Elle a mené sa première séance du Question Time à l’Assemblée nationale hier d’une main de fer dans un gant de velours. C’est du moins l’impression qui se dégageait à l’ajournement des travaux parlementaires de ce mardi. Shirin Aumeeruddy-Cziffra, qui n’a pas raté de rappeler au leader de l’opposition, Joe Lesjongard, qu’elle a été une parlementaire chevronnée, a voulu se démarquer du Loudspeaker Sooroojdev Phokeer, de sinistre mémoire. Au tout début, elle a fait part des trois principes devant guider la gestion du Question Time, à savoir « Fairness, relevance and importance of the question ».
Et en fin de séance, la Speaker a donné la preuve de son souci de permettre à toutes les voix de s’exprimer et de se faire entendre au sein de l’hémicycle. « We’ve got thirty minutes to go. Let’s give the chance to everyone ! » devait-elle faire comprendre aux membres de l’Assemblée nationale. Pour l’une des rares fois, toutes les interpellations inscrites sous le Prime Minister’s Question Time ont été répondues, comparativement au quota de deux auparavant.
Le député Ram Etwareea aura ainsi eu la chance de proposer sa PQ au Premier ministre et Leader of the House, Navin Ramgoolam, même si le couperet de l’heure tombera sur ses trois interpellations en fin de séance. Et la remarque du député Eshan Juman à l’adresse de Shirin Aumeeruddy-Cziffra, soit « merci Madame d’avoir restauré la démocratie parlementaire », ne sera pas passée inaperçue. La protestation du leader de l’opposition au sujet du caractère controversable du Statement of the Economy de Navin Ramgoolam aura, elle aussi, été traitée avec élégance parlementaire par Shirin Aumeeruddy.
Toujours en ce qui concerne l’ambiance, la néophyte Anabelle Savabaddy a attiré l’attention dans le cadre de ses premières interventions à l’Assemblée nationale hier. Interpellant le ministre des Utilités publiques, Patrick Assirvaden, au sujet de la connectivité au réseau de la Central Water Authority (CWA) pour les résidents de Rivalland Road, à Crève-Cœur, elle a haussé le ton pour montrer son insatisfaction. « L’eau est une matière première précieuse et importante. Sans elle, l’être humain ne pourrait pas survivre, mais toutes les eaux ne se valent pas. M. le ministre, j’ai été dans la circonscription avec mes deux colistiers, et malheureusement vos réponses ne sont pas satisfaisantes… » a-t-elle déclaré.
Ce qui a surpris tout le monde et fait sourire ses collègues. D’autant qu’elle en a ajouté une couche pour préciser que 50 familles sont concernées, et non pas 22, comme mentionné par le ministre. Patrick Assirvaden, visiblement étonné, a poursuivi : « Je peux comprendre l’irritation de l’honorable membre et son impatience… Je ne vais pas me bagarrer avec les chiffres, entre 22 et 50. »
La Speaker, Shirin Aumeeruddy-Cziffra, a dû intervenir pour demander de passer à une autre question, tout en précisant à Anabelle Savabaddy de ne pas crier, car « le micro est très sensible ». Sur quoi la députée s’est excusée, tout en précisant qu’elle n’y est pas habituée.