Le principe du remake de l’alliance MSM/MMM de 2000 agréé, hier après-midi, à la suite d’un vote à bulletin secret (voir plus loin), Paul Bérenger, leader de l’Opposition et du MMM, rappelle que le fin mot de l’histoire reviendra à l’assemblée des délégués de son parti, qui se prononcera sur la question « en toute souveraineté ». Dans l’immédiat, « certains points en suspens » que le leader du MMM ne tient pas à préciser, devront être finalisés. « Avec de la bonne volonté de part et d’autre, ces points pourraient être réglés », dit-il. Au cas contraire, le MMM, qui s’estime « plus fort et plus crédible que jamais », n’écarte pas la possibilité d’affronter de nouvelles élections « et de les remporter haut la main » avec ses partenaires UN et MMSD au sein de la même Alliance du Coeur. Les membres du comité central (CC) du MMM ayant, majoritairement, voté pour le principe de ce remake MSM/MMM de 2000, l’on devra s’attendre, explique Paul Bérenger, à une « intensification des efforts pour que ce qui reste du gouvernement soit mis en minorité ».
Paul Bérenger rappelle d’abord qu’aux dernières élections générales, le 5 mai 2010, l’Alliance du Coeur (MMM/UN/MMSD) avait obtenu 44% des votes, alors que l’Alliance de l’Avenir (Ptr/MSM/PMSD) ne remportait ce scrutin qu’avec 50% des voix. Il souligne que, depuis, le MSM n’est plus au gouvernement et a rejoint l’Opposition. De plus, soutient le leader du MMM, la popularité du Ptr n’a cessé de « chuter dramatiquement » et que parallèlement, celle du MMM a « monté en flèche ».
Une situation qui revient au travail abattu par son parti, à l’Assemblée nationale, comme dans le pays, en général. Ce qui, dit-il, ne laisse « aucun doute » quant au fait que, valeur du jour, le MMM est « bien au-delà des 50% » et « plus fort et plus crédible que jamais ». D’où l’affirmation de son leader à l’effet que le MMM est « parfaitement prêt » à affronter de nouveau de nouvelles élections générales, au sein de la même Alliance du Coeur, comme en mai 2010, et à « remporter ces élections haut la main ».
Néanmoins, explique le leader des mauve, si son parti a choisi de considérer l’éventualité d’un remake de l’Alliance MSM/MMM de 2000, c’est parce que le pays est en danger « et qu’il faut le sauver avant qu’il ne crashe comme c’est le cas d’Air Mauritius ». Il y a ainsi « urgence » de provoquer la tenue anticipée de nouvelles élections générales, le plus tôt possible, mais « dans le respect de la Constitution ». « Nous connaissons notre force mais le pays est en danger », insiste-t-il.
Le leader du MMM divise les membres du comité central de son parti qui ont pris part, hier après-midi, au vote concernant le remake MSM/MMM de 2000 en trois catégories : (i) ceux qui, après les débats internes, sont pour un tel remake ; (ii) ceux qui sont contre le remake pour une « raison sincère » et (iii) ceux qui sont contre « non pas parce qu’ils sont contre l’idée », mais davantage en raison du fait que leur préférence serait de voir le MMM aller aux prochaines élections dans le cadre de la même Alliance du Coeur que celle de 2010, et présente ainsi son leader comme candidat au poste de Premier ministre.
Un vote secret tout à l’honneur du MMM
Pour Paul Bérenger, le vote à bulletin secret d’hier après-midi, après que la question a été longuement débattue, est tout à l’honneur du MMM. Il soutient que tous les membres du CC ont voté « en totale liberté » et « en leur âme et conscience ». Le principe de ce remake agréé, le leader du MMM explique qu’il faudra dorénavant finaliser certains « points importants en suspens » qu’il n’a pas voulu détailler avant que le vote ne soit pris. Il estime néanmoins qu’avec « de la bonne volonté de part et d’autre », ces « points importants qui restent à finaliser » pourraient être réglés.
Au cas contraire, souligne encore le leader du MMM, c’est l’Alliance du Coeur qui se remettra à l’oeuvre avec vigueur. « Nous sommes prêts pour nous remettre à l’oeuvre avec nos partenaires de l’Alliance du Coeur », insiste Paul Bérenger. Autre précision : si tout continue d’évoluer dans le sens du remake, c’est l’assemblée des délégués du MMM qui aura, « en toute souveraineté », le dernier mot. Le principe de remake accepté, l’on passera, explique Paul Bérenger, à une intensification des efforts pour que « ce qui reste du gouvernement soit mis en minorité ».
« Tout fout le camp dans le pays » trouve par ailleurs Paul Bérenger, quand il aborde la situation du pays en général. Pour lui, en effet, la situation ne fait « qu’empirer » à chaque jour qui passe. « Le gouvernement dirigé par le Ptr a pourri toutes les institutions depuis 2005 », accuse le leader de l’Opposition. Il cite le cas de l’University of Technology of Mauritius (UTM) sur laquelle, dit-il, il a enquêté cette semaine, et où la situation serait « infecte » et « pire qu’à l’Université de Maurice ».
Parallèlement, Paul Bérenger trouve que la corruption « se généralise », que la situation de l’ordre et de la paix « continue à dégringoler » et que les municipalités sont « pourries jusqu’à la moelle ». « Pour couronner le tout », soutient-t-il, l’économie est « en pilotage automatique » alors même que la crise en Europe et aux États-Unis « nous frappe de plein fouet ». Il ajoute que le déficit du compte courant et de la balance des paiements « se détériore dangereusement » et « menace de déboucher sur une grave crise » dans les mois à venir, que le taux du chômage augmente et que les prix sont à la hausse « comme illustré par l’augmentation, vendredi, du prix du gaz ménager ».
Nettoyer, « méritocratiser » et démocratiser
D’où l’affirmation du leader de l’Opposition à l’effet que, pour toutes ces raisons, « le pays est en danger » et qu’il importe de « changer le gouvernement » pour « le sauver, au plus vite et le remettre sur les rails ». Paul Bérenger réitère que face à cette « situation d’urgence », le programme de son parti « au gouvernement, demain » se résume en trois mots : « Nettoyer, méritocratiser (sic) et démocratiser. »
Pour Paul Bérenger, il s’agira en premier lieu d’en finir avec la fraude et la corruption, en donnant l’exemple d’en haut, et en ré-attribuant à l’Independent Commission Against Corruption (ICAC) ses pouvoirs. Deuxièmement, de remplacer les « petits copains » par « des compétences partout », en commençant par les corps parapublic. Et, troisièmement, de démocratiser le pays en venant, « enfin », avec une « bonne réforme électorale » et un contrôle du financement des partis politiques, de même qu’avec « une autre MBC, véritablement indépendante » ainsi qu’avec des stations de télévision privées et le retour de la démocratie régionale.
Répondant aux questions de la presse, Paul Bérenger va jusqu’à estimer qu’il y aurait « suffisamment de défections à prévoir » en vue de mettre le gouvernement dirigé par le Ptr en minorité, sans pour autant qu’il y ait « crossing of the floor ». « Certains sont très mal à l’aise au gouvernement car ils aiment leur pays », soutient-il. Le leader du MMM quantifie même ces derniers à « une demi-douzaine ». Dans le cas où le gouvernement est mis en minorité, Paul Bérenger explique qu’il choisira le moment opportun pour présenter, en tant que chef de l’Opposition, une motion de censure.
Quant à savoir si, de son point de vue, le président de la République ne devrait pas préciser les choses, maintenant que le MMM a voté pour le principe de cette alliance MSM/MMM de 2000, Paul Bérenger explique qu’il convient de poser la question à sir Anerood Jugnauth lui-même. Il précise, néanmoins, qu’il n’a « aucun doute » que ce dernier « respectera à la lettre ce que prévoit la Constitution ». Il précise qu’en tant que leader de l’Opposition, il entretient des « relations charmantes » avec le chef de l’État.
Le leader de l’Opposition et du MMM explique aussi que si le Premier ministre et leader du Ptr ne veut pas que ce principe de remake de l’Alliance MSM/MMM de 2000 n’évolue jusqu’à sa conclusion finale, par un vote en sa faveur par l’assemblée des délégués du MMM – instance suprême de ce parti –, « il n’a qu’à venir de l’avant avec le projet de Réforme électorale ».
PRINCIPE DU « REMAKE 2000 » APPROUVÉ: Une intensification des efforts pour mettre en minorité ce qui reste du gouvernement a déclaré Paul Bérenger
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