Assises – Verdict dans la soirée d’hier : À 7 contre 2, Bernard Maigrot coupable du meurtre de Vanessa Lagesse

Il a passé sa première nuit à la Prison de Beau-Bassin en attendant une décision sur une demande de remise en liberté provisoire le 16 juillet avec avis d’appel

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Dénouement après 23 ans, trois mois et trois semaines du meurtre de la styliste Vanessa Lagesse, retrouvée dans sa baignoire à Grand’Baie. Bernard Maigrot a été reconnu coupable dans cette affaire. À une majorité de sept contre deux, le Jury a rendu un verdict de culpabilité hier soir, vers 21 h 30 lors du procès aux Assises, présidé par le juge Luchmyparsad Aujayeb.

Le Clerk de la Cour devait demander au président du jury si les jurés avaient pu arriver à un verdict. Après avoir répondu oui, ce dernier a ensuite lu le verdict du jury : « coupable ». À la question si le verdict a été rendu à l’unanimité, il a expliqué que le verdict a été rendu à une majorité de 7 contre 2.

Le juge Luchmyparsad Aujayeb a ensuite annoncé une audience pour le mardi 16 juillet pour décider s’il faut relâcher Bernard Maigrot sous caution, vu qu’il a un droit d’appel. À cette même date, il y aura une Sentencing Hearing pour déterminer la sentence qui sera prononcée contre le prévenu. Le juge a ensuite levé la séance.

Bernard Maigrot, le visage plutôt défait, mais autrement d’un calme parfait, qui étreignait des membres de sa famille. Il a été menotté et escorté par des éléments de la Special Supporting Unit (SSU) à destination de la prison de Beau-Bassin, pour sa première nuit en incarcération. Hors de la salle d’audience, Martine Desmarais, qui avait fourni un alibi à Bernard Maigrot, était en pleurs.

Des proches de Bernard Maigrot étaient également présents en Cour pour le soutenir. Des membres de la famille Lagesse étaient aussi présents, dont Anne Rogers, la sœur aînée de Vanessa Lagesse, malgré l’heure tardive.

À la mi-journée, dans son Summing-Up, le juge Aujayeb a passé en revue les preuves présentées en Cour. Il a aussi fait comprendre aux membres du Jury qu’ils avaient trois possibilités : trouver Bernard Maigrot coupable de Manslaughter, le trouver non-coupable, ou encore le trouver coupable de wounds and blows causing death but without any intention to kill.

Le juge Aujayeb ajoute, toutefois, qu’il incombe ainsi aux jurés de décider quel crédit accordé à chaque preuve versée lors des délibérations et de jauger de la crédibilité de chaque témoin. Il les a mis en garde de ne pas penser que vu que Bernard Maigrot avait été accusé signifierait qu’il serait probablement coupable. Le juge a maintenu que ce dernier était présumé innocent jusqu’à ce qu’il ait été reconnu coupable, et que c’était à la poursuite de prouver sa culpabilité au-delà de tout doute raisonnable.
Il a ajouté que si Bernard Maigrot a choisi de garder le silence, c’est un droit reconnu par la Constitution. « Si vous n’êtes pas sûrs de sa culpabilité, vous devez alors rendre un verdict d’acquittement », avait-il fait comprendre.

Abordant les preuves présentées en Cour, le juge avait expliqué la différence entre preuves directes et preuves circonstancielles, et le fait que dans la présente affaire, seulement des preuves circonstancielles avaient été présentées. Toutefois, ces preuves peuvent légalement être utilisées pour prouver une affaire en Cour, avait-il indiqué.

En ce qui concerne les preuves génétiques, le juge avait demandé aux membres du Jury de trancher entre l’expertise du Pr Doutremepuich, qui avait décelé des traces d’ADN de Bernard Maigrot sur deux draps ensanglantés, et les conclusions du Dr Susan Pope et le professeur Christophe Champod, qui avaient maintenu qu’il n’avait jamais été prouvé ni quand ni comment cet ADN s’était retrouvé sur les lieux.

Les jurés devaient déterminer à quel point le Pr Doutremepuich est crédible quand il avait affirmé qu’il ne savait rien de cette affaire durant son analyse. Bernard Maigrot avait expliqué qu’il s’était rendu au domicile de Vanessa Lagesse le 6 mars 2001, soit trois jours avant le meurtre, et qu’il avait eu des relations sexuelles avec la victime.

En ce qui concerne le Washing Protocol ordonné par le scientifique pour déterminer si l’ADN de Bernard Maigrot présent le 6 mars a pu résister au lavage effectué par la femme de ménage le 9 mars, le juge a mis en garde les jurés, vu que le professeur Doutremepuich a lui-même affirmé que ce protocole était invalide.

En conclusion, selon le juge, « DNA evidence must be considered in the context of other evidence. It is for you, the jury to determine if the proposition of the prosecution that the accused was on the scene of crime at the relevant time is correct. »

Le juge a ensuite abordé le volet de l’alibi de Bernard Maigrot, de sa femme Isabelle et de son amie d’enfance, Martine Desmarais. Ces derniers ont soutenu que le soir du meurtre, les Maigrot avaient dîné au restaurant Paparazzi à Grand-Baie, avant de partir prendre un verre chez les Desmarais.

Ils étaient arrivés chez Martine Desmarais vers 21 h 45 pour quitter les lieux vers 00 h 45 et rentrer chez eux à Cap-Malheureux. Le juge a expliqué que les membres du jury devaient évaluer la crédibilité de chaque témoin qui a fourni cet alibi, et déterminer si la poursuite, qui a mis en lumière certaines incohérences dans le témoignage de Martine Desmarais, a remis en question cet alibi.
Le juge a aussi demandé au jury de considérer la pertinence des preuves apportées en Cour à l’effet que des empreintes digitales, des empreintes de traces de pas et de l’ADN de personnes inconnues ont été retrouvées sur les lieux du crime.

Me Gavin Glover SC :  « La bataille durera le temps qu’il faudra pour réhabiliter son innocence »

« Je suis très surpris du verdict qu’il faut respecter. La bataille a duré 23 ans. Elle durera encore le temps qu’il faudra pour réhabiliter l’innocence de Bernard Maigrot. »

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