« Nous sommes las de nos vaines démarches auprès des autorités », soutient Colette Rajaloo, qui a dû évacuer sa maison inondée hier
Depuis les inondations de 2013, à chaque épisode d’averses, les habitants de Canal-Dayot vivent un cauchemar. Il leur est impossible de trouver le sommeil pendant la saison des grosses pluies, ne pouvant que faire le guet constamment du côté de cette rivière qui est plus d’une fois sortie de son lit, avant d’inonder leurs maisons. Comme ils pouvaient s’y attendre, le cyclone Berguitta n’a pas épargné les habitants hier soir. L’eau a envahi les maisons à hauteur des genoux, renversant même un réfrigérateur.
« Il y aurait pu avoir des morts à Canal-Dayot hier ». Tel est le cri de détresse d’un habitant, qui ajoute : « Depuis 2013, à chaque épisode d’averses, nous vivons un cauchemar ». Pour les rassurer, les autorités étaient omniprésentes pour parer au pire. Le ministre Etienne Sinatambou s’est rendu sur les lieux vers 2 heures du matin. Si les habitants apprécient cette présence, ils regrettent que le problème demeure entier.
« Nous sommes las de nos vaines démarches auprès des autorités », soutient Colette Rajaloo, qui a dû quitter sa maison inondée hier dans la soirée. « Hier, vers 20 heures, en voyant les averses s’accentuer, j’ai regardé par la fenêtre et c’est là que j’ai remarqué que la rivière sortait de son lit. L’eau est vite entrée chez nous. Il y a un canal dans notre cour qui débordait. Mon mari, mon fils et moi-même, nous avons dû nous rendre chez ma mère. Nous sommes las des vaines démarches effectuées auprès des autorités », dit-elle.
Depuis hier, des membres de la force policière et du National Disaster Committee font le va-et-vient pour parer au pire et pour faire une évaluation de la situation. Si les habitants disent apprécier cette présence, ils ne peuvent que se rendre à l’évidence : le problème du canal, lui, reste entier. Pour cet autre habitant, « la racine du problème se situe au niveau de l’injonction émise par Les Gaz Industriels Ltd qui a contraint l’arrêt des travaux d’élargissement de la rivière. Le gouvernement devrait trouver une solution à ce niveau pour que les travaux puissent aboutir ». Pour rappel, avec les travaux d’élargissement, qui avaient pour but de faciliter le flot de la rivière, la compagnie précitée aurait perdu une partie de son terrain.
Au vu des risques liés à cet endroit exposé aux inondations, les habitants sont privés d’électricité depuis hier. « À l’approche de cyclones, surtout de Berguitta dont on avait entendu dire qu’il était puissant, on vit dans l’angoisse. Nous avons pensé au 30 mars 2013 », dit Colette Rajaloo.
De son côté, Jean Baptiste Gilbert déplore que des membres de la police lui aient enjoint, lui et sa famille, de quitter sa maison. « Nous sommes à cinq personnes et notre maison est à étage. Nous avons transféré nos appareils électroniques à l’étage. Nous nous débrouillons ainsi à chaque inondation mais on nous demande de partir au vu des risques ».
Le Premier ministre, Pravind Jugnauth, devait se rendre à Canal Dayot à la mi-journée pour un constat.
Les habitants ont eu l’occasion d’aborder avec le Premier ministre le problème d’injonction des Gaz Ltd qui a contraint l’arrêt des travaux d’élargissement de la rivière. Ce dernier et la ministre Fazila Daureeawoo ont déclaré qu’ils se pencheront bientôt sur cette question.