À l’amorce de la seconde quinzaine du mois d’août, date cruciale en une année électorale avec l’entrée en vigueur des nouvelles listes d’électeurs, exceptionnellement cette année, les yeux seront braqués sur le mois de septembre. Un mois à surveiller, dans la mesure où tous les processus sous la Constitution et la Representation of the People Act peuvent être enclenchés et menant aux élections générales au plus tôt avant la fin de l’année. Aux dires de l’ancien leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval, en attente de l’annonce d’un pacte électoral avec le gouvernement mené par Pravind Jugnauth. Les conjectures les plus insistantes misent sur un Polling Day au mois de novembre prochain, soit un scénario calqué sur l’épisode du jeudi 7 novembre 2019. Un dernier élément susceptible d’appuyer cette thèse, vu que les prérogatives sous la Constitution pour fixer la date du scrutin reviennent de droit au Premier ministre, Pravind Jugnauth, est la décision de la Horse Racing Board de la Gambling Regulatory Authority imposant à People’s Turf Plc un réaménagement du calendrier hippique en cette fin d’année.
L’ultime journée des courses de la saison 2024, toujours sous le signe du Soy, a été ramenée au dimanche 10 novembre au lieu du samedi 30 novembre, comme initialement annoncé, soit un changement qui vaut son pesant d’or politiquement et électoralement compte tenu des liens ombilicaux entre la PTP de Jean-Michel Lee-Shim et l’Hôtel du Gouvernement. Cela en dépit des scènes de Je t’aime… Moi non plus dans la pure tradition de Jane Birkin et de Serge Gainsbourg jouées en public ces dernières semaines. Dans la conjoncture, il s’avère hasardeux de s’aventurer à vouloir préciser la date du Nomination Day et du Polling Day, d’autant que les trois premières semaines de novembre devront être consacrées aux examens de fin de cycle secondaire, soit le School Certificate et le Higher School Certificate.
Toutefois, avant d’arriver au Jour J des élections générales, d’autres préalables devront être ajustés. L’une des premières conditions demeure la dissolution de l’Assemblée nationale, avec Pravind Jugnauth se retrouvant à la tête d’un Caretaker Government. D’aucuns affirment que cette étape devra être irrémédiablement franchie au mois de septembre, au plus tard vers la fin du mois prochain. La date du 9 octobre, devant voir le déroulement de l’élection partielle à Montagne-Blanche/Grande-Rivère-Sud-Est (No 10), devra être rendue caduque une dizaine de jours à l’avance pour éviter l’impression par la Commission électorale d’un peu plus de 56 000 bulletins de vote à cet effet.
Cette dissolution de l’Assemblée nationale intervenant dans un maximum de cinq semaines à partir de la mi-août revêt une importance particulière dans la conjoncture.
Les one-milion electors lists des 20 circonscriptions et de Rodrigues, compilées par la Commission électorale, n’entreront en vigueur qu’à cette date à venir au lieu du 16 août, comme c’est le cas habituellement. Et cela, en raison du fait que l’exercice d’enregistrement des électeurs a été entrepris sur la base des recommandations de l’Electoral Boundaries Commission.
Same-day
counting mort-né
Cette variation de date, au terme de la section 39 (4) de la Constitution, a déjà fait l’objet d’un Order émis par l’Electoral Supervisory Commission signé du Chairman sortant, Yusuf Aboobaker, Senior Counsel, en date du 1 er juillet dernier.
Il n’empêche que depuis la fin de la semaine écoulée, les services de la Commission électorale engagés dans la mise en vente des listes d’électeurs des différentes circonscriptions sont pris d’assaut par les aspirants candidats aux prochaines élections en vue d’élaborer leurs stratégies sur le terrain. Les trois circonscriptions ayant dépassé la barre des 60 000 inscrits sont La Caverne/Phoenix (No 15) avec 62 331 électeurs, Belle-Rose-Quatre/Bornes (No 18) affichant 60 795 et Flacq/Bon-Accueil (No 19) et ses 60 301 inscrits.
Par ailleurs, les listes d’électeurs pour les quatre circonscriptions de la capitale présentent des nouveautés pour les candidats en raison des changements aux frontières électorales, soit :
• No 1 GRNO/Port-Louis Ouest : 33 839 contre 41 536 pour le scrutin du 7 novembre 2019
• No 2 : PL Sd/PL Central : 30 950 contre 24 238
• No 3 : PL Maritime/PL Est : 31 325 contre 21 943
• No 4 : PL Nord/Montagne-Longue : 59 584 contre 48 918.
Du côté de la Commission électorale, on faisait comprendre en fin de semaine que « même si l’entrée en vigueur des nouvelles listes est prévue à la dissolution au lieu du 16 août, ces documents sont déjà disponibles aux membres du public et surtout aux partis politiques et aux candidats potentiels. »
Une autre mission de premier plan attend la Commission électorale en amont de la dissolution prochaine de l’Assemblée nationale. Avec la conclusion des consultations impliquant les partis politiques au sujet de l’option du same-day counting, soit le dépouillement de bulletins de vote dès la fermeture des bureaux le jour du scrutin, le commissaire électoral, Irfan Rahman, avec un agenda bousculé en ce début de semaine pour des raisons personnelles, s’apprête à animer une réunion de l’Electoral Supervisory Commission présidée pour la première fois par Me Christine Sauzier, qui a été nommée Chairperson, succédant à Me Aboobaker.
Les recommandations du Commissaire électoral sur cette question sera à l’ordre du jour de cette réunion, alors que le rapport complet devra être soumis au Secretary to Cabinet, Premode Neerunjun, vers la fin du mois. Toute semble indiquer que le same-day counting pourrait être déclaré mort-né, comme ce fut le cas avec le financement des partis politiques. Du côté de la Commission électorale, la possibilité de couper la poire en deux, soit éviter le transfert des urnes avec les bulletins de vote dans la nuit du scrutin vers les 20 counting centres, le dépouillement se faisant dans chaque voting centre tout en mélangeant les bulletins des différents voting rooms, aurait les faveurs. Mais tout l’exercice de décompte et d’annonce des résultats devra se faire le lendemain du scrutin. Comme c’est le cas actuellement.
À ce jour, trois principaux obstacles paraissent insurmontables sur la voie du same-day counting. D’abord, la convergence de vue exprimée unanimement par les trois partis politiques à l’effet qu’à aucun moment le secret du vote ne doit être violé, avec le dépouillement dans les voting roms respectivement. À ce Democratic Predicament de première importance est venu se greffer le fait que la Commission électorale a recensé 19 single-room voting centres, comprenez par là des centres de vote avec unique bureau, sur les 338 centres de vote des 20 circonscriptions et de Rodrigues. Techniquement, les 1 002 852 électeurs contre 941 719 de 2019 exerceront leur droit de vote dans 1 982 voting rooms installées par la Commission électorale.
Marketing électoral
Les deux autres problèmes s’articulent autour de la pénurie de fonctionnaires pour être déployés dans les centres de vote, soit 6 000 supplémentaires, s’ajoutant aux 12 500 déjà inscrits et ensuite les objections catégoriques formulées par les syndicalistes par rapport à la sécurité des membres du personnel effectés dans les différents centres de vote. Autant de facteurs barrant la route à Maurice à se joindre à la ligue des démocraties avec le dépouillement des bulletins dès la fermeture des bureaux de vote.
Last but not least est le fait que les partis politiqus à Rodrigues, qui ont déjà fait l’expérience avec succès du same-day counting lors dernières élections régionales, ont proposé le dépouillement se faisant le lendemain, permettant une cooling off period de la tension se prévalant le jour du scrutin. Un argument de poids qui pèsera de tout son pesant d’or dans le rapport officiel de la Commission électorale.
Sur le terrain purement politique d’ici à la fin du mois prochain, deux dossiers principaux devront émerger dans l’argumentaire de campagne de l’Alliance Morisien, avec le PMSD de Xavier-Luc Duval venant se joindre à la locomotive du MSM. En l’occurrence le logement et la santé. D’ailleurs, intervenant mardi à Wooton à l’occasion de la première pierre de 126 unités de la National Housing Development Company, le Deputy Prime Minister, Steven Obeegadoo, a cassé la clé. Il a confirmé que le Premier ministre procédera à la remise des clés des unités de logement social de la NSLD dès le début de septembre.
Parallèlement, le Premier ministre lancera à Riambel le dernier chantier pour la construction de logements sociaux et présidera à la première cérémonie d’installation des occupants dans le complexe résidentiel à Olivia dans la circonscription de Montagne-Blanche/Grande-Rivière Sud-Est (No 20). Puis suivront les régions de Grand Bel-Air, Camp-Levieux, Henrietta, Valetta et Malherbes, entre autres.
Dernier chantier
Pravind Jugnauth avait déjà pris l’engagement de livrer les premières unités de la NSLD avant le coup d’envoi de la campagne pour se transformer en un des piliers de la mobilisation électorale sur le front du bilan.
Du côté de la Santé, Lakwizinn du PMO, en dépit des Political Blots avec les Covid-19 Procurements en 2020, maintient que le gouvernement sortant a une carte à jouer. D’ailleurs, la visite cette semaine au New Cancer Hospital de l’ancien leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval, qui avait cloué au pilori de manière magistrale, le ministre de la Santé, Kailesh Jagutpal, avec la Molnupiravir Saga, s’inscrit dans cette logique visant à redorer le blason de la Santé.
Et à partir de demain, le gouvernement affirmera arborer un nouveau fleuron dans le secteur de la Santé avec le Sir Anerood Jugnauth Hospital (New Central Flacq Hospital), établissement ultramoderne doté de 500 lits accueillant ses premiers patients. Avec la transition, le ministère prévoit que tous les rendez-vous précédemment fixés à l’hôpital Dr Bruno Cheong seront traités au nouvel hôpital, soit l’ensemble des spécialités, de la pédiatrie à la cardiologie en passant par la chirurgie.
D’autre part, un service d’urgence sera pleinement fonctionnel au Sir Anerood Jugnauth Hospital avec un dispositif satellitaire maintenu à l’hôpital Dr Bruno Cheong durant la période de transition. Dans un communiqué émis, le ministère indique que « toutes les chambres sont prêtes à accueillir les patients nécessitant une hospitalisation. Les patients actuellement hospitalisés au Dr Bruno Cheong seront transférés progressivement vers le nouvel établissement, avec le ministère s’engageant à informer les familles des dates de transfert. »
Le lendemain, soit mardi, Pravind Jugnauth est attendu à Flacq pour l’inauguration de ce centre hospitalier, nécessitant des investissements publics de l’ordre de Rs 2,6 milliards, dont la construction avait débuté en 2020. Très probablement, cette cérémonie sera l’une des dernières grandes manifestations officielles, outre la tournée susmentionnée des complexes résidentiels de la SLDC, pour le marketing électoral de Pravind Jugnauth 3.0.