La montagne du Morne Brabant est un symbole associé aux esclaves qui s’y cachaient pour échapper à leurs « maîtres », selon la légende. Classée patrimoine mondial par l’UNESCO depuis le 6 juillet 2008, elle fait le bonheur des randonneurs qui s’offrent un magnifique point de vue en prenant de la hauteur sur les paysages du Sud-Ouest. Une croix métallique s’élève en haut du Morne pour se remémorer cette triste partie de l’histoire mauricienne. Hélas, certains randonneurs sans scrupule, en manque de sensations ou en quête de photos mémorables, s’entêtent à grimper sur cette croix, au grand dam des amoureux de l’histoire qui sont sur le pied de guerre pour tenter de mettre un terme à ces incivilités.
« La croix du Morne Brabant démembrée ! » avait titré Week-End dans son édition du 15 octobre 2023 pour qualifier la colère des amoureux de l’histoire, du patrimoine et de la nature, qui avaient découvert que la partie horizontale droite de ce symbole de la chrétienté s’était cassée sous le poids de certains randonneurs. Grâce à l’initiative des membres de l’association Local Spirit, l’élément de la croix métallique a été replacé, deux mois plus tard. Cet épisode avait été relayé en boucle dans la presse et sur les réseaux sociaux. On aurait pu croire qu’il allait susciter une prise de conscience en faveur de sa préservation. Que nenni ! Les images, les unes plus choquantes que les autres, de promeneurs juchés sur la croix pullulent sur la toile.
« On s’entête à conscientiser les promeneurs que ce symbole du christianisme, érigé en mémoire de nos ancêtres, ne pouvait faire office de perchoir, mais on se fait souvent insulter. Pas plus tard que le 5 avril, au moins cinq personnes se sont relayées sur la croix pour faire les singes et prendre des selfies. Ça m’a glacé le sang », confie un guide randonneur. Pour éviter que l’histoire ne se répète, les autorités ont intérêt à mettre hors d’état de nuire ceux et celles qui s’adonnent à de telles incivilités, en clôturant l’accès à ce symbole s’élevant en haut du Morne Brabant pour se remémorer de la triste histoire des esclaves marrons.
