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DÉVELOPPEMENT DE MELLA VILLA: Des rochers enlevés de la mer par des bulldozers

Ce ne sont pas le bruit des bulldozers qui les ont alertés, mais bien des masses de pierres gisant tristement en face du complexe Mella Villa Ltd, un hôtel haut de gamme en construction, à Turtle Bay, Balaclava. C’est le triste constat dressé par une dizaine de pêcheurs et quelques habitants de Balaclava, hier matin. Ils craignent que la même situation que celle survenue en face de l’Intercontinental, il y a deux années, ne se répète. Des rochers, des coraux et du sable avaient été enlevés à grande échelle, allant même jusqu’à faire l’objet d’un reportage dans l’émission télévisée française Thalassa.
Plusieurs officiers du ministère de la Pêche et de l’Environnement, y compris plusieurs éléments de la force policière et des gardes-côtes, se sont déplacés sur les lieux, hier, à la mi-journée. Mais silence radio du côté des policiers et gardes-côtes qui nous ont référé au propriétaire, beaucoup plus apte, selon eux, à nous renseigner. Interrogé, le propriétaire de l’établissement hôtelier, réticent à dévoiler son identité, se défend bec et ongles. « Nous avons bien enlevé les rochers mais nous sommes en conformité avec les lois », insiste-t-il. Soutenant ses propos, il nous montre, après de longues hésitations, son Environment Impact Assessment (EIA) licence, datant de décembre 2010, dûment délivré par le ministère de l’Environnement où il est clairement stipulé qu’il ne peut installer « perméable submerged break water structure ». C’est d’ailleurs, dit-il, pour cette même raison qu’un procès est actuellement en Cour, au Tribunal de l’Environnement. « Nous voulions installer des structures pour mitiger le déferlement des vagues, mais avons maintenant annulé », explique-t-il.
Preuve à l’appui, il explique qu’il prévoit d’embellir la plage en face de l’hôtel sur une distance de 130 m le long du littoral, aménager une zone de baignade d’une dimension de 60 m parallèle aux côtes s’étendant sur une distance de 5 m au nord du site de l’hôtel, installer un offshore floating platform de 7m par 7m, et la construction d’un floating jetty, et installer des « sea anchors at either boundary at site ». A la question de savoir s’il a bien un Environment Monitoring Plan (EMP) délivré par le ministère de l’Environnement, il répondra par l’affirmative. Toutefois, le propriétaire a catégoriquement refusé de nous montrer les conditions attachées à son EIA licence. « Je suis Mauricien et j’agis en tant que citoyen responsable. Je suis né ici et j’aime mon pays, je ne ferai rien qui contribuerait à débalancer notre écosystème marin. J’ai respecté toutes les conditions qui y sont attachées », insiste-t-il. Il maintient avoir consulté les stakeholders comme stipulé dans le EIA licence et ajoute que 130 sur 143 pêcheurs ont été grassement payés. Deux hôtels à proximité, selon lui, ont payé la somme de Rs 20 000 à Rs 25 000 aux pêcheurs pour 300 mètres de plage alors que, lui, possède uniquement 100 m de plage. « J’ai été plus que généreux. Mais là aussi, certains veulent plus », déclare-t-il.
Or, les 13 pêcheurs n’ayant pas accepté ne l’entendent pas de cette oreille. « Se touzour meme refrain. Enn bann inn pren kass apre ki Syndicat Pesers inn negocier pou zot, enn partie pane pren. Ala kot nou ete zordi. Missie la ena enn case la cour mais sa na pas pe empess li pou tir ross alors ki illegal sa », déclarent-ils. « Nous ne sommes pas contre le développement, ni contre cet hôtel, mais il n’est pas possible que nous regardions le promoteur abîmer notre lagon, source de notre gaigne-pain », soutiennent ces pêcheurs mécontents.
« L’on ne peut continuer à brader nos plages ainsi. Années après années, elles diminuent. Les pêcheurs sont directement concernés et ce n’est pas en leur donnant une certaine somme d’argent avec la complicité de l’Etat, que le promoteur a toutes les libertés pour faire comme bon lui semble », affirme une habitante, révoltée. Rappelant que la plage relève du domaine public, notre interlocutrice affirme que le gouvernement se doit d’être plus responsable et sévère en ce qu’il s’agit de nos lois, surtout que l’on se vante du concept Maurice île Durable (MID).
Le propriétaire de Mella Villa Ltd affirme que les travaux de l’hôtel sont presque achevés. L’établissement hôtelier comportera 52 chambres et six villas pied dans l’eau. Le concept consisite à « mingle Asian hospitality and Mauritian friendliness », dit-il.
Week-End n’a pas été en mesure de vérifier la teneur des déclarations des propos du propriétaire pour cause d’indisponibilité des officiers du ministère de l’Environnement.

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