Ce dimanche est marqué par la Journée mondiale de la baleine. L’occasion de rappeler que ce mammifère marin joue un rôle important dans la régulation des écosystèmes. Pourtant protégées par un moratoire adopté par la Commission Baleinière Internationale (CBI), les baleines sont encore ciblées par la pêche commerciale dans certains pays. Mais la chasse est loin d’être le seul danger pour ces cétacés. La surpêche, les pollutions chimiques, le plastique, ainsi que les changements environnementaux provoqués par le dérèglement climatique sont autant de menaces qui les fragilisent. Heureusement, certaines populations se portent mieux. Et la décision de l’Islande de ne pas chasser de baleines de 2019 à 2020 pourrait aboutir à un arrêt définitif de cette activité en 2024.x
Les baleines, mammifères marins de la famille des cétacés, battent de nombreux records du règne animal. Par exemple, la baleine bleue est le plus grand animal au monde, pouvant mesurer jusqu’à 30 mètres de long et peser plus de 170 tonnes. Les chants les plus longs et les plus complexes du règne animal proviennent des baleines bleues mâles.
Les cétacés sont les seuls mammifères qui ne viennent jamais sur terre. Il existe deux grandes familles : les cétacés à dents (odontocètes) comme l’orque, le cachalot ou le grand dauphin, et les cétacés à fanons (mysticètes) comme la baleine bleue ou le rorqual commun. On dénombre 11 espèces de cétacés à fanons et 70 de cétacés à dents. Le terme baleine n’a pas de réel fondement scientifique, mais les « vraies » baleines sont le plus couramment définies comme étant les cétacés à fanons.
Leur rôle dans les écosystèmes marins
Les baleines jouent un rôle très important dans la régulation des écosystèmes océaniques car elles font circuler les nutriments dans les océans et contribueraient à atténuer le changement climatique. Tout au long de sa vie, une baleine accumule du dioxyde de carbone (CO2) dans son corps. À sa mort, en moyenne 33 tonnes de CO2 sont piégées et sombrent avec la carcasse au fond des mers. De plus, les excréments des baleines sont source de nutriments pour les organismes phytoplanctoniques. Lesquels sont très importants car ils absorbent environ 40% du CO2 produit sur Terre et produisent 50% de l’oxygène atmosphérique.
Protégées
Les baleines sont pêchées depuis des siècles pour leur chair, leur graisse (qui fournissait de l’huile destinée à l’éclairage, lubrifiant pour les machines…), leur peau (pour en faire des sacs, des selles de vélo…), les fanons (utilisés pour les baleines de corset et de parapluie…) ou encore leurs tendons (cordage de raquette). Leur chasse s’est intensifiée au cours du siècle dernier en Europe, en Amérique du Nord et au Japon.
Dans les années 1930, les estimations étaient de 50,000 baleines capturées par an. Par exemple, près de 30,000 baleines bleues ont été capturées lors de la saison 1930-31. Cette surexploitation a menacé d’extinction plusieurs espèces. La baleine à bosse a perdu 90% de sa population et la baleine franche de Biscaye a été si proche de l’extinction que même à l’heure actuelle, il n’existe plus que quelques centaines d’individus.
Face à l’effondrement des populations de baleines, la Commission Baleinière Internationale (CBI) a été créée en 1946 en vue de réguler leur chasse au niveau mondial. Les mesures prises n’ont pas été efficaces et il a fallu attendre 1986 pour qu’un moratoire entre en vigueur et interdise la chasse commerciale de ces cétacés. Seule la chasse à des fins de recherches scientifiques ou de subsistance par des peuples chassant traditionnellement la baleine pour des besoins nutritionnels est alors autorisée.
Malgré ce moratoire, trois pays – le Japon, la Norvège et l’Islande – continuent de pêcher les baleines dans un but commercial. Le Japon chasse des espèces protégées dans le Pacifique et en Antarctique depuis de longues années, sous couvert de recherches scientifiques. Il se retire de la CBI en 2019 et annonce qu’il reprend la chasse commerciale dans ses eaux, mais met un terme à la chasse à laacipale espèce visée est la baleine de Minke, aussi appelée « petit rorqual », pour sa viande. Le Japon a fixé son quota de pêche à 383 individus pour l’année 2021. En Norvège, les produits baleiniers sont peu consommés et principalement exportés au Japon. En 2020, le quota de baleines de Minke était de 1,278. En Islande, seule une infime partie de la population consomme de la viande de baleine, qui est plutôt destinée aux touristes et présentée comme un mets traditionnel. En 2018, le quota de l’Islande était de 400 baleines.
Vers un arrêt définitif de cette activité en 2024
Selon l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), près du quart des espèces de cétacés sont considérés menacées, dont 9 espèces classées « en danger », telle la baleine bleue, ou « en danger critique d’extinction » telle la baleine de Biscaye. De plus, 44 espèces de cétacés sont classées dans la catégorie « données insuffisantes », ce qui pourrait aggraver la situation.
La chasse est loin d’être le seul danger pour les baleines. Leur principale alimentation, le krill (petit crustacé), est également surpêché, et les baleines ont de plus en plus de difficulté à se nourrir. Les pollutions chimique, plastique et sonore, les collisions avec les bateaux, ainsi que les changements environnementaux provoqués par le dérèglement climatique sont autant de menaces qui fragilisent les cétacés. Aux Philippines, en 2019, une baleine à bec de Cuvier a été retrouvée avec 40 kg de plastique dans l’estomac.
Heureusement, il y a aussi quelques bonnes nouvelles. Les populations de baleines à bosse et de baleines franches australes se portent mieux grâce aux actions de gestion mises en place par la CBI et à la mobilisation d’acteurs engagés pour leur préservation. Face à la baisse d’intérêt de sa population pour la viande de baleine et à une chasse qui n’était plus rentable, l’Islande avait décidé de ne pas chasser de baleines de 2019 à 2020. Cette décision pourrait aboutir à un arrêt définitif de cette activité en 2024.
La baleine bleue, un géant des mers en voie d’extinction
En janvier 2019, un cétacé s’est échoué sur une plage de Floride. Après l’étude de sa génétique et de ses ossements, les scientifiques ont conclu, en 2020, à la découverte d’une nouvelle espèce : le rorqual de Rice.
Reconnaissable aux sillons caractéristiques courant le long de sa gorge et à ses vocalises semblables à un chant, la baleine bleue ou rorqual bleu est le plus gros animal ayant jamais vécu sur Terre. Si elle se rencontre parfois en groupe d’une poignée d’individus, c’est en solitaire ou en duo qu’elle effectue ses migrations autour de la planète, au rythme des déplacements du krill dont elle se nourrit. Loin d’être un superprédateur malgré ses dimensions, elle est plutôt une proie de choix pour l’Homme depuis le siècle dernier. En cause principalement, la chasse qui a fait passer ses populations de 250,000 à 5,000 individus en l’espace d’une centaine d’années seulement.
La baleine à bosse se reproduit près
de nos côtes
À Maurice, des excursions saisonnières sont proposées pour l’observation des baleines à bosse. Elles peuvent être observées en hiver, de mai à septembre environ, lors de la période de reproduction. Le mâle adulte peut mesurer jusqu’à 15 mètres et peser 50 tonnes pour les plus gros spécimens. La baleine à bosse peut vivre jusqu’à 60 ans. Elle produit un son très spécial, notamment les mâles, durant la période de reproduction. Contrairement aux cachalots, elles vivent près des côtes. Les femelles restent avec les baleineaux, alors que les mâles adultes voyagent seuls. Cet étonnant mammifère marin parcourt en moyenne 25,000 kilomètres par an, se nourrissent dans les eaux polaires et se reproduisent près de Maurice.