À quelques jours de Noël : dans les rues marchandes, les Mauriciens négocient

À quelques jours de Noël et du Nouvel An, les Mauriciens commencent à s’activer, que ces soit pour le grand nettoyage de la maison ou pour le shopping. Et même si la nouvelle du 14e mois n’a visiblement pas eu l’effet escompté — soulagement d’un côté et déception de l’autre —, beaucoup avaient déjà prévu leur budget à l’avance, comme tous les ans d’ailleurs. Week-End est allé en vadrouille dans les rues marchandes de la capitale et dans quelques centres commerciaux, hier, histoire de tâter le pouls. Et il faut dire que par les temps qui courent, c’est dans les rues marchandes que l’on peut réellement jauger l’exceptionnel talent de négociation du Mauricien !

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S’il y a bien une chose sur laquelle l’on ne peut pas chipoter avec le Mauricien, c’est son shopping. À deux semaines des fêtes de fin d’année, les grandes villes et les principaux villages du pays s’activent. Sans compter les centres commerciaux qui se sont parés aux couleurs de Noël… même si l’on doit avouer que le choix du thème « White Christmas » pour certains ne s’accorde pas vraiment à l’ambiance tropicale de Maurice. Cela étant dit, ça sent le moodfestif à plein nez. Et comme tous les ans en cette période, les rues de la capitale sont noires de monde.

Ni la chaleur battante de Port-louis ni le soleil de plomb de l’été… mauricien ne peuvent arrêter le Mauricien, bien décidé à faire de bonnes affaires. Hormis les jouets pour les enfants, dans les sacs il y a surtout de la literie neuve. Eh oui, qui dit Nouvel An, dit nouveaux draps, nouveaux rideaux et nouveaux tapis. Après tout, à quoi cela sert-il de tout nettoyer, si l’on ne met pas de nouveaux rideaux ? C’est du moins ce qui se dit dans le cercle très fermé des ménagères mauriciennes… À la rue Corderie, à Port-Louis, « pri kase » ! Et 14e mois ou pas, les Mauriciens, surtout les Mauriciennes, maitrisent l’art de marchander. « Rs 400 madam », lance un commerçant. « Non, non, Rs 300 mo kapav. Mo fek trouv enn parey lot kote laba », rétorque une cliente bien décidée à avoir un tapis de table. Un spectacle des plus amusants, pour celui qui n’a évidemment pas à sortir les billets de sa poche…

Outre les nouveaux rideaux, tapis et autres, c’est aussi l’occasion pour décorer sa demeure. Ainsi, les décorations en tous genres se vendent à prix réduits : boules de Noël, guirlandes, lumières LED ou encore… ours polaires trouvent preneurs. Et dans les rues marchandes, c’est celui qui crie le plus fort qui gagne. Ainsi, les marchands rivalisent de punchline commerciaux pour tenter d’appâter des clients en quête de bonnes affaires. C’est aussi d’ailleurs ce qui fait la magie des Noël mauriciens.

Par ailleurs, comme tous les ans, les petits magasins d’électroménagers sont remplis. En dehors des grands centres commerciaux et des grandes enseignes, les petits magasins ont la cote. « Je profite des promotions pour m’acheter un nouveau téléviseur », nous confie Satish, habitant de Camp Fouquereaux. Il a profité de cet avant-dernier week-end pour faire quelques emplettes, avant qu’il n’y ait « trop de personnes dans les magasins », dit-il. N’a-t-il donc pas profité du Black Friday, encore une tradition commerciale importée ? « Il y a avait trop de gens ce jour-là ! J’ai préféré attendre », dit-il. Comme lui, beaucoup ont prévu de se faire ainsi plaisir, avec ou sans 14e mois. « Je pensais que j’allais gagner mon 14e mois, mais j’aurai la moitié. C’est mieux que rien, mais après cela ne change pas grand-chose, parce que j’avais déjà prévu dans mon budget que j’allais m’acheter ce nouveau téléviseur que j’ai identifié depuis quelques mois déjà », poursuit-il.

Les magasins de prêt-à-porter font eux aussi carton plein, et d’ailleurs, le nombre d’employés a doublé pour répondre au mieux aux demandes des clients. « Nous employons tous les ans de jeunes collégiens en vacances », nous explique une commerçante de Port-Louis. « Cela nous aide, car en cette période, il y a toujours beaucoup de clients et en même temps cela permet à ces jeunes d’avoir un pocket money pour se faire plaisir », dit-elle. Et évidemment, dans les rues marchandes, les bonnes affaires se font à même le sol. Les clients se bousculent pour se dénicher la petite robe parfaite ou la paire de sandales identiques aux modèles dans les grands magasins vendus trois à quatre fois plus cher.

Par ailleurs, si beaucoup s’achètent des vêtements neufs pour les festivités du Nouvel An, beaucoup achètent surtout pour offrir. « Moi, j’ai choisi la facilité. Je préfère prendre un gift voucher. Comme ça, la personne pourra elle-même venir choisir le vêtement de son choix », confie Brigitte D. En effet, si l’on peut distinguer deux grandes catégories de « shoppers » mauriciens, un troisième a récemment fait son apparition. Il y a ainsi les consommateurs traditionnels prévoyants et organisés qui se prennent plusieurs mois à l’avance, puis les acheteurs de dernière minute toujours pressés et finalement les « shoppers » en ligne, qui ont tout en un clic.

En effet, si les Mauriciens aiment flâner dans les centres commerciaux ou les rues marchandes des grandes villes, la nouvelle génération, elle préfère acheter en ligne. Ainsi, sur les réseaux sociaux, dont les plateformes TikTok, les articles se vendent comme des petits pains ! « Je commande sur TikTok, et je me fais livrer mes produits chez moi. Je n’ai pas besoin de me déplacer dans cette chaleur ek pa bizin tap-tap ar dimounn lor sime », nous confie une acheteuse friande du E-shopping. Idem pour les sites de vente étrangers et locaux. En un clic, tout s’achète. « Moi, j’ai tout acheté sur Temu il y a un mois », nous confie une habitante de Mahébourg. « J’ai d’ailleurs reçu tous mes colis. Je n’ai qu’à faire mes emballages et c’est bon. Je vais sans doute sortir faire quelques petits achats, mais sans plus », dit-elle.

En tout cas, à deux semaines de Noël, le citoyen mauricien a bien fait son compte. À l’affut de prix promotionnels, de bonnes affaires et toujours prêt à négocier, il n’a pas eu à attendre le 14e mois. « Traser », crise économique ou pas, le citoyen mauricien fêtera comme il se doit les fêtes de fin d’année. Et c’est tant mieux !

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