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Bhramba Kullur (avocat spécialisé en immigration) : « C’est triste que le pays perde de si bons potentiels… »

Bhramba Kullur est avocat spécialisé en immigration. Ce Mauricien installé au Canada depuis 2007 est à la tête d’un Immigration Law Office à Ottawa et s’occupe de plusieurs centaines de demandes d’immigration du monde entier.

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Post-pandémie, il nous explique que l’immigration vers le Canada a le vent en poupe, notamment auprès de jeunes professionnels mauriciens. Actuellement de passage dans l’île, il nous explique les dessous de ce phénomène grandissant.

« L’immigration vers un pays étranger, cela se prépare. Il ne suffit pas de remplir un dossier et d’envoyer sa candidature. Il y a toute une préparation mentale à faire en amont », nous dit-il. Bhramba Kullur a su se faire connaître dans le monde de l’immigration au Canada, au fil des nombreuses années à œuvrer dans le domaine. En plus de conseiller les primopartants, il aide aussi légalement les immigrants en difficulté sur le sol canadien. « J’ai commencé en tant que policier et j’ai ensuite entrepris des études de droit. Mes parents, agriculteurs, m’ont inculqué plusieurs valeurs, dont l’importance du travail bien accompli », confie-t-il.

De passage à Maurice pour revoir des proches et pour animer une conférence la semaine prochaine sur cette même thématique, il a souhaité partager ses connaissances et son vécu dans le domaine de l’immigration au Canada. D’autant qu’ils sont nombreux à Maurice à vouloir s’installer sur le continent américain. « Le Canada reste idéal pour les personnes de cultures différentes. C’est un vrai melting-pot. Et sur le plan professionnel, les opportunités sont nombreuses.

D’ailleurs, au Canada, c’est connu qu’une personne changera au moins trois fois de carrière dans sa vie. En effet, la reconversion professionnelle est même conseillée. Je connais un avocat qui s’est reconverti en agriculteur ! » Un aspect qui attire, en plus d’un niveau de vie confortable. Quant au climat qui peut s’avérer rude pour des îliens habitués à un climat tropical, il conseille aux gens de ne pas s’installer en hiver. « Un petit conseil pratique pour faciliter la transition. En même temps, l’hiver dure trois mois de décembre à février. C’est gérable ! »

Ainsi, il explique que « beaucoup de jeunes professionnels de domaines divers viennent me voir avec pour principale envie de changer de vie, pour avoir de meilleures opportunités ailleurs que dans leur pays d’origine, pour eux et pour leurs enfants. » Néanmoins, Bhramba Kullur, qui exerce ce métier depuis bien des années et qui a traité des demandes d’immigration de candidats de 60 pays différents, ne peut s’empêcher d’être triste en voyant tant de « jeunes professionnels talentueux candidater. C’est triste que le pays perde de la sorte de si bons potentiels, mais chacun est libre de choisir la vie qu’il ou elle souhaite mener », dit-il.

Bien réfléchir

De plus, Bhramba Kullur nous confie que plus on est jeune, mieux sera la période d’adaptation et de transition. En effet, l’avocat met un point d’honneur sur cet aspect. Il confie d’ailleurs qu’il lui est arrivé de conseiller à des personnes de ne pas immigrer, s’il voit que toutes les conditions ne sont pas réunies. Et ce, au-delà d’un dossier correctement rempli.

« C’est un grand changement dans la vie d’une personne, sur tous les plans, que ce soit professionnel, émotionnel et culturel. Il faut bien réfléchir avant de prendre une aussi grande décision. » Raison pour laquelle il estime que les jeunes étudiants sont les plus équipés à faire le pas. Il explique que les étudiants internationaux au Canada ont les meilleures chances d’obtenir la résidence permanente. « Ils s’adaptent plus facilement et ont eu l’occasion de comprendre la culture du pays pendant leurs études. Ils n’ont donc aucun problème pour se trouver un emploi. D’ailleurs, après deux ans ou plus d’études supérieures, les étudiants internationaux sont admissibles à trois années de permis d’études poste diplôme. Au cours de ces trois ans, les jeunes finissent par s’installer définitivement et obtenir la résidence permanente. » Les jeunes, observe-t-il, sont plus flexibles.

L’avocat explique aussi qu’actuellement, le gouvernement met continuellement en œuvre de nouvelles politiques pour améliorer le système d’immigration afin d’attirer des travailleurs qualifiés pour faire face à la pénurie au Canada de main-d’œuvre dans le domaine informatique, le secteur de la santé, l’industrie de la construction, entre autres. L’intelligence artificielle est un secteur en évolution rapide au Canada, avec des opportunités de carrière à forte croissance.

« Le Canada a une population vieillissante et le pays est en manque de main-d’œuvre dans ce domaine », dit-il. Ces professionnels-là peuvent candidater pour une demande de résidence permanente sous le programme Entrée Express. Pour une telle démarche, l’avocat compte un temps d’attente entre deux à six mois.

« Évidemment, à condition que tous les critères préétablis aient été respectés, notamment au niveau de l’âge, du niveau d’éducation, de l’expérience professionnelle et du niveau de langue du candidat. »

Il souligne qu’il est aussi important de consulter la liste des secteurs qui recrutent : management, professionnel et technique. « Pour être admissible d’immigrer au Canada, il y a des critères bien précis, il faut en être bien conscient si l’on souhaite les différentes étapes. »

Des éléments essentiels pour réussir sa demande de permis de travail ou de résident permanente. « J’ai traité tellement de dossiers, et j’ai au fil du temps identifié les pièges à éviter, de même que les bons gestes à adopter. » Après la pandémie, il explique que les demandes d’immigration explosent et que le Canada propose actuellement une panoplie de programmes adaptés à différents profils soit pour obtenir un permis de travail, soit pour obtenir la résidence permanente. Sauf que face à cette demande grandissante, l’immigration est devenue « un moneymaking business pour certains. »

« Le plus important c’est de bien lire les instructions et les documents, et de bien faire ses recherches avant de s’engager dans quelconque démarche. » À cet effet, il met en garde contre les personnes malveillantes se faisant passer pour des consultants vendant monts et merveilles. « Je dis tout le temps aux personnes qui viennent me voir de faire leurs recherches. Avec Internet, une simple recherche sur Google peut vous donner toutes les informations nécessaires. Et un conseiller légal est une valeur sûre. »

En plus de devoir lire et répondre aux demandes bien précises du gouvernement canadien, Bhramba Kullur souligne que « le processus d’immigration ne s’arrête pas qu’à l’obtention du permis, quel qu’il soit. Il faut aussi apprendre à respecter les lois existantes du pays dans lequel on décide d’immigrer. »

Il nous raconte avoir représenté des résidents permanents faisant l’objet d’une interdiction de territoire pour fausse déclaration, condamnés pour des infractions graves telles que la conduite en état d’ébriété ou le non-respect de l’obligation de résidence.

« C’est pour cela que je conseille aux personnes qui souhaitent immigrer de prendre le temps de comprendre les lois et coutumes du pays. »

Revenant aux Mauriciens qui souhaiteraient immigrer, il souligne que, généralement, le gouvernement canadien accueille à bras ouverts ces derniers. « Il faut miser sur notre bilinguisme ! D’ailleurs, le Québec attire le plus de Mauriciens. Il y a aussi un programme de mobilité francophone, et cela peut convenir aux immigrants mauriciens », dit-il. De plus, il explique qu’il est aussi important de faire preuve de patience.

« Il y a généralement une période de transition de deux ans pour les nouveaux arrivés. Le plus gros obstacle rencontré, c’est le fait que les Mauriciens qui quittent leur emploi ici ne retrouvent pas le même emploi au Canada. Ils doivent donc faire de petits boulots. Ils font des survival jobs, mais je vous rassure cela est de très courte durée et ils s’adaptent très rapidement. »

Malgré la nature paradoxale de la migration, avec d’une part un pays qui perd de bons éléments et d’autre part un autre qui les accueille, pour des raisons diverses, Bhramba Kullur reste persuadé des bienfaits de la migration en général. « C’est dans la diversité que l’on construit l’unité, et le Canada, bienveillant à bien des égards, est une vraie terre d’accueil », dit-il.

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