À Maurice, les actes de cruauté perpétrés sur les animaux sont nombreux et en constante hausse. Dénoncés et exposés sur les réseaux sociaux, les faits divers ne cessent de se multiplier, alors que les peines appliquées restent majoritairement dissuasives.
La succession d’affaires sordides a poussé les Ong à demander une rencontre avec le Directeur des Poursuites Publiques (DPP), Rashid Ahmine a donné l’importance nécessaire à la cruauté animale en désignant un officier pour traiter directement avec les policiers sur les cas de cruauté rapportés. Lors d’une rencontre, mercredi, avec les représentants d’Organisations non gouvernementales (ONG), le DPP a annoncé que tous les cas relevant de la loi sur la cruauté envers les animaux signalés à la police seront désormais instruits par son bureau.
Trois points ont été retenus, mercredi dernier, lors d’un échange fructueux entre l’Animal Welfare Coalition (qui regroupe plusieurs ONG et menée par l’activiste Reda Chamroo) et le DPP Rashid Ahmine, afin d’identifier et de trouver des solutions concernant l’application de la loi. Premièrement, les cas de cruauté seront désormais pris plus au sérieux et informés par le bureau du DPP. Un officier chargé spécifiquement de chaque requête a été désigné par le DPP pour traiter directement avec les policiers sur les cas de cruauté rapportés et faire un suivi. Deuxièmement, dans les cas où des éléments seraient manquants, le bureau du DPP pourra demander une enquête plus approfondie. Et troisièmement, le DPP compte demander un rapport intérimaire à la police, s’il y a des plaintes, et pour savoir où en est l’enquête afin que celle-ci soit bouclée.
Pour rappel, l’Animal Welfare Act 2013 a été amendé dans le Finance Bill d’août 2022, permettant le durcissement des peines contre les tortionnaires d’animaux et contre les responsables d’abandons. Les mauvais traitements, les tortures, l’abandon; la privation de nourriture, d’abreuvement, de soins et d’abri sont désignés comme étant des actes de cruauté. Des actes qui, d’après la nouvelle loi, seront lourdement sanctionnés. Cette année, l’amende est passée de Rs 15,000 à Rs 500,000 et l’emprisonnement de 6 mois à 10 ans pour toute personne trouvée coupable de cruauté envers un animal. Toutefois, si la loi a été amendée, il n’y a pas d’implémentation et les peines appliquées restent peu dissuasives. On se souvient du cas de Bambous (pendaison d’une chienne pleine par son maître) et de l’émoi que cela avait suscité et où le coupable avait pris deux semaines de prison et écopé d’une amende de Rs10,000.
Pour les ONG, le durcissement des sanctions encourues et prononcées doit permettre de dissuader les auteurs d’actes de cruauté. À Maurice, les violences commises à l’égard des animaux ne cessent d’augmenter. Les services de police ont enregistré une cinquantaine de cas depuis le début de cette année. Seulement pour le mois de février, des dizaines de cas ont été constatés. Les violences physiques touchent chiens et chats.
Mais les principales victimes ne sont pas les adultes. Chiots et chatons sont également concernés. Les sévices entraînent pour la plupart la mort de l’animal. Parmi ces exactions horribles, certains correspondent à des atteintes volontaires à la vie de l’animal et des sévices graves. Ces actes de barbarie, présentes aussi bien dans les zones rurales que dans nos villes, mettent en cause les hommes aussi bien que les femmes.
Le mois de février était particulièrement abondant en événements horribles, une vague d’empoisonnements (l’une des formes les plus fréquentes de cruauté animale) de chiens de plage, de chien poignardé, de chiot battu violemment et de cas d’abandons. La volonté de nuire aux animaux errants et aux animaux de compagnie des voisins qui importunent certains au quotidien sont parmi les motivations les plus fréquemment exprimées. Les animaux en liberté et en divagation expliquent également la plus grande utilisation de l’empoisonnement. Le 26 février, à Vieux Grand Port, un chien a été transporté d’urgence à la clinique vétérinaire après qu’il ait été blessé à l’arme blanche. Le lendemain à Goodlands, un chiot, qui saignait abondamment du ventre à la suite de plusieurs fractures, a été sauvé et transporté d’urgence à la clinique. Ce chiot avait été battu violemment, recevant des coups sur tout le corps. Il avait même été projeté contre un mur en béton.
D’autres cas de cruauté ont suivi, l’empoisonnement de 10 chiots et de leur maman. Si les bénévoles dévoués et engagés dans la cause animale ne cessent de dénoncer les cas sur les réseaux sociaux, il n’empêche qu’une multitude de maidonnes restent cachés dans le secret des maisons.
Aujourd’hui, porter les affaires devant la justice permettra de mieux sensibiliser les magistrats en vue d’augmenter les sentences et afin d’améliorer le sort de nos animaux.
Selon les ONG, notre pays devrait s’inspirer des pays développés, plus sévères à l’égard de la cruauté animale.
La peine privative de liberté encourue est de 5 ans en Irlande, 4 ans en Finlande, 3 ans en Suisse et en Allemagne. La peine peut, elle, aller jusqu’à 250,000 euros en Irlande, 100,000 euros en Espagne et 50,000 euros en Allemagne.