“Enforcement of prosecution and punishment was inconsistent and sometimes politically influenced, resulting in impunity”
Les États-Unis toujours intrigués par l’absence de conclusions dans l’enquête sur le meurtre politique de Kaya Kistnen, agent du MSM au No 8
Le 2022 Country Report on Human Rights Practices: Mauritius, publié par le United States Department of State, rendu public, constitue un Indictment des autorités mauriciennes contre des pratiques en cours. Passant en revue la situation, en s’appuyant sur des High Profile Cases en matière de protection et de respect des droits les plus fondamentaux, les Américains sont sans équivoque dans leurs critiques. Ils vont jusqu’à souligner le recours à du Pick and Choose pour dénoncer une culture d’impunité en vue d’assurer la protection de ceux qui sont proches du pouvoir. Dès les premiers paragraphes de ce rapport, qui peut être consulté en ligne sur le site du US State Department, figure le Political Cold Case du meurtre du chef agent du MSM à Quartier-Militaire/Moka (No 8), Soopramanien Kistnen, aussi connu sous le nom de Kaya.
Toutefois, le commentaire le plus lourd de sens dans ce rapport, consulté par toutes les organisations locales et internationales ou également les investisseurs potentiels, voire les dirigeants étrangers, est le suivant : « Enforcement of prosecution and punishment was inconsistent and sometimes politically influenced, resulting in impunity » D’aucuns affirment que cette conclusion est encore plus Damning que le « Je suis triste et inquiet…» du cardinal Maurice E. Piat dans son homélie pour le Dimanche des Rameaux.
Face à la détérioration de la situation sur le plan des Droits de l’Homme et du Law and Order, le rapport du Département d’État des Américains est sans appel. « The government did not always take steps to prosecute and punish officials who committed abuses or engaged in corruption, whether in the security services or elsewhere in the government. Enforcement of prosecution and punishment was inconsistent and sometimes politically influenced, resulting in impunity », peut-on lire dans l’Executive Summary du document.
Dans cette même partie liminaire du document, les responsables de l’US State Department relèvent que « significant human rights issues included credible reports of cruel, inhuman, and degrading treatment by the government; arbitrary arrest; arbitrary or unlawful interference with privacy; serious restrictions on free expression and media, including censorship; serious government corruption; lack of investigation of and accountability for gender-based violence; and crimes involving violence or threats of violence targeting members of racial or ethnic minority groups. »
L’un des premiers exemples de cette impunité flagrante porte sur le meurtre non-résolu par la police de Kaya Kistnen commis entre le 18 et le 20 octobre 2020 entre Telfair (Moka)/La Louise/Telfair. Le rapport relève qu’en date du 26 janvier 2022, l’Office of the Director of Public Prosecutions avait demandé à la police de rouvrir cette enquête sur la base des Findings de la Judicial Inquiry du tribunal de Moka, qui avait réfuté la thèse du suicide colportée par la police. « Kistnen was reportedly about to reveal information implicating a former minister in a fraudulent contract procurement scheme that involved COVID-19 supplies. There were no further developments at year’s end », constate le Département d’Etat américain intrigué de cette absence de percée dans cette enquête policière.
Ce qui pousse les autorités américaines à enchaîner avec les abus commis par la police dans l’exercice de ses fonctions.
« The Constitution and law prohibit such practices, but there continued to be allegations of police abuse, through either official complaints or allegations made on the radio or via social media », affirme le rapport en citant les dénonciations d’allégations de brutalité policière sur des détenus avec le soutien des enregistrements vidéo fournis par Bruneau Laurette et Louis Dominique Seedeeal, alias Darren l’Activiste.
« Police officers of the Criminal Investigation Division of Terre Rouge could be seen sexually assaulting a detainee with a truncheon. Officers of the same police unit were seen abusing detainees in at least two other videos: one such video showed officers using tasers to shock a detainee, and another video showed the same group of officers mocking a detainee who was forced to wash his underwear after he defecated on himself when officers physically abused him », poursuit le rapport.
Aux yeux des Américains, l’enquête policière a accouché d’une souris. « After an investigation by authorities, three police officers were arrested and later released on bail and seven others were transferred to other police units », note le document dénonçant avec force les pratiques d’impunité attribuées aux autorités.
« Impunity was a significant problem for police, and investigations involving officers often continued for years. While disciplinary actions against offending officers took place, dismissals or prosecutions were rare. Although the government had a mechanism of investigation through the Independent Police Complaints Commission and provided human rights training to security personnel, political interference and a culture of impunity within the police force contributed to making impunity a problem », ajoute le Département d’Etat des Américains.
Au chapitre des arrestations arbitraires, les Américaines relèvent les cas de Me Akil Bissessur en date du vendredi 18 août de l’année dernière et de Bruneau Laurette et de son fils Ryan Luca Laurette le vendredi 4 novembre. Dans le cas de Me Bissessur, le rapport fait état que « he was released on bail on September 6 after video footage emerged showing police officers entering his partner’s house with the alleged incriminating bag that contained drugs. Subsequent forensic test results revealed the absence of any DNA from either Bissessur or Moheeputh on the drug package. » Ce rapport, qui a été préparé en début d’année, ne tient pas compte du fait que les charges provisoires logées par la police contre Me Akil Bissessur ont été rayées formellement par le tribunal de Bambous.
Dans le cas de Bruneau Laurette, les Américains rappellent que celui-ci est « a well-known critic of the government’s management of a 2020 oil spill and other scandals, as well as police abuse cases ». Le rapport souligne que « preliminary laboratory results revealed that the package found in Laurette’s house contained chia seeds and not narcotics as police had claimed. Bruneau Laurette remained in police detention at year’s end, and authorities released his son on bail on November 21. »
Pour des raisons pratiques, le dernier volet de l’épisode Laurette, avec des membres du judiciaire et le Directeur des Poursuites Publiques sujets à des actes d’intimidation venant de la hiérarchie du pouvoir, ne se trouve pas dans ce rapport.
La liberté d’expression et les pressions exercées par les autorités sur la presse figurent également en bonne place dans le document du département d’État. Ainsi, mention est faite de la déposition consignée à la police par Nawaz Noorbux, Jean-Luc Emile, et Al-Khizr Ramdin de même que par le Managing Director of Top FM, Balkrishna Kaunhye au sujet de « harassment from groups reportedly close to the ruling party » de même que de graves allégations de trafic de drogue. Et au rapport de 2022 de conclure que « at year’s end, there were no arrests or identification of the individuals behind the insinuating postings. There were continued reports that relatives of journalists faced punitive job transfers in retaliation for the journalists’ criticism of the government. »
D’autre part, au chapitre de la liberté d’expression, le Département d’État des USA se fait l’écho des protestations contre la mainmise du pouvoir sur la MBCTv.
« The government owned the sole domestic television network, MBC TV. Opposition parties and media commentators regularly criticized the station for its allegedly progovernment bias and unfair coverage of opposition parties, as well as alleged interference in the network’s daily operations by the senior adviser in the prime minister’s office. Stringent limitations in the law on foreign investment in local broadcast media deter the establishment of independent television stations », indique le rapport.
La surpopulation carcérale, soit 2 509 détenus à fin septembre pour une prison pouvant accueillir 2 315 internes, et le traitement infligé aux membres de la communauté LGBTQI+ figurent aussi dans ce rapport, qui viendra alimenter la chronique en matière de graves manquements et lacunes dans le respect et la protection des droits de l’individu.