Fierté du régime PTr, casse-tête du gouvernement MSM-ML, l’autoroute Terre Rouge — Verdun, inaugurée en décembre 2013, est, quatre ans après son effondrement en janvier 2015, toujours en réparation et coûte au pays des millions de roupies. Des réparations qui n’en finissent pas et qui suscitent l’impatience des automobilistes. D’autant qu’à chaque visite du site, le ministre des Infrastructures publiques annonce une date de fin des travaux qui n’arrête finalement pas d’être repoussée.
Cette fois, au lieu de mars 2019, ce sera pour le mois de mai. Une date mise en doute par des spécialistes des travaux routiers, qui estiment que cela prendra plus de temps. D’autant qu’une autre partie de cette autoroute est actuellement laissée complètement à l’abandon. Ce dont profite la nature. Cette zone se situe à moins d’un kilomètre de l’“embankment failure” et concerne la voie vers le Nord, au niveau du rond-point de Ripailles, où la paroi est complètement déstabilisée et la route recouverte par une couche de boue. Pour cela aussi des travaux ont été prévus, mais ils n’ont toujours pas démarré.
L’an dernier, à la même époque, Nando Bodha faisait ressortir que le tronçon Ripailles-Valton, où se situe l’embankment failure, devait être à nouveau opérationnel en février 2018. Mais les conditions climatiques, avec de grosses averses arrosant cette région particulièrement sensible, ont chamboulé la planification des autorités. Tant et si bien qu’il a fallu le recours à l’expertise française cette fois, notamment l’avis du Pr Magnan, pour trouver une solution. Les travaux de réparation, entamés en avril 2017, ont ainsi accusé du retard en raison de la complexité du terrain dans cette région, et devaient, selon les dires du ministre fin 2018, être complétés en mars 2019, avec en finalité la réouverture totale de l’autoroute Terre Rouge-Verdun.
Or, la semaine dernière, le ministre des Infrastructures publiques a revu sa copie. La formule des 100 jours, rappelant la vaine promesse d’un ex-Premier ministre selon laquelle « dans 100 zour mo pou sanz ou lavi », revient sur le tapis. Laissant les automobilistes sceptiques quant à l’affirmation de Nando Bodha que l’éternelle fissure du tronçon Terre Rouge-Verdun sera réparée dans 100 jours.
100 jours
Déjà, en avançant que dans 100 jours, dont 90 jours de travaux profonds, le tronçon Ripailles-Valton serait opérationnel, le ministre concède que d’autres retards ont été accumulés sur le chantier. Alors que l’annonce avait été faite pour que cette route soit accessible en mars 2019, finalement, elle sera opérationnelle en mai. Entre-temps, l’autoroute Terre Rouge-Verdun ne finit pas d’engloutir des millions de roupies. De Rs 2,6 milliards à son ouverture en décembre 2013, les frais pour l’autoroute sont passés à Rs 6 milliards, dont Rs 283 millions pour les réparations de l’embankment failure.
La réhabilitation de cette autoroute concerne également la réparation des parois des deux côtés de la route, sujets à des éboulis. Si du côté droit l’installation des grillages de protection a été entreprise pour les zones D4-D7, du côté gauche, l’insécurité guette. Avec la saison des grosses pluies, les experts en géologie s’inquiètent de la stabilité des parois. Plus particulièrement en ce qui concerne la zone située à l’entrée de Ripailles, en allant du Sud vers le Nord, sujette à des éboulis, nécessitant la fermeture d’une des deux voies depuis plusieurs mois.
À deux reprises, des éboulements sont survenus dans cette zone, la dernière, durant l’hiver dernier, sur quelque 200 mètres, rendant cette partie de la route peu fiable à la circulation. Les travaux de réhabilitation, au coût de Rs 133M, confiés à la firme Synohydro, devaient démarrer fin 2018, mais sur le terrain, c’est le désert. La terre a envahi la chaussée et des fissures sont visibles sur la paroi complètement déstabilisée.
Sécuriser la paroi en urgence
Des experts rappellent que cette zone a déjà été drainée après un premier épisode d’éboulis en 2015 et qu’aucun suivi n’a été effectué. À ce stade, avec le climat pluvieux prévalant à Maurice, avec des risques de gonflement de la nappe qui provoquerait des mouvements de terrain, il serait urgent de sécuriser la paroi de cette zone actuellement complètement à l’abandon, disent-ils. Il expliquent que le design doit comprendre le terrain situé plus haut de la falaise, afin que le drainage soit effectué sur une plus longue distance. «Il faut couper la terre bien plus loin derrière pour la rééquilibrer », font ressortir les experts. Ce qui sous-entend qu’il faut acheter les terres en amont de la falaise et que cette procédure prendra encore du temps. Ce qui signifie non seulement d’autres coûts, mais aussi plus de temps pour les travaux de réparation.
Donc, à leur sens, pas d’ouverture totale de l’autoroute Terre Rouge-Verdun de sitôt. Entre-temps, les automobilistes ont droit à une autoroute qui fonctionne au ralenti…
« Anne ma sœur Anne… »
Il ne devrait tolérer « aucun retard ». « Tout sera fait dans les délais et peut-être même avant, car nous ne voulons pas de cost overrun, nous voulons la qualité », a avancé à plusieurs reprises le ministre des Infrastructures publiques, lors de ses différentes fréquentes visites de site, sur les chantiers routiers. Plus particulièrement s’agissant de l’autoroute Terre Rouge-Verdun, pour laquelle les travaux de réparation de l’embankment failure, survenue il y a quatre ans, ont pris d’énormes retards. Mais Nando Bodha, fort des conseils du Pr Magnan et du concours des ingénieurs du Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (CEREMA), entre autres, et de la main-d’œuvre de Transinvest, garantissait encore en décembre dernier qu’avec la réparation des fissures sur le tronçon Ripailles-Valton, l’autoroute Terre Rouge-Verdun serait à nouveau totalement accessible aux automobilistes en mars 2019.
Mais force est de constater que, la semaine dernière, cette date a encore été repoussée. Il faudra attendre 100 jours encore, soit mai 2019, pour la fin des travaux, apprend-on, et là encore, cela concerne les travaux pour la zone fissurée et non toute l’autoroute, sujette à des éboulis. Ainsi, au rythme où vont les travaux, en sus des aléas du climat, les automobilistes, au-devant de la confiance affichée par le ministre, se demandent : « Anne ma sœur Anne… ou plutôt Nando mon cher Nando, ne vois-tu rien venir ? » Cette autoroute sera-t-elle vraiment prête dans 100 jours ?