Collèges privés : la FOM accentue la pression et met en garde contre des changements « cosmétiques »

La Federation of Managers (FOM) des collèges privés a dressé un bilan de la situation après plusieurs tentatives de trouver un consensus sur la nouvelle formule de financement par le gouvernement. Les dirigeants concernés indiquent qu’il n’y a pas eu de progrès marquants depuis leurs premières mobilisations, remontant à 2022. Lors des récentes réunions avec la vice-Première ministre et ministre de l’Éducation, Leela Devi Dookun-Luchoomun, des changements « cosmétiques » ont été annoncés, selon la fédération. Elle réitère de fait son appel pour plus de liberté pédagogique et de gestion.

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À la veille de la dissolution de l’Assemblée nationale et de la tenue des élections générales, la FOM a souhaité faire un constat de la situation des collèges privés. La fédération rappelle que le partenariat avec le gouvernement dans le cadre de l’éducation gratuite remonte à 1977 et que, jusqu’à 2021, il n’y avait jamais eu de problèmes. « En 2021, la formule de grant aux collèges privés a changé. Malheureusement, en tant que Major Stakeholders, nous n’avons pas été partie prenante des discussions afin de trouver un consensus avant l’application de la nouvelle formule », souligne Ramdass Ellayah, le président.

La FOM souhaite qu’au prochain gouvernement, après les élections, le responsable politique chargé du dossier de l’éducation soit ouvert au dialogue et que le Technical Working Group, avec les managers, pourra être réactivé. Concernant les dernières rencontres avec Leela Devi Dookun-Luchoomun, la FOM indique qu’il y a eu quelques changements « cosmétiques », mais que, dans le fond, le problème reste entier.

La fédération réitère ainsi sa demande pour avoir un représentant sur le Technical Working Group, comme c’était le cas par le passé. « La raison qui nous a été donnée est que nous ne pouvons être juge et partie. Mais que nous le sachions, ce n’est pas nous qui prenions les décisions au sein du TWG. Le Chairman nous soumet les décisions pour des délibérations », fait-on comprendre. Dans la foulée, la FOM se dit en faveur d’une présidence indépendante du TWG. Pour l’heure, la Senior Chief Executive de l’Éducation assume cette responsabilité.

Ramdass Ellayah attire également l’attention sur les amendements à la PSSA Act, remplacée depuis par la PSEA Act. L’ancienne loi, dit-il, faisait mention du « payment of grants properly accruing to secondary or pre-vocational schools », parmi les responsabilités de l’autorité. Or, sous la PSEA Act, cette section est devenue : « The payment of grants to secondary and pre-vocational schools and ensuring that the grants are being used for the intended purposes. »
Pour le président de la FOM, tous les problèmes ont commencé à partir de là. « Nous n’y avions pas fait attention au départ. Ce n’est que lorsque la PSEA est venue avec la nouvelle formule que c’est devenu évident. Avec ce changement, c’est comme si le gouvernement ne devait rien aux collèges privés », s’indigne-t-il. Dorénavant, ajoute-t-il, il n’y a qu’une seule personne qui décide de tout, soit le directeur de la PSEA, Shiv Luchoomun, qui est aussi l’époux de la VPM et ministre de l’Éducation.

Oodesh Bhowon, Manager de l’Universal College, plaide, lui, pour la liberté de gérer son établissement, selon ses besoins. « Aujourd’hui, on parle d’Holistic Education. Cela englobe le côté académique, les activités physiques et artistiques, mais aussi la santé mentale. À notre collège, nous avons fait appel, par le passé, à l’organisation Art of Living pour des cours de relaxation aux élèves. Cela aide à la gestion du stress et répond aux besoins avec les cas d’indiscipline. Malheureusement, avec les nouvelles exigences de la PSEA, nous ne pouvons plus le faire », fait-il ressortir.

Ce genre d’activité, souligne-t-il, ne figure pas parmi les dépenses autorisées de la PSEA. « Il y a un contrôle absolu de l’autorité. Les collèges doivent pouvoir faire des projets selon leurs cultures, leur ADN. L’approche One Size Fits All n’est pas adaptée. Valeur du jour, nous roulons au point mort. Nous ne pouvons plus innover. »

Le Dr Jimmy Harmon, directeur adjoint du Service diocésain de l’éducation catholique (SeDEC), a pour sa part fait ressortir qu’environ 77 collèges privés regroupent près de 50 000 élèves. « Les collèges privés accueillent des enfants venant principalement de milieux modestes. Ce qui veut dire qu’il faut répondre à leurs besoins », avance-t-il. Il fait ainsi référence à une réponse de la VPM et ministre de l’Éducation à l’Assemblée nationale, en 2022, concernant l’interdiction de la PSEA d’offrir le déjeuner dans un collège. « Elle avait dit que les enfants nécessiteux sont déjà répertoriés dans le Social Register Mauritius. Est-ce à dire que si un de nos élèves est dans le besoin, nous ne devons pas l’aider et qu’il faudra l’inscrire au SRM ? Nos écoles ont aussi un rôle social à jouer », s’offusque-t-il.
Il a également plaidé en faveur de la liberté pédagogique. « Il nous est impossible d’être créatifs par rapport aux besoins de nos enfants. C’est l’autorité qui décide de ce qui est bon ou pas. Pas plus tard que cette semaine, le cardinal Piat nous a demandé d’être créatifs par rapport à l’Extended Programme. Mais comment faire si nous n’avons pas de liberté pédagogique ? » poursuit-il.

Bashir Taleb, consultant des collèges Islamic, fait ressortir de son côté que la révision de la formule de subvention chaque année avait initialement pour but d’ajuster et mieux appréhender l’avenir. Mais avec la nouvelle formule, c’est le contraire qui s’est produit. « Quand vous consultez le site Web de la PSEA, vous voyez que les collèges ont reçu beaucoup d’argent. Mais dans la réalité, ce n’est pas le cas, puisqu’il y a une longue liste de la PSEA, des dépenses que vous ne pouvez faire. Et il faut dépenser pour avoir l’argent. » Selon lui, s’il y avait des consultations, les Managers et l’autorité auraient pu discuter des projets de développement, tout en restant dans les paramètres définis.

De son côté, Mike Phanjoo, vice-président de la FOM, a élaboré sur les contraintes administratives imposées. Il parle même d’incohérences entre certaines exigences de la PSEA et certaines lois.

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