Des oeuvres. 16 huiles sur toile exposées à l’Atelier jusqu’au 25 novembre 2011 et qui pourraient composer son « histoire ». Des images entre deux mondes (Berlin et Maurice). Des toiles aux couleurs posées en couches fines pour en appeler à la mémoire et faire surgir d’autres images – celles que chacun de nous convoque puisque cette histoire-là est aussi celle de toutes les souffrances, de tous les manques, de tous les déchirements. La notion d’échange culturel trouve ici toute son intensité. L’exposition de David Blackburn, 30 ans, (installé à Berlin depuis plus de cinq ans) se déploie dans un joli swing qui prend en considération la matière et la métaphore. Coup de couteau d’un artiste émergent et musicien aussi. Réfléchi, il a su passer de ses études d’art et de céramique à Cape Town à un solo flesh qui pourrait être le titre d’un album. David Blackburn propose un exercice de style saisissant. Ce coloriste échevelé a préparé sa palette. Il essaie ici un accord sur la toile dont la simplicité et la sincérité offrent des surfaces lisses, des couleurs intenses, des couches fines. Le choix des couleurs amènent le morcellement de la forme et du contour. Ici, tout est dans l’espace-contour. A la fragmentation succèdent des pans très colorés. David s’attache à érotiser la face cruelle de la réalité. Il place la femme au centre de son oeuvre. Toujours et encore solitude et déchirement. Cet artiste peut être qualifié faute de mieux d’expressionniste. Il développe une peinture racontant l’éternelle histoire des relations humaines. Une séparation dont l’épilogue serait parfois la réconciliation. Le thème de la relation amoureuse ou humaine conduit le peintre à un ensemble de signes plastiques et chromatiques. Il essaie de réunir dans son tableau ce qui est extérieur (les lieux) et l’intérieur (les émotions). Le tableau devient une surface colorée pour créer une expression particulière. Les huiles sur toiles de David bouleversent par la couleur et la forme. Une palette de tons bleu, jaune, vert, des taches de coloration crue exécutées rapidement pour une subtile partition du lisse et du mate. Un geste léger au début, vif dans le dessin préparatoire puis nerveux sur la toile et travaillé au plus près de la réalité. Témoin de son époque et d’un Berlin qui offre une liberté de création, David entame un nouveau travail après 15 ans de peinture. Il mène une double réflexion : la quête de vérité et une manière de peindre en mettant toujours le corps au centre du propos. Une réalité crue, baroque dans la déformation des courbes et le détournement que propose la métaphore (Femme et coq, le sommeil, le rêve). Au coeur des scènes embrasées (Masque, dispute, réconciliation), il y a la déformation de l’image. On bascule vite dans un monde onirique. David peint comme dans une bulle temporelle (les saisons, les étapes d’une vie) pour passer à autre chose après. Ses traits rejoignent les émotions en prise avec la ville. Il offre au regard sa poétique, reproduit les états émotionnels de notre vécu contemporain.