Les maladies cardiovasculaires sont la première cause de mortalité chez les femmes, et pourtant, leurs symptômes sont encore méconnus. La faute en revient à une mauvaise interprétation des symptômes. En effet, autant les symptômes chez l’homme sont largement connus et médiatisés (douleur intense dans la poitrine, sensation d’écrasement, douleur dans le bras gauche…), autant les symptômes féminins le sont beaucoup moins. Et de ce fait, souvent, on passe à côté du diagnostic. Comment reconnaître les symptômes de l’infarctus du myocarde (appelé plus communément “crise cardiaque”) au féminin ? Quels sont les facteurs de risque ? Comment prévenir les infarctus quand on est une femme ? Voici quelques signaux d’alerte qui ne doivent pas être pris à la légère car un malaise cardiaque est une situation d’extrême urgence qui nécessite l’appel des secours et souvent une hospitalisation immédiate.
Une sensation d’oppression, une douleur aiguë dans la poitrine irradiant les mâchoires et le bras gauche: voilà les symptômes typiques d’un infarctus du myocarde chez un homme. Chez la femme, les signes annonciateurs d’un infarctus sont moins connus. Le fait est que l’on continue d’attribuer cette maladie au sexe masculin. Or, c’est faux, soulignent les médecins rappelant que les maladies cardiaques touchent autant les femmes que les hommes. L’infarctus du myocarde est la première cause de mortalité féminine avant le cancer du sein.
C’est quoi un infarctus du myocarde ?
Le cœur est un muscle essentiel. Il est le principal organe vital du corps humain. Il assure le rôle de pompe pour permettre au sang rempli d’oxygène de circuler et de faire fonctionner tous les autres organes. Mais le cœur est aussi un gros consommateur de cet oxygène. Il en utilise à lui seul 10 %. Lorsque les artères coronaires qui irriguent le cœur sont bouchées par la formation de caillots sanguins, il n’a plus assez d’oxygène pour fonctionner correctement. Si l’obstruction est totale, c’est l’asphyxie. Le flux sanguin est interrompu, le muscle cardiaque, privé de son oxygène, s’abîme. Sans une prise en charge rapide, il finit par s’arrêter.
À tous les âges, l’infarctus du myocarde se conjugue au féminin
Les cœurs des femmes battent différemment de ceux des hommes. Jusqu’à la ménopause, les femmes sont mieux protégées contre les infarctus, mais elles en décèdent plus souvent que les hommes. Or, dans l’imaginaire collectif, y compris parfois au sein même du corps médical, on pense que ce sont les hommes qui sont les plus susceptibles de faire un infarctus létal. Un homme qui approche la cinquantaine, peu sportif, souvent surmené, avec une mauvaise hygiène de vie (tabac, alcool, alimentation trop riche…) semble être le candidat parfait pour le malaise cardiaque. Mais l’infarctus du myocarde touche et tue aussi plus de femmes que d’hommes chaque année. Les mauvaises habitudes de vie, en augmentation chez les femmes depuis plusieurs années (sédentarité, alimentation, tabac, stress…), associées aux incidences hormonales des différentes étapes clés (contraception, grossesse, ménopause) ont fait exploser le nombre d’accidents cardiaques et vasculaires. Avec la crise de la Covid-19, ces chiffres se sont encore accentués.
La population féminine se retrouve touchée de plus en plus jeune. Chaque étape clé de leur vie (1re contraception, grossesse, ménopause), les femmes sont exposées à des risques à cause de leur environnement hormonal. Risques accentués lorsqu’on y ajoute de mauvaises habitudes de vie, une tension trop élevée et un manque de suivi médical.
Tendance à minimiser les symptômes
Mais, les signes peuvent être trompeurs et les femmes ne prennent pas les signes avant-coureurs au sérieux. Près de la moitié des femmes de moins de 60 ans victimes d’un infarctus du myocarde n’ont pas ressenti les symptômes classiques. Mais déjà, lorsque les femmes ressentent les signes «classiques», comme une pression dans la poitrine ou une douleur irradiant le bras gauche, elles ont tendance à minimiser les symptômes ou en font une mauvaise interprétation. Surtout que prises dans le tourbillon qu’est leur vie de famille, sociale et professionnelle, les femmes sont peu attentives aux signes de fatigue et de stress.
La prudence doit être de mise lorsqu’une femme ressent une fatigue soudaine, souffre de troubles du sommeil, a le souffle court et des problèmes digestifs, ressent un engourdissement dans les bras et/ou des douleurs dans le dos ou les jambes. Ces signes précurseurs ont l’air insignifiants à première vue, mais peuvent annoncer un infarctus du myocarde des jours ou des semaines à l’avance. Ils sont bien trop souvent attribués à un refroidissement, à des tensions musculaires, à la ménopause ou au stress. Mais qui se rend chez le médecin pour cause de fatigue et de douleurs abdominales? Or, les femmes souffrant de douleurs abdominales, d’essoufflement et d’une fatigue inexpliquée ne devraient pas négliger ces symptômes et doivent se rendre à l’hôpital, notamment si elles ont du diabète ou un syndrome métabolique, comme un taux de cholestérol élevé, un surpoids ou une hypertension, recommandent les cardiologues. Car le sentiment d’invulnérabilité couplé à une non prise en charge rapide des symptômes rend l’infarctus féminin plus meurtrier.
Un meilleur accès à l’information et une sensibilisation à la prévention éviteraient l’infarctus du myocarde dans 8 cas sur 10. De nombreuses vies de femmes pourraient ainsi être sauvées. Il faut retenir que la méconnaissance engendre un retard de diagnostic et une prise en charge thérapeutique plus tardive, ce qui réduit les chances de survie pour ces femmes dont les artères sont plus difficiles à revasculariser, plus fines et plus sensibles au stress que celles des hommes.
Facteurs de risque : qu’est-ce qui rend les femmes malades?
Alors que les hommes sont plus souvent exposés à un infarctus du myocarde à partir de 50 ans, le risque de maladie cardiovasculaire chez les femmes apparaît une dizaine d’années plus tard. L’on suppose que les hormones féminines ont une action protectrice sur le plan biologique qui s’estompe après la ménopause. C’est pourquoi il est recommandé aux femmes de consulter leur médecin de famille au plus tard au moment de la ménopause afin de dresser un profil de risques (cholestérol? Glycémie? Tension artérielle? Poids? Nicotine? Anamnèse familiale). Dans l’idéal, il faudrait même faire cette démarche bien plus tôt. Si vous appartenez à un groupe à risque et que vous avez des douleurs, vous devriez vous faire examiner sans tarder par un cardiologue.
De même; si les hommes et les femmes partagent les mêmes facteurs de risques typiques: hypertension artérielle, taux de cholestérol élevé, stress, surpoids, diabète et tabagisme, tous dangereux pour tous les cœurs, de nombreux facteurs ont néanmoins des conséquences plus importantes sur l’organisme féminin:
•le cœur féminin semble réagir plus mal à la fumée de cigarette. Le risque d’infarctus du myocarde est 25% plus élevé pour les femmes qui fument que pour les hommes qui fument.
•Si une fumeuse prend la pilule contraceptive, ce cocktail ne fait qu’augmenter l’impact négatif sur la santé du cœur, car des caillots de sang peuvent s’y former.
•Par ailleurs, le stress permanent et la dépression impactent davantage le cœur des femmes que celui des hommes. Cela vaut aussi pour une consommation modérée d’alcool.
D’autres facteurs de risque peuvent être typiquement féminins, comme :
•des menstruations exceptionnellement précoces (moins de 10 ans),
•la manifestation prématurée de la ménopause et des complications dans le cadre d’une grossesse telles qu’une prééclampsie et une éclampsie
•Et aujourd’hui, nous savons que le stress constitue un facteur de risque important chez elles.
Un diagnostic précoce permet aux patients de recevoir un traitement adapté le plus vite possible, idéalement dans les 3 premières heures. L’objectif est d’éviter que l’infarctus s’étende et de limiter ses complications immédiates : troubles du rythme cardiaque, décès… De même, recevoir les soins adaptés permet d’éviter les complications à moyen et long terme, au premier rang desquelles le risque de récidive.
Prévention et traitement : qu’est-ce qui aide le cœur des femmes?
L’on sait déjà qu’un mode de vie sain est bon pour le cœur: manger équilibré, faire une activité physique régulière, réduire le stress, avoir un poids idéal, renoncer au tabac et à une consommation exagérée d’alcool. Il est également conseillé de faire contrôler régulièrement sa tension artérielle, son taux de cholestérol et de glycémie. «Le plus important est de s’attaquer aux facteurs de risque de manière préventive. Il faut également faire des examens médicaux préventifs et veiller à prendre ses médicaments s’ils s’avèrent nécessaires.
À retenir :
Les femmes souffrant d’un infarctus du myocarde se plaignent généralement d’autres douleurs que les hommes:
1.Difficultés à respirer
2.Nausées inexplicables et vomissements
3.Sensation de pression dans la poitrine, le dos ou l’abdomen
4.Douleurs à la mâchoire et mal de gorge
5.Fatigue
6.Symptômes supplémentaires éventuels: teint pâle et blafard, nausées, sensation de faiblesse, poussée de sueur, difficultés à respirer, pouls irrégulier.
Mais les symptômes «classiques» peuvent également se manifester:
1.Violente oppression dans la poitrine et douleurs avec sensation de serrement ou de brûlure (durant plus de 15 minutes), souvent liées à des difficultés à respirer et à une forte angoisse
•Parfois, irradiation des douleurs dans toute la cage thoracique, vers les deux épaules, les bras, la gorge, la mâchoire inférieure et la partie supérieure de l’abdomen
•Dans un premier temps, il est essentiel de sensibiliser les femmes qui présentent des facteurs de risque cardiovasculaire : fumeuses, stressées, hypertendues, diabétiques ou dyslipidémiques (c’est-à-dire une concentration trop élevée de lipides dans le sang, ou en surpoids).