Déposition à la police, appel au DPP pour ouvrir une enquête judiciaire, poursuite au civil… Les proches des patients dialysés décédés du Covid en 2021 à l’hôpital de Souillac ne lésineront pas sur les moyens pour que justice soit rendue à ces patients morts dans des conditions inacceptables qu’ils estiment relever de la négligence médiale.
Cela, même si la Santé soutient que selon le rapport du Fact Finding Committee (FFC) — qui ne sera pas rendu public — sur les 11 cas, seuls deux se rapporteraient à de la négligence médicale et ont été transmis au Medical Council.
Quoi qu’en dise le ministre de la Santé, Kailesh Jagutpal — avec qui l’un des représentants des familles et le secrétaire de la Renal Disease Patient’s Association, Bose Soonarane, a eu une rencontre la semaine dernière pour évoquer le sujet et réclamer la publication du rapport du FFFC — ou le rapport du Medical Complaint Standing Committee, les proches des patients dialysés décédés du Covid n’en démordent pas : il y a eu négligence médicale menant à leur décès. Et ils comptent bien leur rendre justice.
Pour ces familles, si selon l’annonce du ministre les retombées du rapport du Medical Complaint Standing Committee font état que sur les 11 patients dialysés décédés seulement deux sont considérés comme étant de la négligence médicale — lesquels cas seront référés au Medical Council —, il y a eu divers manquements qui doivent être considérés comme de la négligence médicale.
“Mort d’hommes”
Notamment entre le moment où ces patients ont été récupérés de leur domicile pour se rendre au centre de quarantaine de l’hôpital de Souillac et leur admission, qui s’est faite tard dans la nuit, les repas contre-indiqués dans leur état (mines frites, briani, bananes…) qui leur ont tout de même été servis, le fait que certains n’ont même pas eu de repas et se sont rendus à leur session de dialyse sans rien consommer avant, ou encore la réduction du temps des sessions de dialyse…
. “Il y a de nombreuses lacunes dans la prise en charge qui ont conduit à ces décès subits”, martèlent les proches. Ils comptent s’adresser directement au FFC pour obtenir une copie du rapport sur chacun des patients décédés.
Les familles affligées comptent aussi s’adresser au Directeur des Poursuites Publiques pour réclamer une enquête judiciaire. “Il y a eu mort d’hommes”, rappelle le secrétaire de la Renal Disease Patient’s Association (RDPA), Bose Soonarane. Dans ce contexte, les proches des patients dialysés décédés envisagent également faire une déposition à la police pour homicide. Ils comptent loger une poursuite au civil pour réclamer un dédommagement.
“Nous ne pouvons laisser passer ces cas de négligence. Ces personnes étaient en bonne santé avant de se rendre à l’hôpital de Souillac. Comment se fait-il que sur 11 cas, deux seulement relèveraient de négligence et les neuf autres non ? D’autant qu’il y a aussi d’autres informations que le fameux rapport du FFC ne mentionne pas deux cas mais plus de cas”, disent certains proches.
Surtout qu’outre le fait qu’aucun proche ni la Renal Disease Patient’s Association n’aient obtenu une copie du rapport. C’est par le biais d’une simple lettre envoyée à deux familles que les parents ont été informés que seulement deux personnes ont été considérées comme ayant été victimes de négligence médicale. Raison pour laquelle, au-devant de tant de flou, certaines familles ont déjà pris contact avec leurs hommes de loi pour aller de l’avant et référer les 11 cas devant une cour de justice.
Parallèlement, les proches des patients dialysés décédés du Covid organisent une marche le 23 avril à laquelle ils convient tous les Mauriciens. L’objectif de cette sortie est de rendre hommage à ces victimes ainsi qu’à tous ceux décédés du Covid.
Pour l’occasion, la marche qui démarrera du Jardin Telfair se dirigera vers la plage où aura lieu une cérémonie durant laquelle des fleurs seront jetées à l’eau en hommage à tous ces êtres partis trop tôt. Dans un deuxième temps, ces familles comptent obtenir la permission pour installer une stèle en souvenir de ces 11 patients. Cela, outre celle que le ministère de la Santé compte installer dans la cour de l’hôpital de Souillac.