En marge du spectacle Mauritius Sea of Love, samedi 28 janvier au Caudan Arts Centre (CAC), un « work in progress lié au travail de recherche créative des artistes qui seront sur scène a été entamé.
Cette recherche-réflexion étant indissociable des formes et mouvements du spectacle en progression. Invitant à un voyage à la lisière d’un monde irréel, merveilleux et poétique, ce spectacle vivant est en co-évolution dans un va-et-vient réflexif. Rencontre avec quelques musiciens déjà en immersion dans une matière vibrante, rythmée, colorée.
Dans la salle de répet du CAC, nous sommes à la quatrième séance de répétition du spectacle Mauritius Sea of Loveconçu par le pianiste Francois Lindemann avec des musiciens locaux et étrangers. Spectacle unique et fascinant pour le public, qui aura droit à une fusion clarinette, trompette, saxophone, ravanne, maravanne et tabla. Une rencontre entre la musique, la danse, la peinture, le texte, le temps d’un voyage artistique sans frontière. « Le spectacle se monte petit à petit… », souligne François Lindemann, entre les couplets de chansons autour de la mer.
Les musiciens sont Philippe Thomas (trompette), Samuel Laval (saxophone), Christophe Bertin (batterie), Kurwin Castel (percussions), Krishna Veni (Vina) et Jean-Jacques Arjoon (narration, chant). Invités : François Lindemann (piano, composition), Philippe Ehinger (Suisse – clarinette et clarinette basse) et Hussein Amrat (tabla) sont à des stades d’élaboration différents du projet.
« On a commencé à travailler d’abord tout ce qui est instrumental avec les trois souffleurs, les deux Philippe et Samuel. On a essayé d’avoir de grandes introductions de percussions, des mélanges de tabla avec les ravannes et maravannes, ainsi que la basse. Moi, j’aime bien rajouter une contrebasse pour avoir un élément grave qu’on n’a pas dans les ravannes. Ce soubassement prend parfois du temps. Le tabliste a envie de proposer des choses, des « break » que les musiciens font ensemble. Il y a Krishna Veni (Vina), une jeune élève qui a des morceaux qui sont inclus dans les parties orchestrales. Elle va aussi jouer en duo. Zanzak dira des bribes de textes provenant d’articles sur le naufrages du Wakashio et autres anciens naufrages. Ces parties récitées sont organisées comme des cadavres exquis. Il a une petite phrase rythmique, un parler-chanter… La grande nouveauté par rapport à Confluences, présenté en 2019, est l’apport de la danse et de la peinture… », dit François Lindemann. Ajoutant qu’il y a des parties minimalistes dans l’esprit créole.
Les rythmes du séga sont adaptés aux compositions. La danse est expressive avec un accompagnement de contrebasse ou de clarinette. Ce sera une grande fresque sur scène avec le peintre qui fera une fresque réelle de chaque côté de la scène, avec de grands rouleaux qui seront déroulés sur les deux parois de la salle. C’est un voyage musical qui sollicite tous les sens. Le but de ce voyage musical et visuel est de faire entrevoir les couleurs suggérées dans la musique et les couleurs réelles avec la peinture. Un monde onirique de bleus et verts basculant dans un côté sombre. « Monter sur scène c’est déjà un acte poétique. Pour nous, la poésie ressemble à la vie. On parle de choses oniriques et de la réalité … », explique François Lindemann. Philippe Thomas, trompettiste, dit que ce dernier aime les chansons créoles et qu’il a fait l’arrangement des cuivres à sa manière pour amener les musiciens à jouer autrement.
C’est un concept nouveau qui passe bien. De toute évidence, le travail avec les musiciens devient progressivement un lieu d’expérimentation où des passerelles se constituent entre musique, danse et arts plastiques. Ce que présentent les artistes à chaque séance de répétition révèle le dynamisme d’une démarche créative. Chaque séance correspond à un palier de cohérence qui jalonne le trajet de leur recherche. De l’exigence de ce travail réflexif constant, naissent les co-créations « in progress ».