57 combats, 2 fois champion de France de taekwondo, 56 victoires : Martial Noierez, 36 ans gère 6 clubs à Nancy, France. Entraineur d’arts martiaux, dont le taekwondo et le karaté volant, Martial veut progresser dans cette discipline et inciter les jeunes des quartiers difficiles à pratiquer ces arts pour un bon équilibre du corps et de l’esprit. Martial Noierez nourrit un projet de club à Maurice pour éviter que les jeunes ne tombent dans des problèmes sociaux, en particulier la drogue. Ce maître instructeur veut emmener les jeunes mauriciens en compétition, voire au niveau international. Martial, enseignent français de taekwondo, diplômé d’état, ceinture noir 2e Dan française, ceinture noir 2e Dan Kukiwon (Ecole mondiale de Taekwondo en Corée du Sud) a bien voulu répondre à nos questions sur la pratique du taekwondo, sa croissance et sa popularité.
Comment en es-tu venu au sport et au taekwondo plus précisément ?
Je suis né le 6 octobre 1981 à Nancy en France dans un quartier difficile, rongé par la violence et la drogue. Quand j’étais petit, je ne pensais qu’à la violence. Je n’allais pas à l’école, je ne pensais qu’à traîner dehors pour trouver de l’argent. C’est un voisin qui m’a aidé à rattraper mon retard scolaire et pour me récompenser il m’a fait découvrir le taekwondo dans le club du quartier. Ensuite, avec l’aide de mon maître, je me suis perfectionné au combat, technique et self défense. Après plusieurs années d`entrainement, j’ai terminé 1er au Championnat de France combat en 1998, à Paris et 1er au Championnat de France combat en 1999, à Orléans. J’ai eu la chance de pouvoir faire partie de l’équipe de France pendant quelques années et de voyager pour le sport — ce qui m’a permis de rencontrer beaucoup de gens avec qui j`ai beaucoup appris.
Vous pensiez atteindre de telles performances un jour et être aujourd`hui entraîneur dans des quartiers difficiles ? Comment analysez-vous l’évolution des jeunes pour les aider à progresser dans cette discipline ?
Tout ça relève de la persévérance. En 2011, j’ai décidé de me perfectionner en tant qu’entraîneur professionnel en passant avec succès tous les diplômes proposés par la filière de formation de la FFTDA (Fédération française de taekwondo et disciplines associées). J’ai un certificat de qualification professionnelle, CQP et un diplôme d’état de la jeunesse de l’éducation populaire. Actuellement, j’enseigne dans plusieurs structures qui ont formé des champions. J’ai mis en place plusieurs actions qui ont fait leur preuve dont l’action parent/enfant qui consiste à faire faire du taekwondo en famille avec pour but de resserrer les liens familiaux. Je suis chargé du développement du taekwondo dans la région Lorraine et l’entraîneur de 6 structures. Notre but est de créer des champions qui peuvent affronter toutes les difficultés dans leur vie, que ce soit personnelle ou sociale. Un pratiquant d`art martial doit cultiver, en dehors de la technique, l’humilité et aussi le respect de l’autre. C’est ce que j’inculque à mes élèves en compagnie de ma femme, elle-même, adepte du taekwondo.
Quel est votre sentiment concernant les arts martiaux et les jeunes ?
Nos jeunes pratiquants ont beaucoup de talents. On souhaiterait plus d’intérêt et d’investissement dans ce domaine. Nos jeunes ont besoin d’être bien encadrés et encouragés, que ce soit financièrement, matériellement. Les arts martiaux doivent être au service de la communauté. Il y a aussi le lien entre l’entraineur et le pratiquant. Le partage d’une même vision nous amène à relever plusieurs défis. Dans les arts martiaux, on vous apprend à combattre contre un adversaire, mais au-delà du combat, on apprend aux jeunes la maîtrise de soi, comment canaliser ses émotions et changer physiquement et mentalement si vous êtes victime d’un problème lié à la violence, par exemple.
Quel lien faites-vous entre le taekwondo et les valeurs comme le vivre-ensemble ?
On apprend des techniques pour prévenir la violence. Ce n’est pas que de la bagarre. Nous sommes une famille sportive. C’est aussi une vision du monde, un univers de paix. Le taekwondo est un art nourri par l’idée de partage et de transmission. C’est une école de vie que je voudrais monter à Maurice. Montrer que le taekwondo actuel bénéficie d’une image positive et connaît un bel essor. Il est important de diffuser nos messages dans les pays les plus lointains.
Où en êtes-vous avec votre projet pour Maurice et qui vise à sortir les jeunes des quartiers difficiles pour les faire intégrer un club de taekwondo, voire une équipe nationale ?
Après une étude de terrain, nous avons constaté que certaines activités sportives ne sont pas médiatisées et qu’il n’y a pas de structure réelle concernant le taekwondo. Mon action consiste à donner la chance aux jeunes des quartiers défavorisés pour se spécialiser dans les arts martiaux et faire la fierté de leur pays grâce à leurs efforts. Pour l’heure, je suis au stade d’explication du projet, faire des stages, solliciter l’aide de l’Etat pour mettre en place les structures appropriées. On peut former une ceinture noire en trois ans et un entraîneur aussi. Avec la formation et les diplômes, on peut envisager une équipe nationale qui participerait aux compétitions internationales.