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Univers carcéral : Des officiers déplorent les agissements d’un « Head of Prison Health »

  • Ce dernier se vanterait d’avoir des entrées au PMO

• Détérioration progressive des conditions de travail du personnel de santé pénitentiaire
•  «Infirmiers comme Prison Officers sont maltraités verbalement et physiquement par des détenus !» affirme un employé de la prison à Week-End

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Rien ou presque ne va plus dans nos institutions pénitentiaires. Plusieurs officiers de différents grades, souhaitant garder l’anonymat « par peur de représailles des officiers dénoncés» expliquent que « la situation va de mal en pis ! » D’emblée, ils déplorent « un sérieux manque de contrôle et gestion des détenus. Ce qui amène plusieurs d’entre eux, les fortes têtes, en l’occurrence, à s’en prendre verbalement et même physiquement à certains officiers. «Ena infirmier gayn zoure kuma lisien, prizonye kras lor zot, avoy manze tou lor zot… Ces membres du personnel soignant sont, pourtant, également des travailleurs comme nous, mais ni nous, ni eux ne pouvons nous plaindre.» D’ailleurs, lancent-ils : « Ek kisanela nou pu porte plinte ?» Nos interlocuteurs expliquent à Week-End que « tant au niveau de l’administration que du syndicat, personne ne peut rien pour nous… »

Le grand obstacle : « un Head of Prison Health, récemment nommé, qui se vante d’être dans les petits papiers et d’avoir ses entrées au PMO. Li fer lapli le botan dan prizon ! Seki li deside, samem : soit on se range de son côté, soit on est ses ennemis. Et là, c’est bonjour les dégâts : envoyé dans le département le plus délabré, il faut faire face aux corvées les plus dégoûtantes, un « workload » épuisant, des commentaires et des railleries à tout bout de champ, pour ne citer que cela. C’est infernal. » Ces officiers de la prison disent « en avoir marre que tout va en empirant » Ils se plaignent également de conditions de travail « exécrables, dans des bâtiments vétustes et délabrés. »

En effet, si le service pénitentiaire à Maurice est doté d’une équipe médicale dédiée et composée d’environ 45 infirmiers et 4 médecins détachés par le Ministère de la Santé et du Bien-être, fait face à une dégradation continue des conditions de travail de ses agents de santé pénitentiaire (infirmiers), c’est parce qu’ à sa tête  se trouve un  Chef du Service de Santé pénitentiaire, pourtant lui-même infirmier de profession.

Le Mauritius Prison Health Service s’occupe en moyenne de 2000 détenus répartis dans toutes les institutions pénitentiaires de l’île, ainsi que de tous les membres du personnel pénitentiaire. Cependant, depuis quelque temps, il y a une détérioration constante des conditions de travail des infirmiers, des professionnels qui ont choisi le monde carcéral comme cadre de travail quotidien. Beaucoup de ces professionnels travaillent dans des conditions extrêmement difficiles depuis des années avec peu ou pas d’améliorations des infrastructures er des conditions de vie au travail.

Selon les officiers, l’Hôpital de la Prison de Beau Bassin est dans un état indescriptible. Pour les agents de santé pénitentiaire affectés à cet hôpital, il faut beaucoup de courage et de résilience pour exercer leurs fonctions au quotidien. « L’hôpital est toujours dans un ancien bâtiment victorien en pierre, avec de nombreux problèmes de santé et de sécurité, aucune isolation adéquate, des moisissures sur les murs, des conditions sanitaires inadéquates, un éclairage insuffisant et des rongeurs. L’état des pavillons est déplorable, hors du temps. Dans un autre bâtiment utilisé par les agents de santé pénitentiaire, une partie du toit est absente, les planches du sol sont sur le point de céder, il y a des risques d’incendie et électriques, et l’environnement est poussiéreux et moisi, très mauvais pour la santé ».

Jamais récompensés du travail de la période du Covid
Le cadre pénitentiaire est considéré comme l’un des endroits les plus à risque en matière de maladies transmissibles. « Pendant la période de la COVID-19, l’équipe médicale, composée d’agents de santé pénitentiaire, de médecins et d’un coordinateur COVID nommé, a réussi à contenir la propagation du virus avec l’aide du Ministère de la Santé et du Bien-être. Cependant, ils n’ont jamais été récompensés comme les autres personnels de santé d’autres ministères », déplorent nos interlocuteurs. Ce manque de reconnaissance est mal vécu et créé une grande frustration  lancinante!

Depuis la nomination du nouveau Head of Prison Health Service il y a quelques mois, la vie professionnelle des infirmiers, hommes et femmes (prison pour femmes), est devenue encore insupportable selon eux. « Le chef du service utilise actuellement un système de deux poids deux mesures envers le personnel. Certains infirmiers endurent en silence. Ils sont  réticents à révéler comment ils ont été intimidés, harcelés, humiliés et accusés d’actes frauduleux dans certains cas» . Pour les  intimider et prévenir toute dénonciation, des informations savamment distillées font accroire que ce Head of Prison Health Service aurait des liens étroits avec le Bureau du Premier Ministre, le rendant intouchable.
« Plus intéressés à trouver comment l’information a fuité…»

Un des employés sous pression témoigne malgré les menaces potentiels:  » Je ne crois pas que les gens du PMO seraient ravis d’apprendre que quelqu’un s’amuse à transgresser des règles en leur nom. Il a été observé par beaucoup que le Chef du Service fume pendant ses heures de service sur le lieu de travail sans qu’aucune action ne soit entreprise, et personne n’ose le signaler. D’ailleurs avant d’être nommé head of Prison Health Officer, des plaintes avaient déjà été faites à son encontre pour harcèlement, mais rien n’a été fait. Au contraire, tout a été entrepris pour  taire cette affaire et comme une provocation, il a été été nommé responsable. »

«Pire des officiers se font agressés par des prisonniers assez souvent sans que ces derniers ne soient inquiétés, à moins que l’information fuient dans la presse et là aussi ils sont plus intéressés à trouver comment l’information a fuité comme ce sera le cas après votre article», poursuit cet interlocuteur impétieux mais inquiet de la suite.

Les officiers se demandent « qui agira pour ce groupe de professionnels de la santé recrutés pour servir dans le monde carcéral où ils sont peu à  oser y mettre les pieds»… Nos interlocuteurs expliquent  que chacun sait qu’il risque sa vie, mais ne recule jamais devant son devoir de soigner les malades coûte que coûte   «Le service pénitentiaire fait partie de la force disciplinaire et les infirmiers recrutés ne reçoivent aucune formation spécialisée comme les gardes-chiourmes pour travailler avec les détenus. Il y a une offre d’emploi et ils postulescomme dans n’importe quelle entreprise. Ce monsieur les insulte, les harcèle et les humilie. Ils ne peuven têtre traités comme des prisonniers ou comme les nouveaux officiers qui n’acquiescent pas aux ‘inside unofficial rules’. Ils sont des professionnels de la santé! », disent-ils avec une colère contenu mais palpable.

Les agents de santé pénitentiaire sont souvent menacés, insultés, aspergés de nourriture et doivent endurer des abus verbaux et physiques de la part des prisonniers sou l’oeil impassible de collègues gardiens de prisons. Selon ces officiers « lorsque de tels cas sont signalés au chef du service de santé, rien n’est fait. Ils sont souvent seuls avec les prisonniers et ce n’est pas normal. Il y a un sentiment de frustration et d’inquiétude grandissante parmi eux. Les conditions de travail se sont détériorées de manière drastique ces derniers temps. et plusieurs agents de différents grades envisagent de partir, rendant la tâche encore plus difficile pour ceux n’ayant d’autres choix que de continuer à travailler et subir. Le bien-être et la sécurité des agents de santé pénitentiaire doivent être préservés».

Pourquoi ce désir et courage de voice out publiquement leur mal-être, surtout qu’ à la clé, il y des possibles représailles? Parceque ces officiers des services de santé des prisons souhaitent vivement que les autorités concernées, dont le premier ministre Pravind Jugnauth, lui-même, soient mis au courant et agissent en leur faveur,  Ils proposent le dialogue avec les autorités pour dire leur grief et trouver des avenues pour améliorer leurs conditions et leur environnement difficile de travail que sont les prisons…

Dont ils sont désormais, disent–ils eux mêmes  » des prisonnniers »!

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