d’Avinash Gopee.

Et cela, même si celui-ci est un nominé politique de premier plan, soit assumant ni plus ni moins la présidence de la Tourism Authority, de la Drains Infrastructure Construction Ltd, agence publique avec des dotations budgétaires de Rs 10,4 milliards ou encore de la Mauritius Multisports Infrastructure Ltd, gérant le complexe sportif omnisports de Côte d’Or, présenté comme étant A Jewel in the Crown du gouvernement Jugnauth.

Jusfitiant la décision du leader de l’opposition de proposer cette PNQ (voir libellé plus loin), Patrick Assirvaden, président du Parti Travailliste et Whip de l’opposition, définit les paramètres de l’équation. « Que ce soit pour le Lease Agreement entre Avinash Gopee et l’Economic Development Board, avec la Financial Services Commission et la State Bank of Mauritius, la transparence est de mise et l’intention du leader de l’opposition était de demander au Premier ministre de révéler à la Chambre et à la nation de quoi il en retourne au sujet de ces deals », affirme-t-il.

Les indications en possession de l’opposition sont que ces deals se montent facilement à plus de Rs 3 milliards, comme suit :

l  l’Economic Development Board a consenti de verser à PSH Investments d’Avinash Gopee un montant de Rs 50 millions par an sur une période de dix ans sous forme de location, même si l’EDB ne s’y est pas encore installé

l scénario identique avec la Financial Services Commission, signant un Lease Agreement pour le 7 EXchange Square à Ébène pour une période de dix ans au moins avec des locations de Rs 50 millions par an et

l la State Bank of Mauritius optant pour cinq étages dans une Tower de 14 avec des paiements allant de Rs 200 millions à Rs 600 millions.

Contagion électorale

« Au nom de la Good Governance, la question légitime, qui se pose est de savoir si les décisions ont été prises par ces différents organismes, qui ne sont pas des moindres, sur la base d’un exercice de Requests for Proposals ou d’appels d’offres ou encore relevant de l’astuce de l’Unsollicited Bid. Le plus intrigant est que la SBM dispose d’un terrain d’un arpent à Ébène et que la location consentie à Avinash Gopee aurait pu financer les travaux. Avec ces deals, les entités du groupe Gopee n’auront pas à débourser le moindre sou pour faire avancer les chantiers », s’insurge le président du Parti Travailliste.

« Dans le cas de la Financial Services Commission, qui n’est autre qu’une instance régulatrice, la situation paraît plus délicate avec les changements survenus ces jours-ci. Le Chairman a été remplacé par nul autre que le gouverneur de la Banque de Maurice. Pourquoi ces mouvements avec des risques potentiels de conflits d’intérêts ? Autant de raisons pour l’opposition de s’intéresser de la connexion d’Avinash Gopee avec le gouvernement Jugnauth », poursuit Patrick Assirvaden.

Autant de questions qui devraient alimenter les réunions politiques de l’opposition en marge de la prochaine campagne électorale. Et cela sans occulter le fait que des terres à Ébène, initialement allouées pour des projets de centres socioculturels, dont le Tamil Cultural Centre, ont été détournées au profit de Royal Green du même clan Gopee.

D’autre part, l’intérêt de l’opposition parlementaire pour les Gopee Deals ne se limite pas au périmètre d’Ébène. « Avez-vous déjà entendu parler d’Asmara Beachfront Residence, un chantier résidentiel pieds dans l’eau à Rivière-Noire ? La société qui exécute ces travaux n’est nulle autre que Horizon Sweet Resort Ltd, avec pour dénominateur commun le même Avinash Gopee. 60 bungalows seront construits sur les Pas Géométriques pour être vendus à Rs 150 millions l’unité. En tout cas, le marché cible n’est nullement les Mauriciens. Mais bien les ressortissants étrangers. Bon à savoir si le Premier ministre est au courant de la teneur de ce Lease Agreement. Malheureusement, nous ne le saurons pas pour l’instant avec Mr Speaker décrétant la PNQ non conforme », regrette le Whip de l’opposition.

« Peut-être que la Financial Crimes Commission, dans un sursaut de jeunesse, trouvera dans ces deals avec des cartes de crédit sans limites mises à la disposition d’Avinash Gopee des sujets nécessitant l’ouverture d’une preliminary investigation au terme des dispositions de la loi au titre de l’unexplained wealth », souhaite-t-on sans conviction dans le camp de l’opposition, se réservant le droit de rebondir sur des dossiers pendant la campagne électorale.

Pour conclure, les Kistnen Papers, présentés comme des fabricated documents par le Premier ministre et thèse reprise par le Speaker, ont également fait état de leur présence des plus embarrassantes pour le camp du gouvernement. La simple mention des Kistnen Papers a valu au député Shakeel Mohamed d’être réprimandé par le Speaker, au point de voir son intervention être interrompue sans préavis et un walk-out de l’opposition, sauf Nando Bodha, vendredi soir, lors des débats sur le financement politique.

Comme pour dire qu’il y a des dossiers que, coûte que coûte, la majorité voudrait éviter comme la peste tant la contagion électorale est à craindre avec le prochain rendez-vous en vue…

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