Il y a presque un an, Sandra Nurkoo et sa sœur Amélie Antoine donnaient le ton à Sweet Sisters, leur crêperie installée dans un kiosque en bordure de route à Cascavelle. Puis est arrivé Bubble Food, leur food truck où le wrap au boeuf effiloché est vite devenu la signature de Sandra Nurkoo. Coiffeuse et make-up artist à l’origine, les deux jeunes femmes ont fait le grand saut dans la restauration rapide et prennent plaisir à poursuivre leur nouvelle aventure et défi.
Les automobilistes et passants qui empruntent la route de Morcellement Xavier à Cascavelle ne peuvent manquer le kiosque et le food truck des sœurs Sandra Nurkoo et Amélie Antoine. Sur cette route qui sert de raccourci pour ceux qui se dirigent vers le parc de Casela ou Beau-Songes, il y flotte tous les jours une agréable odeur de pâte à crêpes et de gaufres. Ce doux parfum qui attise la gourmandise provient du kiosque Sweet Sisters et indique qu’Amélie Antoine est devant sa crêpière manipulant le râteau et que le gaufrier a été activé. Et juste à côté, au même moment, dans le food truck Bubble Food, c’est Sandra Nurkoo qui s’affaire à la préparation d’un wrap. Sandwich ou wrap, ce qui les rend encore plus goûteux, c’est cette sauce barbecue dont elle a le secret et le « pima belmer. »
Girl Power
Sur ce passage très fréquenté de Cascavelle, les sœurs ont lancé leur petit business, devant la maison de leur père, avec son soutien, il y a un an. Leur permis d’opération en main, elles ont plongé dans une nouvelle aventure confiantes, non que le succès sera eu rendez-vous, mais qu’elles ont la capacité de relever des défis qu’amène ce genre de projet. « C’est cela le Girl Power ! » lance toute souriante Amélie Antoine, âgée de 20 ans. Dans le coin, c’est elle la reine du bubble tea, milkshake et des brownies. Le regard bienveillant posé sur sa sœur, Sandra Nurkoo, 32, ans acquiesce sur le pouvoir des filles.
La jeune femme a toujours veillé sur la benjamine de la famille. « Je me suis occupée d’elle depuis sa naissance, notre mère était malade après son accouchement », concède la patronne de Bubble Food. Depuis, c’est un lien inébranlable qui les rend inséparables. À un point où travailler ensemble était une évidence pour les deux jeunes femmes et leurs proches. « Quand on avait cherché un nom pour le kiosque, lequel était le premier élément de notre projet, notre sœur cadette, Kathleen, enseignante et pâtissière, nous a fait remarquer que nous n’avions pas à nous éterniser sur la réflexion. Et elle a trouvé Sweet Sisters », raconte Sandra Nurkoo.
Tout commence par des crêpes
Ni Sandra Nurkoo ni sa soeur Amélie Antoine n’envisageaient un instant de se tourner vers le business de l’alimentation. Comme pour beaucoup de jeunes entrepreneurs, la nouvelle activité des deux soeurs a émergé après les séquelles économiques du Covid-19. Même si leur père, Alain, s’était essayé à la pâtisserie lorsqu’il était jeune et qu’il s’y connaît en cuisine, l’on ne peut dire qu’elles étaient destinées à ce genre d’entreprise. Mais si la cuisine n’est pas une affaire d’ADN pour elles, la passion s’est installée en même temps que leur projet prenait forme. Toutefois, contrairement à Sandra Nurkoo, de son côté, Amélie Antoine était déjà une aficionado de crêpes.
« À la maison c’était pris pour acquis qu’Amélie fasse des crêpes au petit déjeuner ou à l’heure du thé parce que j’en faisais tout le temps », raconte cette dernière en rigolant. Et sa sœur de poursuivre : « Quand nous avons eu à réfléchir à une alternative pendant et après le confinement, parce que la coiffure ne marchait pas alors, nous avions proposé à Amélie de vendre ses crêpes. Elle a un peu hésité. Puis elle a pensé à installer une table devant le salon de coiffure à Palma pour la vente de ses crêpes ! J’ai trouvé que c’était une bonne idée, je lui ai dit d’aller de l’avant et que j’étais à ses côtés, à fond avec elle. »
Inséparables
C’était sans se douter que Sandra Nurkoo allait aussi se retrouver happée par la restauration rapide. Coiffeuse professionnelle depuis des années, elle avait même offert l’opportunité à sa jeune sœur de se joindre à elle. Après une formation, cette dernière s’était spécialisée en maquillage. L’association des deux soeurs fonctionnait bien puisqu’elles se complémentaient. « On est inséparables », rappelle Sandra Nurkoo. La vente des crêpes s’est avérée un succès. À l’époque à Rs 5 la crêpe à la fameuse pâte à tartiner et Rs 10 la gaufre, il ne faisait aucun doute que les clients ne se faisaient pas prier pour se faire plaisir. Les efforts d’Amélie Antoine allaient être payants. Car, en effet, de la table à Palma au kiosque de Cascavelle, il n’y a eu que quelques pas à franchir…
Avec l’aide d’un ami et de leur père pour la construction du kiosque, devant la maison de ce dernier, les sœurs démarrent Sweet Sisters à Cascavelle. Peu de temps après, c’est Bubble Food qui apparaît. « Au départ ,Bubble Food est une idée de mon père. Il venait de prendre sa retraite dans la maintenance à l’hôtel et envisageait de faire une activité qui lui plaît. Au même moment, une amie mettait en vente son food truck. J’ai saisi cette occasion pour en faire l’acquisition et lancer le projet de mon père », confie Sandra Nurkoo. Mais rapidement, celui-ci allait passer le relais à sa fille. « Mon père a commencé la construction de sa maison et les travaux accaparent son temps. Il m’a remis les clés de Bubble Food », confie la jeune femme, qui a fermé définitivement son salon. Sandra Nurkoo et sa sœur n’ont pas pour autant complètement délaissé leur premier métier respectif. Elles répondent encore aux demandes de coiffure et de maquillage à domicile lorsqu’on fait appel à leurs services.
« Pima belmer »
Avec Sweet Sisters et Bubble Food, confient les deux soeurs, elles ont appris les exigences et contraintes de l’entrepreneuriat. « Travailler pour soi-même procure une grande satisfaction et une sensation de liberté inexplicable. Mais cela demande de la rigueur et de l’organisation », concède Sandra Nurkoo, mère d’un petit garçon de sept ans. Entre le marché, les commandes des produits, la cuisson des burgers maison, la préparation de la marinade qui fait le succès de son bœuf effiloché, l’ouverture du food truck et la vente, la jeune femme a découvert un univers qui lui plaît et qui fait désormais partie de son équilibre. De son côté, Amélie Antoine confie : « L’entrepreneuriat quand on est encore très jeune est aussi synonyme de sacrifices. J’ai moins de temps pour moi. »
Le regard toujours bienveillant posé sur la benjamine de la maison, Sandra Nurkoo explique sur un ton quasi maternel : « Avec ce métier, Amélie fait son entrée dans le monde des adultes. Même si le travail absorbe une grande partie de notre temps, nous en trouvons quand même pour nous ressourcer et passer des moments en famille. » Et quand les automobilistes leur confient qu’ils ont fait des kilomètres pour goûter au « pima belmer » (une recette de leur mère Véronique), ont entendu parler du bœuf effiloché des filles de Bubble Food, que la sauce barbecue et mayonnaise maison de Sandra Nurkoo sont à tomber par terre, elles se donnent raison de s’investir dans leur petite entreprise.