Déficit pluviométrique : Le spectre du stress hydrique se renforce

— Le taux de remplissage des réserves d’eau sous la barre des 70% cette semaine

- Publicité -

Le pays est déficitaire en pluie depuis trois mois, et ce ne sont pas les pluies passagères qui sont tombées au cours de la semaine qui inverseront la tendance. ll ne s’agit pas d’en tirer des conclusions hâtives, sauf que les prévisions météorologiques pour les prochaines semaines, sans espoir de grosses précipitations, ne seront pas pour arranger les choses. L’été approche et l’hypothèse que certaines régions de l’île soient soumises au phénomène de stress hydrique se renforce compte tenu du contexte actuel, où le niveau des réservoirs (72,9%) se réduit comme peau de chagrin, inférieur à 11% comparativement au taux de remplissage enregistré à la même période en 2023. Les petites réunions ont repris de plus belle du côté du Water Resources Monitoring Committee (WRMC), comprenant la Central Water Authority (CWA) et le ministère de tutelle, pour parer à toute éventualité et décider de la marche à suivre autour des solutions durables à la crise qui se profile, tout en minimisant les impacts sur la population.

En se fondant sur les dernières estimations publiées par la Water Resource Unit (WRU) vendredi soir, tout porte à croire que le pourcentage passera sous la barre des 70% cette semaine. Il y a un mois, le niveau était de 81%. La Nicolière affiche actuellement un taux de remplissage de 47,7%. À cette même époque en 2023, le niveau était de 72,7%. Piton-du-Milieu est à 73,9% de sa capacité, contre 91,6% l’année dernière. Mare Longue affiche quant à lui 76%. Midlands Dam affiche un faible taux de remplissage de 78%. À la même époque l’année dernière, il était à 99,3%. Bagatelle Dam est à 82,5% de sa capacité, contre 89% en 2023, alors que Mare-aux-Vacoas est à 77,3%. La Ferme affiche un taux de remplissage de 54,7%.

On avait les yeux rivés, au cours de la semaine écoulée, vers le ciel gris. En temps normal, circuler dans les rues durant une pluie diluvienne n’a vraiment rien d’une partie de plaisir quand il s’agit, entre autres, de zigzaguer entre les flaques d’eau jonchant le sol ou de courir le risque de s’asperger d’eaux boueuses par les automobilistes. Sauf qu’avec le niveau de l’eau de nos réservoirs enregistrant une baisse de 3% à 5% chaque semaine, il serait grand temps que Dame Nature nous apporte de son abondance. Les prévisions météorologiques n’augurent rien de bon non plus pour cette semaine avec du beau temps, à l’exception de quelques ondées mercredi. La zone d’instabilité qui devait arroser le pays s’est en effet affaiblie en s’approchant de la région, d’où le faible taux de pluviométrie qui donne un aperçu de l’épée de Damoclès qui plane sur le pays. Il sera intéressant de suivre mesures que prendra le Water Resource Monitoring Committee (WRMC) dans les jours à venir pour faire face à la situation.

Aux maux extrêmes, les remèdes extrêmes. Si les épisodes pluviaux ne se démontrent d’ici un mois, il y a fort à parier que les horaires de distribution d’eau seront réduits avec encore plus de sévérité dans les quatre coins du pays. À l’heure actuelle, de nombreuses régions du nord, du sud et du centre sont alimentées à hauteur de huit heures par jour, soit quatre heures le matin et trois heures dans l’après-midi, alors que l’est et Port-Louis bénéficient, eux, de 10 heures. La situation se détériore également dans l’ouest, comme à Bambou et Flic-en-Flac, où les abonnés commencent à perdre patience. On prend les mêmes et on recommence.

Fuites d’eau depuis un mois au morcellement St-Jacques : La CWA joue aux abonnés absents

Qu’est-ce qui ne tourne pas rond à la CWA pour à ce point faire fi des appels d’abonnés leur décrivant le triste spectacle des fuites d’eau qui durent parfois pendant plus d’une semaine ? Le nombre d’images et de vidéos de fuites d’eau relayées par des internautes se multiplie sur les réseaux sociaux ces derniers jours. Dans certains quartiers où l’eau est une denrée rare, on pourrait croire que ce sont de grosses averses qui sont à l’origine des flaques d’eau qui se sont formées sur les routes. Or, c’est bel et bien l’eau émanant des tuyaux perforés qui s’écoule, comme à morcellement Saint-Jacques, à Flic-en-Flac. « Ce sont des milliers de mètres cubes d’eau qui se perdent quotidiennement depuis un mois faute de réactivité de la part de la hotline de la CWA », soutient une habitante. C’est une scène qui fait peine à voir quand on sait qu’il n’a pas plu des cordes depuis plusieurs semaines dans les quatre coins du pays.

Est-il encore nécessaire de rappeler qu’un rapport d’experts, à l’instar du Mauritius Research Council (MRC), spécifie que le problème de l’eau à Maurice ne découlait pas nécessairement de la sécheresse ni de la pluviométrie, mais d’un manque et de l’incapacité des autorités à prendre en charge de façon adéquate cette ressource, comme la prise en charge des eaux qui partent à la mer et les fuites dans le réseau de distribution, qui font perdre entre 60 et 65% de l’eau potable annuellement ? L’eau coule actuellement avec parcimonie depuis les robinets d’un nombre incalculable de familles habitant le village de Flic-en-Flac. La fuite d’eau émanant d’un tuyau cassé à morcellement Saint-Jacques a exacerbé la colère des abonnés lésés. Comme une fontaine, l’eau dévale les rues et inonde les cours des riverains.

À en croire une habitante, la CWA a été mise au courant depuis un mois, mais, jusqu’ici, personne n’est venu remédier à la situation. « Déplacement, téléphone et mails. J’ai envoyé des vidéos, des photos, etc. Beaucoup de promesses, mais rien n’est fait », dit-elle. Week-End a contacté la cellule responsable de la communication de la CWA, jeudi. Elle nous avait donné la garantie qu’elle allait se pencher sur ce problème en urgence. Que nenni ! À hier soir, aucun inspecteur ne s’était déplacé au morcellement pour s’enquérir de la situation qui se détériore. En dépit de quelques rares passages nuageux qui apportent un peu de pluie, juste assez pour détremper le sol et soulager les plantes qui commencent à jaunir, plus les semaines s’égrènent, plus les habitants de Flic-en-Flac s’inquiètent que l’eau ne coule plus de leurs robinets.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -