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Parlement : Les censures qui prennent la tête

La censure de certaines questions des parlementaires, spécialement quand il s’agit de questions qui font mention du chef de la Special Striking Team ou encore du  commissaire de police Anil Kumar Dip agacent l’opposition. Mais ce n’est que partie remise dit-elle, paré, cette semaine encore à monter au créneau pour mettre en lumière certains dossiers. D’ailleurs ce mardi encore, le Premier ministre devrait répondre sur la police. Et s’il ne s’éternise pas sur la première question de la PMQT, à deux autres questions qui reviennent sur le tapis, notamment celle du député du MMM, Deven Nagalingum  concernent la nouvelle ID National Card, suivie de celle de Rajesh Bhagwan sur le meurtre du chef agent du MSM à Quartier-Militaire/Moka (No 8), Soopramanien Kistnen.

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Ainsi, ce mardi également, la police sera au centre des débats parlementaires. Mais pas pour les mêmes raisons, car cette fois, c’est la majorité qui s’intéresse à la force policière. D’autant que les questions de l’opposition, notamment d’Osman Mahomed et Patrick Assirvaden, relatives au commissaire de police et à l’ASP Jagai, ont été rejetées. Le tirage au sort cette semaine a favorisé le député MSM, Kenny Dhunoo, qui entamera la Prime Minister’s Question time (PMQT) avec sa question à Pravind Jugnauth entourant le nombre de policiers, depuis 2015, qui ont perdu la vie et qui se sont blessés, dans le cadre de leur travail. Ce qui tranche totalement avec la question de Patrick Assirvaden qui – pour rester dans l’actualité, suivant la décision du commissaire de police Anil Kumar Dip de retenir les services d’avocats du privé – voulait connaître la liste des affaires pour lesquelles les services des avocats et avoués du privé ont été retenus ainsi que leurs noms et les frais qui ont été payés. Le député PTr souhaitait également savoir pourquoi les services du State Law Office n’ont pas été utilisés et si le gouvernement compte amender la loi pour ne pas être dans l’obligation de faire appel au même State Law Office.

Les explications de l’assistant clerc ne satisfont pas Patrick Assirvaden qui envisage même un recours légal. «Car trop, c’est trop», dit-il.

Le député PTr Osman Mahomed également, outre sa question sur les dépenses des anciens ambassadeurs qui a été rejetée, s’est aussi vu refuser sa question portant sur l’assistance juridique fournie au commissaire de police ou à ses officiers. Osman Mahomed voulait savoir si en tant qu’officiers publics, le CP et ses hommes doivent accepter une telle assistance juridique à titre gracieux. La censure de leurs questions parlementaires, plus d’une fois, a fait monter au créneau les parlementaires de l’opposition, plus particulièrement du PTr, qui se demandent si “le gouvernement de Pravind Jugnauth aurait un agenda pour l’ASP Jagaï et le Commissaire de police?”, du fait que systématiquement, plusieurs questions relatives au CP et à la Special Striking Team (SST) se voient refusées. Dans le contexte, les députés du PTr ont adressé une lettre au clerc demandant des explications et souhaitant que leurs questions soient remises à l’ordre du jour.

En attendant, on aura appris, lors de la séance de mardi dernier, qu’il y a un retard préoccupant dans les poursuites judiciaires liées aux saisies de drogue effectuées par la SST. Le Premier ministre répondait à une question du député PTr Farhad Aumeer. Pravind Jugnath a admis que, jusqu’à présent, aucun dossier n’avait été transmis au bureau du Directeur des poursuites publiques (DPP), laissant les enquêtes sur ces saisies en suspens.

La police au centre de la PMQT

Ce, alors que depuis son entrée en opération en août 2022, la SST, qui opère sous la supervision de l’ASP Ashik Jagai et demeure sous les ordres du Commissaire de police, a procédé à la saisie de Rs 606,849,714 de drogues. Le PM a ainsi étalé les informations quant à la « performance » de la SST. Parmi les saisies, de la résine de cannabis (haschich) pour un montant estimé de Rs 231 millions, de l’héroïne valant quelque Rs 182 millions, et la drogue synthétique estimée à environ Rs 120 millions. Ces drogues, dira le PM, ont été saisies dans le cadre de 30 opérations précisément, desquelles pour quatre cas, un montant de Rs 411 650 a aussi été saisi. Dans 10 cas soupçonnés de blanchiment d’argent, un montant de Rs 10,639,843 en roupies et en devises étrangères a été saisi, alors que dans un de ces 10 cas, des bijoux d’un montant de Rs 5,399,000 ont aussi été saisis. Pravind Jugnauth a révélé que dans deux autres cas, des papiers roll your own cigarette estimés à Rs 301,500 ont été saisis. Parmi d’autres objets saisis par la SST, on relève 670 boîtes de roll your own cigarette (estimées à environ Rs 247 millions), du cuivre (estimé à Rs 18 millions) et divers autres objets estimés à Rs 7 millions.

“D’autres objets sécurisés qui sont toujours en cours d’évaluation comprennent, entre autres, des armes, des munitions, des ordinateurs portables, des téléphones portables et des véhicules”, a indiqué Pravind Jugnauth, faisant ressortir que la SST compte 47 cas, dont 60 arrestations, à son palmarès depuis son entrée en opération, comptabilisant des saisies valant de Rs 606 millions de drogue.

Ce qui a mis le feu aux poudres, c’est plus particulièrement la question supplémentaire de Reza Uteem, entourant la lettre dénonciatrice d’un employé de Mauritius Post, faisant état d’abus d’autorité du patron de la SST le 19 juin, à Plaisance Airport Transport Services Ltd. Déjà, Pravind Jugnauth avait montré des signes d’énervement lorsque le député PTR Farhad Aumeer lui a demandé des précisions quant à la récente saisie d’armes à Beaux-Songes et Roche-Bois, mentionnées par Vimen Sabapati dans son affidavit.

Sur ses gardes, le PM a soutenu ne pas avoir ces informations, demandant au député de revenir avec une question spécifique. Il devait également balayer la question supplémentaire de Farhad Aumeer concernant l’exhibit officer qui serait le même dans les affaires d’armes saisies à Beaux-Songes et Roche-Bois et qui travaille sous le commandement d’Ashik Jagai.

Cinglant, Pravind Jugnauth a  répondu, “Je ne suis pas un ordinateur qui emmagasine toutes les informations. Revenez avec une question spécifique.” Le chef du gouvernement n’a pas décrispé lorsque Reza Uteem a cherché à savoir si le Premier ministre avait pris connaissance d’une lettre écrite par un employé de la poste, basé à l’aéroport, concernant un colis et la manière dont la SST a mené l’opération. Pravind Jugnauth a soutenu ne pas être au courant d’aucune lettre et a même demandé à Reza Uteem de lui faire avoir une copie, alors que Xavier Duval faisait remarquer que cette lettre circule partout. “Je ne suis pas partout”, a-t-il répondu, dans un brouhaha, démontrant l’exaspération de l’opposition face à un PM persistant à dire qu’il ne “sait pas”.

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