Aadil Ameer Meea, Reza Uteem et Karen Foo Kune à la réception diplomatique de Pravind Jugnauth
Le leader du Rassemblement Mauricien à la réception de fin d’année de la bande à Valayden-Bunwaree-Sunassee
Les échéances approchant et les alliances se dessinant, des acteurs politiques profitent de cette fin d’année 2022 pour affiner leur stratégie. Deux événements ont ainsi marqué cette fin de semaine : la présence de trois députés du MMM, Aadil Ameer Meea, Reza Uteem et Karen Foo Kune, à la réception de fin d’année organisée par le Premier ministre en l’honneur du corps diplomatique, jeudi dernier, à l’Hotel Le Méridien à Balaclava. Une présence qui n’en finit pas de faire jaser, et celle de Nando Bodha à la réception de fin d’année de LPM, où il a même pris la parole pour parler « de LPM, de RM et de Reform Party ki la » et qui va « créer enn vag an deor bann mainstream parties ».
La participation des trois députés du MMM à la réception du corps diplomatique est considérée, au sein des mauves comme dans l’opinion, comme une faute politique, même s’il est vrai que la direction du MMM avait décidé que ceux qui le désiraient étaient libres d’y aller. C’est à croire que c’était un test pour savoir qui sont ceux qui allaient tomber dans le piège du leader du MSM.
Comme il y a généralement un minimum de coordination entre élus d’un même parti et souvent aussi au niveau de l’opposition, certains ont cru que, vu les circonstances, personne n’oserait aller s’afficher avec Pravind Jugnauth et ses nominés politiques. Or, Aadil Ameer Meea, Reza Uteem et Karen Foo Kune sont les seuls députés de toute l’opposition parlementaire à avoir cru utile d’être au rendez-vous fixé par le Premier ministre et leader du MSM sous couvert de la diplomatie.
Concert de réprobations
Alors même que leur leader, celui de l’opposition, Xavier Duval, et le chef de file du PTr, suspendu de l’Assemblée nationale, ne s’y sont pas pointés, les deux premiers cités ayant déjà fait savoir qu’il n’était pas question qu’ils aillent se montrer en compagnie des personnes qu’ils dénoncent à longueur d’année.
Le fait marquant est que des trois députés présents, deux d’entre eux, Aadil Ameer Meea et Reza Uteem en l’occurrence, étaient parmi ceux mentionnés début octobre dernier comme s’étant vu offrir un portefeuille ministériel dans le cadre d’une stratégie visant à faire de la rentrée parlementaire du 18 octobre un genre de Big Bang pour le MSM.
Week-End en avait fait mention dans un des sujets de la rubrique « Ça va se savoir » le 9 octobre. Cet article avait été suivi d’un concert de réprobations dans les rangs du MMM et au-delà. D’autant que les principaux dirigeants mauves avaient été écartés de ces honteux pourparlers. Si Reza Uteem est venu publiquement démentir toute velléité de quitter la barque mauve, Aadil Ameer Meea devait lui se retrouver dans un clash avec sa collègue Joanna Bérenger pour une petite histoire de querelle de territoire et de responsabilité. Un litige savamment fuité auprès des détracteurs de la députée du N°16.
Quant à Karen Foo Kune, dont le profil n’est pas inintéressant pour le MSM, dans la mesure où le transfuge qu’il a accueilli, Alain Wong, est maintenant bien installé à Beijing, elle se serait rendue à la réception de Pravind Jugnauth plus pour une sortie people que pour autre chose, son allégeance au MMM n’étant pas remise en cause. Du moins à ce stade, l’adage que « one day is long in politics » ayant vraiment du sens à l’île Maurice, rien n’est impossible pour ces militants nouvelle vague sans vrai bagage idéologique.
Si Karen Foo Kune ainsi que Reza Uteem ont soigneusement évité de se retrouver en compagnie du Premier ministre et d’autres officiels, tel n’a pas été le cas d’Aadil Ameer Meea, qui avait l’air d’être très complice avec le Speaker Sooroojdev Phokeer, le goalkeeper de Pravind Jugnauth, qui renvoie presque à chaque séance un député de l’opposition, mais aussi avec le ministre des Finances, Renganaden Padayachy.
Inutile de préciser que les photos du troisième député du N°3 en « bonne » compagnie gouvernementale ont été abondamment commentées sur les réseaux sociaux. Pour sa défense, Aadil Ameer Meea a dit que c’était une activité apolitique et a assuré que « pena narye ki pa pe tourn ron ». Mais un autre de ses commentaires a peut-être, malgré lui, instillé le doute quant à ses intentions. Il a en effet écrit que « quant a political career et next election… c’est zis Allah kone e ki decide ki pou arrive ». Ce qui veut clairement dire qu’il évite soigneusement de se prononcer et d’exprimer des convictions fortes, comme celles dont a fait le même jeudi état Rajesh Bhagwan en affirmant qu’il « fera tout ce qui est en son pouvoir pour aider à faire partir ce gouvernement ».
Le MMM a un rendez-vous important ce mardi 27 décembre, sa fête de fin d’année 2022 après deux années de Covid qui ont privé les mauves de leurs retrouvailles habituelles. La présence de quelques élus, dont ceux qui étaient présents chez Pravind Jugnauth jeudi, mais aussi ceux qui avaient été liés aux négociations de maroquins ministériels, sera étroitement scrutée par la base mauve. C’est probable que certains de ces friands de réceptions « apolitiques » aient attendu la dernière du genre organisée par le Premier ministre et qui n’était à rater sous aucun prétexte, pour prendre ensuite des vacances et snober la fête des camarades militants. Ah le militantisme contemporain ! Un travestissement et une perversion sans limites !
Nando Bodha, lui, apparemment pas rassuré par les propos de Navin Ramgoolam sur le fait qu’il n’a rien contre lui, semble avoir décidé de son avenir. Il ne serait en tout cas pas avec une éventuelle alliance PTr-MMM-PMSD. Une nouvelle preuve aura été fournie vendredi à l’occasion de la réception de fin d’année de Linion Pep Morisien. Lors de son intervention, il a été question de « changement radical », de la création « d’une vague avec LPM, Rassemblement Mauricien et Reform ki la ».
Plus éloquent ses propos sur « la création pour la première fois d’une vague en dehors des partis mainstream ». Il semble que son poste de Premier ministrable, Nando Bodha l’a trouvé au sein de l’équipe « radicale » composée des Rama Valayden, Dev Sunassee, Vasant Bunwaree, Jean-Claude Barbier et autres vieux de la vielle du landerneau politique.