- « Je maintiens mes propos sur Sandra Mayotte »
Le député travailliste et ingénieur civil Osman Mahomed n’en démord pas sur la catastrophe survenue à Tranquebar, dimanche dernier, où une maison à étage appartenant à la famille Ramsahye s’est effondrée à la rue Swami Sivananda. Il déplore le fait que la PPS Sandra Mayotte ai balayé d’un revers de main ses signaux d’alarme sur ce que lui et les habitants avaient depuis longtemps prédit. Osman Mahomed a aussi tiré à boulets rouges sur le contracteur, EDCC Ltd, qui aurait fait preuve d’amateurisme et de négligence dans cette affaire.
l Faisons un retour en arrière. Entre le 26 janvier et le 3 août 2018, trois maisons ont cédé à Tranquebar suite à des glissements de terrain, dont celle de Saroj Silochurn, qui avait été prise au piège à l’intérieur. Qu’est ce qui a été fait de concret ou qui aurait dû être fait entre 2018 et 2023 pour endiguer ce phénomène ou éventuellement l’assainir ?
Des travaux ont été effectués dans ces zones extrêmement à risques, mais les autorités ont occulté l’élément le plus important qui demeure les travaux de base consistant au nettoyage systématique et en profondeur des drains du Ruisseau du Pouce. Je ne compte plus le nombre de fois où j’ai tiré la sonnette d’alarme auprès des parties concernées. La performance d’un bon système de drains se fonde sur trois facteurs : sa pente, sa grandeur et le plus important, sa propreté qui facilite l’évacuation de la masse d’eau. On a vu les dégâts survenus lors du cyclone Belal suite à la mauvaise maintenance de drains remplis de terre, de pierres et de vieux déchets accumulés au fond du Ruisseau du Pouce. On risque de vivre d’autres catastrophes de cet acabit si le gouvernement ne prend pas les taureaux par les cornes.
l Vous avez eu des mots durs à l’égard du ministre Bobby Hurreram et de la PPS Sandra Mayotte qui auraient, selon vous, une grande part de responsabilité dans l’effondrement de la maison de la famille Ramsahye et les dégâts aux maisons des familles Dindoyal et Kanhye, dimanche dernier.
Je maintiens mes propos sur Bobby Hurreeram et Sandra Mayotte, qui sait pertinemment qu’elle pourra difficilement s’en dédouaner, compte tenu des éléments que j’ai en ma possession. Il faut remonter au 15 mars dernier pour comprendre vraiment à quel type de dirigeants politiques on a affaire en ce moment. Suite à un coup de fil des habitants de la rue Gravier, à Tranquebar, ce 15 mars, lors duquel j’ai pu constater que les habitants exprimaient de vives inquiétudes par rapport à la construction d’un nouveau mur de soutènement, précisément à l’endroit de l’effondrement. Personne ne comprenait en quoi consistaient ces travaux. Moi j’ai bien compris et je suis tombé des nues ! Un mur de soutènement, comme son nom l’indique, est fait pour soutenir le poids des maisons. Un contracteur digne de ce nom aurait détruit l’ancien mur au fur et à mesure, et non d’un seul trait dans cette zone à risques. L’absence du mur de soutènement – qui retenait non seulement l’eau mais aussi et surtout la terre – a fait que l’eau dévalant la montagne a emporté cette terre se trouvant sur son passage et celle soutenant plusieurs maisons. Ce qui devait arriver arriva, malheureusement. Je vous dévoile le nom du contracteur responsable de cette faute professionnelle inacceptable : la compagnie EDCC Ltd.
l Un contracteur, EDCC Ltd dans ce cas, n’est-il pas censé obtenir le feu vert d’un consultant ingénieur avant d’orchestrer son projet ?
C’est clair et net. La méthodologie de la firme EDCC Ltd aurait dû être approuvée par le consultant ingénieur Luxconsult. Je doute que ça ait été le cas car Luxconsult est une compagnie de renom qui a une réputation à garder au même titre que la compagnie Gibb Ltd qui a conçu le projet. Les équipements et la main d’œuvre coûtent cher et je me pose la question de savoir si EDCC Ltd n’a pas fait exprès de détruire le mur de soutènement d’un seul coup pour amortir les coûts. La National Developement Unit (NDU) a une grande part de responsabilité dans ce marasme.
l Revenons aux accusations de négligence que vous avez portées à l’égard de la PPS Sandra Mayotte…
Le 15 mars, dans la foulée, j’ai appelé Sandra Mayotte sur son téléphone, mais elle n’a pas décroché. Je lui ai envoyé un email ; là aussi, pas de réponse. J’en ai informé les riverains. Sur la base de plusieurs témoignages d’habitants, il me revient que Sandra Mayotte a poussé l’absurde au-delà de toutes les limites, en martelant qu’elle n’avait pas l’intention de prendre mon email en considération car NDU pe fer travay-là, selon elle. J’ai alors conseillé aux habitants, à travers un porte-parole, de loger une precautionary measure à la station de Pope Hennessy. Malheureusement, il ne l’ont pas fait. C’est regrettable. Les trois familles affectées par cette sinistre affaire doivent bénéficier d’une compensation financière digne de ce nom. J’espère que l’argent ne sera pas décaissé des fonds publics. C’est l’assureur du contracteur qui doit s’en charger, et non les contribuables.
l Week-End a été mis au parfum d’un autre cas sensible à Tranquebar : l’épée de Damoclès qui plane sur la maison… et sur la tête de Josian Lebon, le premier boxeur mauricien à se qualifier pour des Jeux Olympiques en 1992.
C’est la même chanson. En 2021 et 2023, preuves à l’appui, j’ai alerté la députée Dorine Chukowry, par email, sur l’imminence d’une catastrophe sur la berge du Ruisseau du Pouce à Tranquebar où sont nichées les demeures du boxeur Josian Lebon et deux autres voisins. Une alerte restée lettre morte. Dorine Chukowry a, depuis, été remplacée par Sandra Mayotte et les trois personnes concernées vivent dans la peur chaque jour.
l La rage implacable des inondations et autres flash floods s’abat aussi dans la zone recouvrant les régions de Richelieu, Pointe-aux-Sables et Coromandel, en laissant dans leur sillage un paysage de dévastation. Les mauvaises langues prétendent que l’aménagement des infrastructures a accentué les inondations monstres…
Le gouvernement et Metro Express Ltd ont beau balayer cette thèse, je reste persuadé que le comblement de certaines zones d’évacuation a aggravé les risques d’accumulations d’eau dans ces régions. Le point de départ de ce phénomène se situerait autour de la plateforme du métro au Caudan où le bétonnage à outrance a considérablement ralenti l’écoulement des eaux au Ruisseau du Pouce. Le marasme prévalant à St-Jean est un exemple, s’il en fallait encore un, des conséquences néfastes du passage du métro au sol dans certaines zones. Il aurait fallu privilégier des plateformes ferroviaires en hauteur. C’est peut-être trop tard. Mais il faut rester positif car à tous problèmes, il y a des solutions. Il faut les chercher !