- Les élections, décidées par Sunak pour le 4 juillet, repoussent l’échéance de la conclusion du Common Statement du 3 novembre 2022 au sujet de l’exercice de la souveraineté sur l’archipel
- L’Hôtel du GM épluche les options, la ligne de communication politico-diplomatique Port-Louis/Londres au niveau des officiels restant maintenue
- Ramgoolam lapidaire : « Mauritian government have not been able to negotiate as they should »
- Arvin Boolell : « UK Labour party in opposition seems to be favourable. Will it maintain its position in Government? »
Le dossier de la souveraineté inaliénable de Maurice sur l’archipel des Chagos se décline comme la principale Collateral Victim de la dissolution de la Chambre des Communes et la tenue des élections législatives du 4 juillet au Royaume-Uni. C’est le cas de le dire, puisque le mince espoir entretenu par Maurice pour arracher un accord dans l’immédiat avec le Royaume-Uni, découlant du Common Statement du 3 novembre 2022 sur fond de Droit international, s’est estompé irrémédiablement. Probablement ce qui explique la déclaration de Sébastopol samedi du Premier ministre, Pravind Jugnauth, à l’effet que « mo pasians ena limit » au sujet des négociations avec Londres quant à ce même dossier des Chagos. Dans la nouvelle conjoncture politique à Londres, après l’opération du No 10 D(r)owning Street du 22 mai, Port-Louis devra davantage preuve de patience, car aucun développement sur ce dossier des plus délicats, que ce soit sur le plan politique ou de la sécurité internationale, ne peut être envisagé comme étant Forthcoming dans l’immédiat.
Avec le scénario des élections législatives du 4 juillet au Royaume-Uni et les perspectives de plus en plus précises de la campagne pour les générales à Maurice dès la conclusion des débats sur le budget 2024/25 et l’adoption du Finance Bill au tout début de ce même mois de juillet, tout dénouement sur le Move initié par l’ancienne Première ministre britannique Liz Truss, en date du 21 septembre 2022, portant sur « the completion of the decolionisation process of Mauritius », ne devra revenir qu’aux nouveaux gouvernements issus des urnes, et installés à Londres et Port-Louis, au cours du second semestre de cette année.
D’où ce « goût amer politique inachevé et de volte-face des Anglais » ressenti dans des milieux politiques autorisés à Port-Louis, d’autant plus qu’il y a un peu moins d’un mois, une communication officielle du Foreign Office faisait état de la conviction déclarée du Premier ministre, Rishi Sunak, de compléter les consultations engagées depuis novembre 2022. Pourtant, à cette dernière date, les deux gouvernements avaient signifié leur intention respective de parvenir à un accord dans leurs délais.
À un certain moment, il était question d’une annonce conjointe autour du 12 mars 2023, soit lors du 55e anniversaire de l’indépendance de la République de Maurice, ouvrant du même coup la porte à un loyer, à coups de milliards, pour la location à bail de la base nucléaire et militaire de Diego Garcia aux Américains. Mais très vite, les auteurs de cette théorie politico-diplomatique ont déchanté, les élections du 4 juillet prochain se présentant comme « a straw that breaks the camel’s back ».
Mais du côté de l’Hôtel du gouvernement, tout en évitant de commenter publiquement le dossier des Chagos, les différentes options sur la table sont passées en revue, que ce soit sur les plans politiques, diplomatiques ou juridiques, en vue de décider de la meilleure approche pour traduire dans la réalité l’Advisory Opinion de la Cour internationale de justice du 25 février 2019 et de la résolution de l’Assemblée générale des Nations unies du 22 mai 2019, en particulier l’ultimatum au 22 novembre 2019 (résolution No 73/295) imposant aux Anglais un départ sans condition des Chagos.
Des recoupements d’informations effectués par Le Mauricien auprès de sources politiques et politiques concordantes indiquent que pendant la période du Cartetaker Government à Londres, les contacts entre Londres et Port-Louis devront être maintenus au niveau des officiels. À ce titre, le Contact Point diplomatique de Maurice, l’ambassadeur Jagdish Koonjul, qui était la semaine dernière en mission officielle à New Delhi, participant à une séance de travail avec le ministre des Affaires étrangères indien, Jayshankar, assurera ces échanges avec ses Countertparts britanniques.
Réagissant à cette situation de Stalemate sur le dossier des Chagos, quatre ans après l’Advisory Opinion de la Cour internationale de justice, statuant de manière sans équivoque en faveur de Maurice, l’ancien Premier ministre Navin Ramgoolam a été des plus lapidaires. « Mauritian government have not been able to negotiate as they should», dira-t-il à cet effet au Mauricien.
De son côté, l’ancien ministre des Affaires étrangères et Leader of the Opposition-in-Waiting, Arvin Boolell, avance : « I am of opinion that Labour Party under the Prime Ministership of Keith Starmer will uphold the advisory opinion of the International Court of Justice . Besides it was approved by a majority vote at the UNGA. And in doubt it is. Consider that, in 2017, the UN General Assembly ignored Britain’s protestations and voted 94 to 15 in favour of requesting an advisory opinion on the Chagos dispute from the ICJ. »
« Since it is likely that Labour Party will be the next Government let us hope the process for an outcome will be inevitable. UK Labour party in opposition seems to be favourable. Will it maintain its position in Government ? » se demande encore Arvin Boolell. Ajoutant : « The issue of resettlement of Chagossians remains a sore point despite firm assurances given to Chagossians. Chagossians who settled in Uk and Seychelles dissociate themselves from the ruling given by ICJ and endorsement by UNGA. »
Reprenant sa formule consacrée, le leader de l’opposition affirmera : « Nothing is agreed until everything is agreed on a sovereignty and terms and conditions of lease. The payment of lease should remain strictly confidential be lease by US will be for an indefinite period as the security and defense remains the backbone of the accord. »
Arvin Boolell ne manquera pas de relever plus que la maladresse politique de l’ancien Premier ministre britannique Boris Johnson, en dénonçant à la fin de l’année dernière un Done Deal sur le retour des Chagos à Maurice, en brandissant le spectre de la République populaire de Chine dans les mers de l’océan Indien. « Boris Johnson’s advice to Prime Minister Sunak looked desperately unsound and out of touch. Other Conservative MPs like Daniel Kawczynski and Iain Duncan Smith have made these intimations before. It is a canny rhetorical move, given the strength of anti-China feeling that exists across the West », dénoncera Arvin Boolell.
Par ailleurs, la campagne d’intimidation Spearheaded à Whitehall par le Foreign Secretary et ancien Premier ministre Lord Cameron, a pesé de tout son poids dans le gel de la concrétisation du Common Statement du 3 novembre 2022 jusqu’ici. Toutefois, à Port-Louis, la détermination de compléter le processus de décolonisation reste de mise…