Trois semaines passées à tisser une tapisserie de plus de 18 mètres de long, l’artiste allemande multidisciplinaire Susanna Sitterding a su garder l’essentiel : la faculté d’être en interaction avec le public devant la galerie de l’Aube à Flic-en-Flac et celle de faire de ses murs gris la surface d’un objet d’éclat et de couleurs, un univers de symboles. L’artiste a travaillé sur un projet intitulé « Global-Intercultural weaving » qui a commencé en Allemagne et s’est poursuivi à Maurice. Inlassablement, Susanna a fabriqué une tapisserie aux compositions délirantes (morceaux de jeans, de sacs en plastique provenant de Chine). Des matériaux symbolisant les aspects non changeants de la vie. Pour Susanna, son travail est traversé de réminiscences, d’histoire et se présente sous la forme d’un dialogue ouvert. Elle nous parle d’un long processus d’interaction avec le public. Ce travail suscite la curiosité de ce public. Ce dernier lui fournit des matériaux et participe ainsi à l’oeuvre d’art. Susanna fait ressortir que ce n’est pas une simple tapisserie qu’elle fabrique mais un objet qui recèle en lui-même sa propre puissance et nous apprend en réalité ce qu’il est : un symbole de communication. Si les nouvelles technologies nous offrent d’énormes possibilités de communication, le « global endless weaving » est un autre moyen d’entrer en contact avec l’autre à travers une technique traditionnelle (la tapisserie). Contrairement à une peinture qui est destinée, lorsqu’elle est achevée, à être vue, le tissage est une invitation à communiquer autrement. Susanna s’efforce de se défaire des objets dont nous n’avons pas vraiment besoin pour se focaliser sur ce qui lui semble important et sincère : donner une épaisseur aux moyens de communication et les rendre visibles.