Adrien Caraguel, auteur de Les noyaux d’abricot, itinéraire d’un enfant d’Algérie (L’Harmattan, 2011), nous accueille à l’Atelier à Port-Louis en pleine écriture de la suite de son nouveau livre. Il nous fait lire en avant-première un texte qui a pour titre « Dans le Hall de la gare de Montgomery » : » Le hall très vaste, grouillait de monde. De forme octogonale, telle une pieuvre, il jetait ses tentacules sous la forme de couloirs qui aboutissaient à des terre-pleins qui accueillaient des bus à l’arrivée et en préparaient d’autres pour le départ. A l’entrée de chaque couloir la destination qu’il desservait s’affichait en gros caractères. On pouvait lire : Birmingham, Jackson… » En fait, Adrien Caraguel, pied noir né à Boujie en Algérie, installé aujourd’hui à la Réunion reprend son histoire lorsqu’il part pour l’Amérique à l’âge de 18 ans en tant qu’élève-pilote dans l’armée. Il fait partie de ces auteurs qui ont fait du réel, des personnages ayant vraiment existé, et l’Histoire, un matériau littéraire important. Caraguel a passé son bac en Algérie pendant la guerre 1939-1945. Son livre a un caractère très autobiographique. Adrien Caraguel est un conteur. Les noyaux d’abricots se présentent sous la forme d’un conte-romancé. L’auteur avoue : « C’est presqu’une demande de mes petits-enfants… j’avais des photos très parlantes… j’ai un axe d’écriture avec une structure que j’ai bâtie pour obtenir quelque chose de cohérent… » Pour résumer, son histoire se déroule sans chronologie. Au début il y a une petite amourette qui va changer le cours de la vie de l’adolescent Adrien. Cette liaison amoureuse est un prétexte pour décrire les conditions de vie, le quotidien, la façon d’administrer la France coloniale. Le récit s’insère dans un tissu géopolitique. Caraguel s’est inspiré des événements réels pour écrire. Il raconte le débarquement des américains à Rommel avec en face l’armée anglaise. Rommel est privée de munitions: les Anglais se réfugient en Tunisie. On assiste à trois jours d’une bataille mémorable « Kasserine ». Caraguel dit qu’il a inséré la vraie histoire dans son livre. Ecrire, dit-il c’est laisser des traces. C’est témoigner, se pencher sur le passé (trop de choses sont souvent occultées selon lui. « Chaque être humain, sans vouloir être immortel aime bien laisser une trace positive de ce qu’il a fait sur terre… » dit Caraguel.
Quant au titre du livre, Les noyaux d’abricot, l’anecdote mérite d’être racontée : en 1990, Adrien Caraguel rencontre l’écrivaine Geneviève Dorman à Tamarin. La conversation porte sur l’Algérie, un des plus grands producteurs d’abricots au monde. La récolte de ces fruits dure deux mois. Il y a des gens qui les ramassent pour fabriquer de l’orgeat. L’auteur se souvient qu’il jouait aux noyaux d’abricot à l’école. « Je me revois en train de jouer et de vendre mes noyaux d’abricot. » Il y a aussi dans cette histoire un lien avec sa première sensation de peur. Un élève de sa classe qui avait une certaine assurance avait réclamé les noyaux de manière un peu autoritaire. C’est Geneviève Dorman qui a donc suggéré le titre du live de Caraguel. Quand on lui demande vers quoi il s’oriente actuellement, l’auteur fait allusion à la feuille blanche devant lui où il a amorcé la suite de son histoire et racé une sorte de carte géographique : » tout mon vécu va être mêlé à la vie américaine… je vais décrire cette vie avec les incidents qui ont survenu… je vais décrire les premières marches de Noirs avant Martin Luther King… »
Voilà une littérature qui raconte notre monde et résiste à la tentation d’occulter certains épisodes de l’Histoire.
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RÉÉDITION: Pu tu dimunn ki pe ekrir an kreol zordi
Ti Bato Papye li enn rekey poem ki rassemblé tu bann poem ki ti gayn pri dans konkur literer organisé par Lezdikasyon pu Travayer en 1987. Saken ena so apresyasion sa bann textes ki fine réédité zordi. Nu espere ki bann lekter pu truv Ti Bato kouma osi zoli ek osi en muvman ki Vidya Golam finn present li. Ala texte ki li finn ekrir.
Nu kumans par Ti Bato Papye par Alain Fanchon.
Ti bato papye li en omaz a lanfans, a linosans e tit-la mem evok enn serten frazilite ubyin vilnerabilite.Me sa zanfan kipe flot sa bato papye –la li usi konsyan danze konplikasyon ki leksperyans lavi reprezante. Zanfan dan poem-la idantifye li totalman avek so ti bato ziska ki tulde vinn enn sel. Loter fer prev enn rises lingwistik ekstraordiner avek bann turnir imaze ek lekonomi bann mo. Mo pran legzanp :
To ti pavyon kart bis ape balanse
Lor enn baton zalimet fezer dan so dibute
Mo ti leker bat tranble per to devire
ROMAN: Adrien Caraguel, le réel comme matériau romanesque
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