Cyclone intense Garance : 42 heures de classe III pour des soupçons de pluies

Garance à son point le plus rapproché, soit à 200 km à l’Ouest de Le-Morne à 10 h ce vendredi matin

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Depuis mardi matin avec l’avertissement de cyclone de classe II et le phénomène météorologique, ayant en ligne de mire les îles sœurs des Mascareignes, soit Maurice et la Réunion, tous les espoirs étaient permis pour face face à la sécheresse. Mais après 42 heures de classe III et plus d’une vingtaine de bulletins pour le cyclone intense Garance, le bilan pluviométrique est assez décevant. Des soupçons de pluies en fin de journée d’hier. Garance devait se retrouver à son point le plus rapproché de Maurice, soit à 200 km à l’Ouest de Le-Morne vers 10 heures ce vendredi matin.

Du côté du niveau des réservoirs, les relevés de ce matin ne devraient pas être brillants car à hier 16 heures, la plus forte pluviométrie au cours des dernières 24 heures a été enregistrée du côté de Nouvelle-Découverte, soit 43 millimètres. Puis suivent dans l’ordre: Mon-Loisir S. E.: 31,6 mm, Moka: 24,8mm; Chitrakoot: 21;1mm; Domaine-Les-Pailles: 16,6 mm; Port-Louis (Line Barracks): 15,2 mm, Vacoas: 10,3 mm (29,6 mm à 4 ce matin), Mare-aux-Vacoas 19,9 mm (à 4 h ce matin) ou encore Grand’Bassin: 5,8mm (21,6 mm) à 4 heures ce matin. Ainsi, avec l’éloignement de Garance dans les mers du Sud, l’équation de stress hydrique se pose encore dans toute son acuité pour Maurice.

Par ailleurs, la journée d’hier a été plutôt calme à travers l’île malgré une alerte cyclonique de classe III. La National Emergency Operations Command (NEOC) opérait au niveau III avec plusieurs organismes réunis au National Disaster Risk Reduction Management Centre (NDRRMC). En parallèle, les 12 collectivités locales – mairies et conseils de district –  étaient aussi actives avec des personnels et logistiques mobilisés pour assurer les services d’urgence surtout en cas de débordement.

Dès la nuit de mercredi, des éléments du Mauritius Fire and Rescue Service (MFRS) ont enlevé des branches et arbres tombés à Coromandel (Pavé d’Amour), Providence (La-Porte), et Poste-de-Flacq. Entre-temps, les éléments de la Special Mobile Force, les pompiers et les techniciens du Central Electricity Board (CEB) ont sillonné les régions pour élaguer des branches qui risquent d’interférer avec le réseau électrique et des lignes de haute tension, comme à Cité EDC, Pamplemousses.

Dès la matinée d’hier, le NEOC a accusé réception de multiples appels concernant des personnes qui pratiquaient des activités à la plage en dépit des risques potentiels avec le mauvais temps. Des insouciants avaient fait fi des consignes de la National Coast Guard. À la mi-journée, les autorités policières étaient étonnées du nombre de personnes à la plage surtout sur le littoral Ouest. Le NEOC a même lancé un appel à la mi-journée pour demander à ces personnes de ne pas s’exposer aux dangers.

« Nous avions demandé à ces personnes de rentrer en disant par exemple qu’un homme est porté manquant à Pointe-aux-Cannoniers. Mais, beaucoup n’ont pas porté attention à ces consignes », fait-on comprendre de la NCG, déplorant le fait que des parents laissaient leurs enfants se baigner avec des courants forts en cette période cyclonique. « Kan nou koz ar zot, zot dir pena lamann pou sa. » Une lacune à remédier dans la loi.

Par ailleurs, les services d’urgence avaient également été sollicités sur le terrain. Des ambulances ont transporté des patients, nécessitant des aides médicales urgentes dans les hôpitaux régionaux de l’île. Tandis que pour des cas moins graves, la Mauritius Red Cross Society Team a visité les patients chez eux. Ils ont aussi assuré le transfert d’une dizaine de personnes dans les centres médicaux pour des soins poussés.

Parallèlement, des blindés de la Special Mobile Force (SMF) étaient en Standby dans les hôpitaux, soit Jeetoo à Port-Louis, SSRNH au Nord, à Flacq, Victoria et Nehru à Rose-Belle. Des équipements médicaux d’urgence ont été installés dans ces véhicules et ces derniers ont prévu de sortir si les conditions météorologiques ne permettaient pas le déplacement des ambulances.

De son côté, le commissaire de police, Ravine Sooroojeebally, a donné des instructions pour que des équipes de la SMF et la Special Support Unit (SSU) soient mobilisées sur le terrain le soir à l’approche du cyclone dans la région. Des équipes ont pris place à des endroits stratégiques dès 16h comme à La-Chaussée et la rue La-Poudrière à Port-Louis. Même s’il n’y avait presque personne dans cette zone hier, la police a pris cette disposition au cas où un automobiliste se retrouverait en difficulté en ces lieux, mais aussi au centre-ville et aux zones à risques de Port-Louis et cela, en vue des interventions rapides.

D’autre part, une centaine de personnes ont été recensées dans une quinzaine de centres de refuges. Ces réfugiés, venant majoritairement des circonscriptions Nos 1, 2 et 3, se sont rendus sur place par mesure de précaution en raison de l’état de leur toit ou encore qu’ils résident dans des Flood-Prone Areas. Le ministère de l’Intégration sociale leur a fourni des repas chauds et des matelas pour qu’ils puissent passer la nuit. En début de soirée d’hier, toutes les routes à travers l’île étaient praticables et le réseau électrique et de télécommunications était opérationnel sans faute.

Réunion – Prévisions

La trajectoire de Garance pour aujourd’hui

Vendredi en début de matinée

Le modèle AROME prévoit que pour La-Réunion, le pic de la dégradation en termes de vent devrait débuter en fin de nuit ou tôt ce vendredi matin. En début de matinée, les rafales qui soufflent au secteur Est approchent les 100 km/h sur le Nord et le Sud. Sur les hauteurs, les valeurs sont déjà cycloniques localement. En revanche, le littoral Ouest est à l’abri du relief.

En milieu de matinée

Dans la matinée, le cœur du cyclone traverse La-Réunion. Selon cette prévision, le Nord, le Nord-Ouest, les hauts et la région des plaines connaissent des vents destructeurs avec des rafales de l’ordre de 200 km/h. Sur le Sud, le vent continue de monter en régime alors que certains secteurs de l’Ouest et du Sud-Ouest sont temporairement à l’abri.

Vers la mi-journée

En milieu de journée, le centre du cyclone transite au Sud-Ouest de La-Réunion. Le vent tourne alors au secteur Nord et rentre violemment sur l’Ouest et le Sud-Ouest et se renforce sur le secteur Sainte-Rose.

Vendredi soir

Par la suite, les vents faiblissent rapidement à mesure que le système s’éloigne. Malgré tout, en soirée de vendredi les rafales restent fortes sur le secteur Ouest, Sud-Ouest et dans une moindre mesure sur Sainte-Rose. En revanche, le Sud se retrouve à l’abri du relief alors que sur le Nord, le vent continue de baisser en régime.

Les touristes délaissent la plage à Grand-Baie

À Grand-Baie, les touristes résidant dans les hôtels du littoral ont été conseillés de rester à l’intérieur en raison de l’avertissement de classe III. La mer était démontée par moments et les algues provenant du fond marin ont été projetées sur la plage, vouant à l’échec toute tentative de faire une trempette.

D’autres touristes plus téméraires ont profité du temps maussade pour faire du jogging sur la plage ou encore venir en aide aux pêcheurs, qui éprouvaient des difficultés à retirer leurs embarcations de la mer en raison du mauvais temps, caractérisé par de fortes houles;

L’avertissement de classe III a aussi obligé les habitants du Nord à changer leur mode de fonctionnement en raison de la fermeture des supermarchés. Ils se sont rués alors vers les petites boutiques du coin pour se procurer du pain et pour compléter leurs provisions.

«Ti-laboutik pe rann nou servis », déclare un skipper de la localité, qui se plaint en même temps avoir perdu deux journées de travail en raison d’une part du jour férié de mercredi et l’avertissement de classe III de ce jeudi. Il est venu acheter des bougies, du pain, des allumettes, des boîtes de conserve, de la farine et le fameux biskwi Kabinn. Et cela par mesure de précaution.

Même des touristes qui sont installés dans les bungalows de la localité, ont dû se rabattre chez les petites boutiques du coin, dont cette touriste sud-africaine qui devait prendre l’avion jeudi.

« Je devais prendre l’avion jeudi, mais en raison du mauvais temps l’aéroport n’est pas opérationnel. Croyant que j’allais prendre l’avion ce jeudi, j’ai dû donner à une connaissance toutes mes provisions. Je n’ai rien à manger maintenant vu que les supermarchés sont fermés. Voilà pourquoi je suis là », dit-elle dans un éclat de rire..

Le temps durant toute la matinée était maussade. La grisaille a prévalu durant toute la journée. Une coupure électrique est intervenue vers 14 h. C’est vers 16 h que des grosses averses ont commencé à s’abattre sur la région Nord, obligeant ceux qui sont venus faire des derniers achats à rentrer chez eux assez rapidement pour éviter des risques de faire face à des inondations.

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