PNQ sur la New Cancer Hospital : soins intensifs oubliés, comité d’enquête sur la négligence médicale activé

Lors de la Private Notice Question (PNQ) du mardi 8 avril, portant sur deux décès survenus après des interventions chirurgicales au New Cancer Hospital, le ministre de la Santé, Anil Bachoo, a affirmé qu’aucun élément de l’enquête préliminaire ne laisse supposer une négligence médicale. Il a cependant annoncé la mise en place d’un Medical Negligence Committee (MNC) chargé de se pencher sur ces deux cas, ainsi que sur d’autres incidents similaires. En réponse à une question du leader de l’opposition Joe Lesjongard, le ministre a également déploré que le New Cancer Hospital ait été inauguré sans unité de soins intensifs, obligeant le transfert des patients vers d’autres établissements pour la phase postopératoire.

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Le ministre Bachoo a précisé dans un premier volet de sa réponse parlementaire qu’un MNC (Medical Negligence Committe) a été mis sur pied et comprendra Mr Veerapen, senior advisor au ministère de la Santé, Dr Pavaday, Senior advisor, le Dr Gujadhur, Senior advisor, un représentant du bureau de l’Attorney Générale, un manager des Resources humaines des hôpitaux et des consultants spécialisés dans les secteurs spécifiques lorsque cela sera requis. 

Pour chaque cas suspect de négligence, une équipe distincte sera désignée par le directeur de la Santé, incluant un Regional Health Director d’un autre hôpital et un consultant du domaine concerné. Ce comité devra soumettre un rapport préliminaire dans les 48 heures au MNC, qui pourra demander des explications supplémentaires aux départements ou individus impliqués. Le rapport final sera transmis au ministère dans un délai maximal d’un mois, pour décision.

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Le ministre a également annoncé la tenue hebdomadaire de réunions sur les cas de mortalité dans le service public de santé. Un rapport mensuel devra être soumis au directeur de la Santé pour un suivi.

Un audit clinique sera également introduit et du personnel sera formé en ce sens. Un rapport devra aussi être soumis au directeur de la Santé pour un suivi.

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Le ministre a rappelé que le National Cancer hospital est équipé de quatre salles d’opération, mais qu’aucune planification des ressources humaines n’a été réalisée pour disposer des services d’au moins un chirurgien oncologique. « De ce fait nous avons la collaboration d’une équipe étrangère, plus spécialement de l’Inde afin de procéder à des opérations complexes sur le Cancer.»

Anil Bachoo déplore que bien que le National Cancer Centre ait été inauguré l’année dernière, le 8 mai 2024, des équipements sont inutilisés enfermés dans des locaux du centre avec en plus des consommables déjà périmés. « J’ai ainsi depuis mon arrivée, donné des instructions pour que tous les équipements soient installés et que les opérations soient effectuées et depuis, 62 interventions chirurgicales ont été réalisées », a expliqué le ministre, précisant que depuis le 7 février 2025, 12 interventions chirurgicales ont été réalisées par des chirurgiens étrangers et 50 par l’équipe locale, avec la perte de deux patients.

Le ministre de la Santé a dans la foulée évoqué la complexité et le risque sur les cas de chirurgie concernant les patients atteints de cancer. Il a ainsi remercié les médecins étrangers, ainsi que le personnel médical mauricien pour le travail effectué.

Le leader de l’opposition, Joe Lesjongard, a dans une question supplémentaire interpellé le ministre sur le fait que cet hôpital ne dispose pas de soins intensifs, qui est nécessaire pour le suivi postopératoire des patients.

 Anil Bachoo a confirmé cette lacune, attribuée au précédent gouvernement : « It should have been the duty of the then Government. »

Il a souligné que des centaines de patients attendent des opérations, parfois impossibles à l’étranger à cause de leur état de santé : « Je ne peux pas laisser mourir ces patients. »

Le ministre explique que tout est fait pour aider les patients et leur donner les soins nécessaires et ajoute que les soins intensifs seront opérationnels ce mois-ci.

Une lettre d’un patient décédé évoquée

Le leader le l’opposition a ainsi demandé au ministre s’il était au courant que l’un des deux patients décédés avait envoyé une lettre à son ministère pour exprimer sa crainte d’être opéré à Maurice. Le ministre a auparavant affirmé en début de séance qu’il ne pouvait divulguer d’informations sur les dossiers des patients sans le consentement des familles, mais a cependant confirmé qu’il avait répondu au souhait du patient se faire opérer par un médecin étranger et qu’ils ont fait de leur mieux. 

Joe Lesjongard a ainsi demandé au ministre s’il était au courant que l’un des médecins n’était pas enregistré auprès du médical council pour pratiquer à Maurice comme tel doit être le cas. 

Le ministre lui a répondu qu’il n’a pas les informations nécessaires à ce sujet en sa possession, mais qu’il ne fallait pas se tromper de problème et qu’il faudrait être reconnaissant pour ces spécialistes de la médecine qui viennent à Maurice gratuitement pour sauver des vies.

Le député et Dr Farhad Aumeer est intervenu en évoquant le taux de mortalité dans ces cas de chirurgie complexes et a demandé au leader de l’opposition de ne pas faire de la politique sur ce sujet.

Sur l’insistance du leader de l’opposition, la Speaker de l’Assemblée nationale a, elle aussi, demandé à Joe Lesjongard ce qui était le plus important. Joe Lesjongard ainsi demandé si le gouvernement avait l’intention d’instituer un fact finding committee sur ces cas. Ce à quoi le ministre de la Santé a répondu que lorsqu’ils (l’ancien gouvernement) étaient au pouvoir, ils n’en trouvaient pas l’utilité et a rappelé que le MNC (Medical Negligence Committe) travaillera quand même sur ces cas.

Le député de l’opposition Adrien Duval a pour sa part demandé si la limitation de deux ans pour porter plainte pour négligence médicale pouvait être revue. La Speaker a répondu que ce n’était pas au ministre de la Santé seul de répondre à cette question et que l’Attorney General abordera ce problème.

 

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